Billet d’Humeur du dimanche 26 octobre 2025 d’Emmanuel Gout, membre du Conseil d’orientation stratégique de Geopragma.
Le chef d’état-major des armées françaises, Fabien Mandon, lance un cri d’alarme craignant un « choc dans trois, quatre ans face à la Russie » car la Russie « peut être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent ». Il se fait ainsi écho du Président français, Emmanuel Macron, chef des armées et grand adepte des politiques alarmistes en tous genres ayant déjà été le président de toutes les guerres (aux gilets jaunes, aux incendies de forêts, au Covid, aux cambrioleurs du Louvre…).
Pas seulement malheureusement, il y a tout un monde qui pense la guerre et la construit au quotidien sur la base d’a priori, de rapports durement, voir dûment concoctés par tel ou tel institut de recherches dont la seule analyse des moyens de financement devrait pour le moins nous faire réfléchir quant à leur authenticité et leur honnêteté intellectuelle.
Bien entendu, les industries de l’armement ne restent pas indifférentes, tout comme l’état de nos économies mis à mal par cette même guerre en Ukraine, qui saigne à blanc nos entreprises par les coûts de l’énergie, notre agriculture, nos foyers, pousse nos dirigeants à des mesures budgétaires contraignantes ou plutôt des justifications palliatives, tout comme le fut en son temps, la décision de créer l’impôt sur le revenu pour financer la guerre.
Nous engouffrons des milliards – ceux qui nous manquent – pour faire en sorte qu’une guerre faite par d’autres se poursuive au nom de « valeurs » qui ont bon jeu de couvrir nos défaillances de toute nature.
Nos vaillants leaders européens aussi répondent à l’appel du clairon. Moi qui nourrissais un gigantesque espoir dans la prise en mains de nos destins politiques par des femmes, je m’en mords les doigts : Von der Leyen, Kallas, Ruginiene, Silina, Frederiksen, Odobescu, Sandu, Meloni (la seule qui a peut-être, plus qu’aucune autre, l’excuse de dépendre et donc de devoir répondre de « l’ami américain ») …
Décidément, Nabioullina et Lagarde font office d’exception !
Non pas que l’homme à ces responsabilités eût pu faire mieux, mais on s’était pris à rêver que celles qui étaient l’avenir de l’homme puissent devenir l’avenir de l’humanité. Dommage.
Aux argumentaires développés à la faveur de la mise en place d’économies de guerre, d’un état d’esprit guerrier orchestré par les médias main stream, viennent s’ajouter les raccourcis historiques d’historiens de pacotille ou guidés dans le meilleur des cas par leurs projections mentales et a priori : c’est ainsi que les accords de Munich, l’invasion de la Pologne et Poutine qui devient Hitler sont rabâchés à ceux qui savent encore ce que cela représente. C’est insulter l’histoire, notre intelligence, c’est aussi, en passant, à titre tragiquement anecdotique, oublier que grand nombre des SS aux miradors des camps de concentration étaient ukrainiens…
Des lors, il convient plus que jamais d’opposer à ces pourfendeurs de guerre des solutions vérifiées, qui puissent nous conduire à éviter le pire, sans compromission mais avec la volonté de préférer la vie à la mort.
Récemment je visitais mon ancien collège – Institution de Marcq en Baroeul – (c’est ainsi que nous appréciions les écoles de la dixième à la terminale) à l’occasion des 50 ans de notre promotion. En classe de quatrième, nous échangions dans le cadre de séjours entre collégiens allemands de Gladbeck et de notre collège. Certains de nos dirigeants d’alors aimaient nous amener visiter les cimetières militaires, principalement ceux de la première guerre mondiale, qui affolent le nord de la France, pour ne pas oublier. Les résultats allèrent bien au-delà car de la mémoire naissait une complicité entre nous, collégiens français et allemands, non privée d’ironie, faisant naître des liens qui pourraient éviter que de tels conflits ne se reproduisent et que la réconciliation voulue par le général de Gaulle puisse dépasser toutes les souffrances engendrées par les guerres.
Bien plus tard, rare bienfait de l’Union Européenne, il y eut la mise en place des programmes Erasmus qui commencèrent à favoriser les échanges entre les jeunesses de tous les pays européens : ce sont ces échanges, respectueux et curieux des différences, qui constituent le meilleur antidote contre les va-t-en guerre !
Rappelons-nous de « l’effet coupe du monde de football » en Russie en 2018, au-delà de notre fantastique cocorico. Toutes les études conduites alors, je dis bien toutes, mirent en évidence l’enthousiasme du visiteur étranger, de toute provenance, en Russie. Ce qui revenait le plus souvent c’était « on ne s’attendait pas à cela, rien à voir avec ce que l’on nous raconte, superbe ! »
Alors, Monsieur le Président, mon Général, Monsieur le chef d’état-major, mes enfants ne partiront pas à la guerre, rouvrez les frontières, les visas, les vols directs, les échanges entre les jeunesses européennes et russe, car si vous leur voulez du bien et que vous ne voulez pas exclusivement booster vos budgets militaires et nos économies en péril au nom d’une menace construite, vous ferez en sorte que ces jeunesses se rencontrent, échangent, partagent et vous aurez ainsi, par la culture, par le sport, par la découverte, servi la paix et évité de remplir de nouveaux cimetières que je ne voudrais pas que mes petits enfants doivent un jour visiter.
Militons en ce sens !
Parfois les solutions simples sont les meilleurs remèdes aux maux les plus grands.





