Article du 11 janvier 2024 rédigé par Patricia Lalonde, Vice-présidente de Geopragma.

Dans la bascule du monde actuel, le Caucase du Sud devient un enjeu influent et l’Azerbaïdjan en premier lieu…

Ce pays au bord de la mer Caspienne s’entend avec tout le monde, sauf avec les députés européens et quelques politiques sans doute influencés par une forte et bruyante diaspora arménienne… Cependant, alors que la guerre en Ukraine et les coupures des pipelines de gaz reliant la Russie à l’Europe, ont obligé la Commissaire européenne, Ursula Van der Leyen et le président du Conseil, Charles Michel, à faire le voyage à Bakou pour négocier gaz et pétrole, le réalisme a repris le dessus.
Ne revenons pas sur un conflit qui dure depuis 30 ans. L’Azerbaïdjan a le droit international avec lui… Une résolution des Nations-Unies, après la chute de l’Union soviétique, stipule que le territoire du Haut Karabach appartient à l’Azerbaïdjan. Les Arméniens, pour des raisons compréhensibles, ayant été victimes d’un génocide que la Turquie ne reconnait pas, se sont installés dans ce territoire, créant une vague de déplacés importante sur le territoire azerbaïdjanais.

S’en est suivie une guerre terrible que les Azerbaïdjanais ont fini par gagner en 2023.

Depuis, après de multiples négociations, et l’aide de la Russie, une trêve a fini par s’installer, même si celle-ci a été fragilisée par les quelques escarmouches provoquées par les séparatistes arméniens qui refusent d’accepter la défaite.

L’Azerbaïdjan, pays musulman, très majoritairement chiite, a le privilège de s’entendre avec tous ses voisins… Proche de la Turquie sunnite dont il partage la langue, de l’Iran chiite, comme elle, dont une importante communauté azérie vit dans le nord du pays, de la Géorgie, du Daguestan dont la frontière est largement surveillée. Il est bien de rappeler que l’Azerbaïdjan a participé aux opérations de l’OTAN en Afghanistan.
Pays de surcroit totalement laïc, dont les femmes sont à l’honneur et occupent les plus hautes fonctions et qui aurait bien des leçons à donner à certains pays même européens…

Les négociations sur le corridor de Zanguezour qui devait passer par l’Arménie pour rejoindre le Nakhichevan azerbaïdjanais ont été le point culminant des négociations qui n’ont pu aboutir côté arménien, ce dernier réclamant l’extra territorialité de ce couloir.

Les iraniens, quant à eux, y voyant un possible encouragement à la sécession de la minorité azérie du pays, s’y sont également opposés. L’Azerbaïdjan a donc négocié avec l’Iran la possibilité d’une route à travers son territoire qui lui permette l’accès à la Turquie. 

De plus, Erevan et Bakou viennent de signer le 17 décembre un traité de paix autour d’un échange de prisonniers et l’Arménie vient d’apporter son soutien à la candidature de Bakou pour héberger la COP 29!

C’est un signe important de détente entre les deux pays ennemis.

L’Arménie a compris qu’elle n’avait pas nécessairement besoin d’une alliance avec Washington et qu’il lui était indispensable de vivre en bonne entente avec son voisinage, tant du point de vue économique, culturel, qu’en matière de défense.
Il n’est pas évident pour Bakou d’entretenir à la fois de bonnes relations avec Israël et l’Iran qui abrite une importante et turbulente communauté azérie… Mais il réussit néanmoins à gérer la situation intelligemment.

Il est vraisemblable que Bakou devienne le pivot d’une nouvelle dynamique dans le Caucase du Sud, entretenant de bonnes relations avec à la fois avec les pays de l’UE, exceptée la France pour le moment, et avec Russie et la Chine.
Le Corridor Transcaspien qui a remplacé la route du Nord depuis la guerre en Ukraine offre une opportunité supplémentaire. En effet, l ’intérêt de l’Union Européenne pour les pays du Caucase et le corridor Transcaspien est décuplé par la recherche de nouvelles sources de gaz et de pétrole en provenance d’Azerbaïdjan et d’Asie Centrale.

Cette situation exceptionnelle et la position de Bakou, pont entre l’Est et l’Ouest, c’est ce que vont découvrir les nombreuses délégations qui vont participer à la COP 29 en Novembre prochain et peut-être faire taire les nombreuses voix en France qui ont tendance à ne juger l’Azerbaïdjan qu’à travers les critiques de la diaspora arménienne.

Partager cet article :

3 comments

  1. Lucas ROMY

    Répondre

    Chère Madame,

    Chère Madame, Je peux vous suggèrer quelques lectures historique sur l’histoire de l’Arménie et des Arméniens pour que vous puissiez comprendre qu’il s’agit d’une terre historique arménienne (Artsakh), aujourd’hui sacrifiée sur l’autel de la géopolitique des Empires. Votre parti pris sans nuance pour la dictature azéri – et surtout votre complaisance – en répétant assidument les arguments de propagande du régime est bien intriguant. Votre analyse de la géopolitique du Caucase est tout sauf réaliste, qui est, il me semble, le leitmotiv du think thank Géopragma? Très belle journée, Lucas ROMY

  2. Le cas jarre

    Répondre

    L’Azerbaïdjan n’a certainement pas de bonnes relations avec l’Arménie ni avec l’Iran…
    L’Iran craint que ses minorités azéri souhaitent se réunifier comme sous Nader Shah.

Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Geopragma