Billet du lundi 18 septembre 2023 rédigé par Gérard Chesnel, membre fondateur et membre du Conseil d’administration et Trésorier de Geopragma.

La diplomatie américaine a subi ces deniers temps un certain nombre de contrariétés.

Tout a commencé avec la décision prise par Washington en juillet dernier d’autoriser la livraison à l’Ukraine d’Armes à Sous-Munitions, soulevant la réprobation de tous les signataires de la Convention d’Oslo (112 Etats, quand même). Certes la Russie a été la première à utiliser ces armes en Ukraine, certes ni la Russie ni l’Ukraine ni les Etats-Unis ne sont signataires de cette convention, mais il n’en reste pas moins que l’usage des ASM est considéré comme contraire au Droit International Humanitaire et donc parfaitement condamnable. C’est ce qui a été rappelé la semaine dernière à Genève lors de la 11ème réunion des Etats parties à la Convention d’Oslo. Si la plupart des intervenants se sont contentés de reprendre les principes fondamentaux de la convention sans nommer les pays en cause, renvoyant ainsi dos à dos Washington et Moscou, certains ont dénoncé nommément les Etats-Unis : Cuba, sans surprise, mais aussi la Nouvelle-Zélande et, de manière très surprenante, les Philippines, qui viennent pourtant d’autoriser de nouveau l’installation de bases américaines sur leur sol. Quant aux ONG présentes à Genève, elles ne décolèrent pas, même si, pour ne pas compromettre leurs sources de financement, elles s’obligent à une certaine retenue.

La réunion du G20 à Delhi, les 9 et 10 septembre, a marqué un nouveau recul de l’influence politique américaine dans le monde.  Le communiqué final, en effet, ne condamne pas l’agression russe en Ukraine et ne limite pas l’utilisation des énergies fossiles. Il faut y voir le résultat des pressions russes mais aussi chinoises. Ces deux pays ont d’ailleurs, d’une certaine manière, snobé le G20 : ni Poutine (de toute façon empêché par un mandat d’arrêt international), ni Xi Jinping ne se sont déplacés. Il faut y voir bien plus que des rivalités régionales (problèmes frontaliers sino-indiens, par exemple). Pour la majorité des participants, l’Occident n’est plus qu’une région dans une planète multipolaire. Le Ministre des Affaires Etrangères indien a d’ailleurs été très explicite à ce sujet : « Il faut que les Occidentaux, a-t-il dit, cessent de croire que leurs problèmes sont ceux du monde ».

On serait tenté d’opposer le G20 aux BRICS mais plusieurs membres des BRICS se trouvent au G20. Il faut plutôt voir un processus de transition du pouvoir, de l’ouest vers l’est et du nord vers le sud. Les BRICS sont aujourd’hui très courtisés ; de nombreux pays de ce qu’on appelait le Tiers Monde  frappent à la porte. D’ores et déjà, l’Argentine, l’Arabie Saoudite, l’Egypte, l’Ethiopie et les Emirats Arabes Unis ont été admis tandis que l’Iran, Cuba, le Bangladesh et le Nigéria attendent leur tour.

Sans que cet élargissement des BRICS soit présenté comme un phénomène spécialement anti-américain, il est clair qu’il ne va pas dans le sens souhaité par Washington à qui beaucoup reprochent d’entraîner l’Occident dans leur inéluctable descente.

Comme une cerise sur le gâteau, deux des pays les plus honnis par Washington, la Russie et la Corée du Nord viennent de resserrer leurs liens. Pyong Yang est toujours restée proche de Moscou, même à l’époque où la Russie cherchait à se donner une certaine honorabilité. Les échanges entre dirigeants des deux pays ne sont pas nouveaux. Mais la récente rencontre à Vladivostok entre Poutine et Kim Jong-un apparaît, dans le contexte actuel, comme un bras d’honneur à leurs contempteurs.

La politique hégémonique de Washington trouve des critiques acerbes aux Etats-Unis mêmes. Dans un récent film-documentaire de Tina Satter, « Reality », l’héroïne, Reality Winner, une lanceuse d’alerte lourdement condamnée à plusieurs années de prison, va jusqu’à dire : « Les Etats-Unis, c’est la pire chose qui existe au monde ».

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8 comments

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    AH, ici comme ailleurs, mieux vaut ne pas rappeler des faits vérifiés, et s’en tenir à l’évangile du jour ….. je note: $ is good !

  2. Répondre

    ….. »Certes la Russie a été la première à utiliser ces armes en Ukraine »…… ??
    où et quand ?? sauf erreur
    c’est suite à l’autorisation de livrer ces armes à l’Ukraine par les US le 7 juillet 2023:

    (9 juillet 2023)…….. »La livraison de bombes à sous-munitions à l’Ukraine, annoncée vendredi par Washington pour combattre la Russie, a rouvert un vieux débat quant aux risques encourus par les populations civiles.
    Rapidement, de grandes capitales européennes sont montées au créneau pour se désolidariser de Washington….. »
    source : https://fr.euronews.com/2023/07/09/livraisons-de-bombes-a-sous-munitions-a-lukraine-entre-desapprobation-et-silence-en-europe

    que la Russie a répliqué : (la tribune du 16 juillet 2023)
    ……. »Il y a huit jours, les États-Unis avaient annoncé la fourniture à l’Ukraine de bombes à sous-munitions pour l’aider dans sa contre-offensive face aux forces d’occupation russes. Interdites par plus de 120 pays, ces armes peuvent tuer sur une vaste zone et celles qui n’explosent pas constituent un danger pendant des décennies pour les populations……..KREMLIN.RU)
    L’escalade verbale n’en finit pas de déboucher sur un regain d’attaques sur le terrain. Après l’annonce des Etats-Unis il y a huit jours, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que son armée disposait, elle aussi, d’une « bonne réserve » d’armes à sous-munitions, en menaçant de l’employer sur le front en Ukraine si Kiev utilisait ce type d’armement livré par les Etats-Unis…….
    source : https://www.latribune.fr/economie/international/apres-les-etats-unis-vladimir-poutine-se-dit-pret-a-faire-usage-d-armes-a-sous-munitions-en-ukraine-969830.html

  3. Répondre

    ….. »Certes la Russie a été la première à utiliser ces armes en Ukraine »…… ??
    où et quand ?? sauf erreur
    c’est suite à l’autorisation de livrer ces armes à l’Ukraine par les US le 7 juillet 2023:

    (9 juillet 2023)…….. »La livraison de bombes à sous-munitions à l’Ukraine, annoncée vendredi par Washington pour combattre la Russie, a rouvert un vieux débat quant aux risques encourus par les populations civiles.
    Rapidement, de grandes capitales européennes sont montées au créneau pour se désolidariser de Washington….. »
    source : https://fr.euronews.com/2023/07/09/livraisons-de-bombes-a-sous-munitions-a-lukraine-entre-desapprobation-et-silence-en-europe

    que la Russie a répliqué : (la tribune du 16 juillet 2023)
    ……. »Il y a huit jours, les États-Unis avaient annoncé la fourniture à l’Ukraine de bombes à sous-munitions pour l’aider dans sa contre-offensive face aux forces d’occupation russes. Interdites par plus de 120 pays, ces armes peuvent tuer sur une vaste zone et celles qui n’explosent pas constituent un danger pendant des décennies pour les populations……..KREMLIN.RU)
    L’escalade verbale n’en finit pas de déboucher sur un regain d’attaques sur le terrain. Après l’annonce des Etats-Unis il y a huit jours, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que son armée disposait, elle aussi, d’une « bonne réserve » d’armes à sous-munitions, en menaçant de l’employer sur le front en Ukraine si Kiev utilisait ce type d’armement livré par les Etats-Unis…….
    source : https://www.latribune.fr/economie/international/apres-les-etats-unis-vladimir-poutine-se-dit-pret-a-faire-usage-d-armes-a-sous-munitions-en-ukraine-969830.html
    En ces temps de: maréchal nous voilà, remettons l’église au milieu du village.

    • Répondre

      Nuance , les neocons américains ( et leurs inféodés occidentaux) sont la pire chose qui existe au monde, sans eux le monde seraient sans doute plus « paisible »….
      Ceci étant dit , le « rêve américain » est un mythe qui se révèle bien souvent cauchemardesque au réveil….

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