Veille effectuée par Christophe de Saizieu*

Evènements de la semaine

  • Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, se prononce en faveur d’une prolongation d’un an de l’autorisation transfrontalière pour acheminer de l’aide humanitaire en Syrie
  • Lors de sa conférence de presse, Walid Mouallem, chef de la diplomatie syrienne, a assuré que la loi César adoptée par les États-Unis ne ferait pas plier son pays. « Nous sommes prêts à coopérer avec le Liban dans la bataille contre la loi César », a-t-il souligné.
  • L’armée syrienne a annoncé avoir répliqué suite à des attaques de la part d’Israël sur des positions dans le sud et le centre de la Syrie.
  • Combats intenses entre Hayat Tahrir al-Sham et la coalition récemment formée de groupes liés à al-Qaïda, ont éclaté dans la campagne de la ville syrienne d’Idlib. Les zones proche des prisons centrales d’Idlib seraient devenus les principaux points chauds des combats.

ANALYSE DE LA SEMAINE

James Jeffrey, représentant spécial des Etats-Unis pour la Syrie a déclaré cette semaine que le départ de Bachar el-Assad du pouvoir en Syrie n’était pas la résolution de la crise syrienne. « Nous ne demandons pas la victoire totale. Nous ne disons pas qu’Assad doit partir ». James Jeffrey présente ce qui pourrait être la nouvelle position des Etats-Unis par rapport à la Syrie. Selon le diplomate américain, les Etats-Unis vont désormais maintenir une pression sur les autorités syriennes pour que ceux-ci modifient leurs comportements envers le peuple. Assez contradictoire sachant que les Etats-Unis multiplient les sanctions envers la Syrie et que le peuple subit de plein fouet ces sanctions. Il déclare également que Bachar al-Assad n’est pas prié de quitter son poste. Ces déclarations tombent donc au moment où la loi César est entrée en vigueur en Syrie, plaçant 39 personnes du régime syrien sous sanctions dans l’espoir de priver la Syrie de ressources et d’affamer la population afin qu’elle se soulève contre le gouvernement. C’est également la première fois que l’épouse du président syrien, Asma el-Assad, est visée personnellement par des sanctions.

James Jeffrey a par ailleurs expliqué à des journalistes à cette occasion que la stratégie de Washington ne visait pas une chute du régime, mais à faire comprendre aux dirigeants syriens ainsi qu’à leurs soutiens comme la Russie et à l’Iran qu’il est temps de commencer à coopérer avec « la Communauté internationale ». De son côté néanmoins, la diplomatie syrienne condamne fortement cette loi César, qu’elle estime reposer sur des mensonges et des allégations mais surtout qui s’ajoute aux souffrances déjà endurées par la population avec la crise économique qui touche le pays depuis plusieurs semaines.

Le premier et le plus grand impact de la loi César est ressenti, non par les initiés du régime, mais par les Syriens ordinaires, qui ont vu les prix grimper alors que la menace de sanctions faisait rage sur le marché des devises du pays. Ce sont bien les Syriens eux-mêmes qui sont humiliés et ciblés par cette loi. C’est donc un mensonge manifeste de déclarer que cette loi vise la protection des Syriens alors que ce sont ses premières victimes.

« S’ils [les Etats-Unis] rêvent que la Syrie et son peuple se soumettront à leurs conditions, alors je dirais « qu’ils continuent de rêver car cela n’arrivera jamais », a affirmé le ministre des Affaires étrangères syrien Walid Mouallem lors d’une conférence de presse à Damas le 23 juin. La Russie condamne également ces sanctions qui sont des « efforts stériles, de même que les tentatives d’imposer une volonté extérieure au peuple syrien par la force des armes a déjà échoué » selon Alexandre Efimov, nouvel Ambassadeur russe à Damas qui a rajouté que « la Russie n’abandonnera(it) pas la Syrie ».


*Christophe de Saizieu, stagiaire chez Geopragma


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