Veille effectuée par Lucas Dureuil*

 

Du 29/01/2021 au 05/02/2021

 

 

29/01 : 

  • Le Conseil de sécurité de l’ONU appelle à l’évacuation des forces étrangères et des mercenaires présents en Libye, en respect de l’accord du cessez-le-feu.
  • Cet appel a été réitéré par le représentant libyen aux Nations unies ainsi que par le représentant américain. 
  • En visite à Moscou, Ahmed Maiteeq, membre du Conseil présidentiel libyen, affirme avoir trouvé un terrain d’entente avec le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, concernant des accords en suspens depuis 2008. 

 

30/01 :

  • L’Armée nationale libyenne (ANL) met en garde contre de potentielles attaques perpétrées en son nom par des groupes djihadistes. Ces attaques, qui viseraient la région de Tripoli, auraient pour objectif de mettre en accusation l’ANL afin d’obtenir le soutien de la communauté internationale. 
  • Des membres de la Garde des installations pétrolières, de la branche Sud-ouest, ont de nouveau manifesté leur mécontentement à la suite de problèmes de paiement de leurs salaires. Pour rappel, la semaine dernière, la Garde des installations pétrolières avait suspendu les exportations de pétrole depuis le port d’Harissa, situé à Tobrouk, en signe de protestation contre le retard du paiement des salaires. 
  • Le nouveau représentant spécial de l’ONU pour la Libye et chef de la MANUL (Mission d’appui des Nations unies en Libye), Ján Kubiš, attend le soutien des acteurs en Libye, nécessaire aux avancées dans la résolution du conflit. 
  • Les Émirats arabes unis se déclarent prêts à travailler avec le Conseil de sécurité et les acteurs du conflit libyen pour trouver une issue pacifique au conflit. 

 

31/01 : 

  • Arrivée à Genève des membres du Forum du dialogue politique libyen. Une nouvelle session de discussions doit s’ouvrir le lundi 1er février.
  • Le Ministre des Affaires étrangères libyen, Mohammed Sayala, a rencontré le sous-secrétaire général et coordinateur de la MANUL (Mission d’appui des Nations unies en Libye), Raisedon Zenenga, afin de discuter des dernières avancées du Forum du dialogue politique libyen. 
  • Entretien entre le chef de la Garde des installations pétrolières et le directeur du département du Trésor au ministère des finances du Gouvernement d’union nationale (GNA). 
  • Le porte-parole de l’Armée nationale libyenne affirme que la situation à Syrte est stable et que les mercenaires n’y sont plus présents. 
  • Des forces affiliées au Gouvernement d’union nationale (GNA) sont rentrées de Turquie. Elles y avaient suivi une formation sur les systèmes de défense aérienne. 
  • Suite au blocage des exportations de pétrole depuis le port d’Harissa la semaine dernière, le président de la Compagnie pétrolière nationale libyenne (National Oil Corporation), Mustafa Sanallah, appelle Fayez Al-Sarraj à ordonner au ministre de la Défense de payer les salaires en retard des membres de la Garde des installations pétrolières. 
  • Des brigades militaires de l’Ouest de la Libye rejettent les dialogues onusiens et appellent Al-Sarraj à former un nouveau gouvernement d’union nationale d’ici les élections prévues le 24 décembre 2021.
  • Le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, après sa rencontre avec Ahmed Maiteeq, membre du Conseil présidentiel libyen, a affirmé que la Libye s’intéressait à l’achat d’avions et d’hélicoptères russes. Ont également été étudiées les potentielles participations d’entreprises russes dans la reconstruction d’infrastructures dans les domaines des transports, de l’énergie et de l’agriculture.  

 

01/02 :

  • Ouverture d’une nouvelle semaine de discussions du Forum du dialogue politique libyen à Genève, afin de désigner un organe exécutif transitoire, composé d’un Premier ministre et d’un Conseil présidentiel unifié de trois personnes. 
  • L’ONU exhorte les participants au dialogue à « honorer à tout prix » leur promesse de tenir des élections à la fin de l’année. 
  • La Tripolitaine est divisée par la rivalité entre Fayez Al-Sarraj et Fathi Bachagha, actuel ministre de l’Intérieur. Les milices fidèles à Al-Sarraj convergent vers Tripoli afin d’afficher leur soutien au Premier ministre contre Fathi Bachagha, candidat en vue pour le poste de Premier ministre. En réponse, des milices issues de Misrata et fidèles à Fathi Bachagha, sont entrées à Tripoli.
  • Le porte-parole de la présidence turque met en avant les espoirs d’Ankara quant à une résolution pacifique du conflit libyen et à la prise de fonction d’un nouveau gouvernement transitoire. Il insiste sur le potentiel économique de la Libye, qui pourrait devenir un acteur régional de premier plan en Afrique du nord. 
  • À la suite de sa rencontre avec l’ambassadeur du Royaume-Uni en Libye, le ministre de la Défense du GNA a exprimé son souhait de voir la coopération militaire entre le Royaume-Uni et la Libye s’intensifier. 
  • L’ambassade française en Libye adresse son soutien au Forum du dialogue politique libyen. 

 

02/02 : 

  • La MANUL (Mission d’appui des Nations unies en Libye) annonce qu’aucun candidat au Conseil présidentiel unifié d’intérim et au poste de Premier ministre intérimaire, n’a recueilli le pourcentage de votes nécessaire pour être élu. Une nouvelle session de vote est prévue ce jeudi. Elle se déroulera sous forme de listes. 
  • Affrontements entre forces affiliées au maréchal Haftar, à Syrte. 
  • L’UNICEF alerte sur les problèmes liés à l’eau (qualité de l’eau, accès à l’eau, baisse des ressources) en Libye.
  • Réunion entre des membres du Conseil présidentiel libyen et l’ambassadeur italien en Libye concernant la coopération entre Rome et Tripoli dans le domaine agricole. 
  • Le ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas, appelle les États-Unis à jouer un plus grand rôle dans les discussions politiques libyennes. 
  • Le président du Congo, Denis Sassou Nguesso, à la tête du Groupe de contact de l’Union africaine sur la Libye, annonce que le Maroc est un nouveau membre du groupe. Ce dernier avait été créé en février 2020. Il inclut les dirigeants de l’Égypte, du Tchad, du Congo, de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, le président de la Commission de l’Union africaine (CUA) et désormais les dirigeants marocains. 

 

03/02 :

  • Le chef d’état-major libyen, Mohamed Al-Haddad, a discuté avec l’attaché militaire britannique de la coopération militaire entre Londres et Tripoli, notamment dans les opérations de déminage. 
  • Stephanie Williams, représentante spéciale de l’ONU pour la Libye par intérim, a fait savoir que les candidats à l’autorité exécutive provisoire ont signé des déclarations sous serment. Ainsi, ils s’engagent à tenir la feuille de route précédemment adoptée par le Forum du dialogue politique libyen, avec en point de mire la tenue d’élections nationales le 24 décembre 2021. 
  • Selon une agence de presse allemande, l’Union européenne envisagerait de prolonger la mission de l’opération IRINI, qui vise actuellement à surveiller l’embargo sur les armes à destination de la Libye. Le commandant de l’opération aurait déclaré que cette mission pourrait être élargie à un suivi du cessez-le-feu. 

 

04/02 : 

  • Réunion à Syrte du comité militaire 5+5, en présence de représentants de la MANUL (Mission d’appui des Nations unies en Libye). Les discussions portent sur la présence des mercenaires, la réouverture de la route côtière (Syrte-Misrata), le déminage des zones minées et des échanges de prisonniers.
  • Le Conseil de Sécurité de l’ONU demande à Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, de déployer des observateurs du cessez-le-feu en Libye. 
  • La marine turque supervise des exercices de la marine libyenne. 
  • Le mufti libyen critique le Forum du dialogue politique libyen. Selon lui, les membres du Forum ne représentent pas le peuple libyen ce qui place la Libye sous tutelle internationale.
  • Discussions à Moscou entre les ministres des Affaires étrangères russe et jordanien, Sergueï Lavrov et Ayman Safadi, sur la situation politique et sécuritaire de la Libye. 
  • L’ambassadeur italien en Libye a proposé au ministre des Affaires étrangères du Gouvernement d’union nationale (GNA) un projet de délimitation maritime entre les deux pays. L’ambassadeur italien a également rencontré le gouverneur de la Banque centrale libyenne. Leurs discussions ont porté sur les conditions de coopération commerciale entre Rome et Tripoli. 

 

05/02 :

  • Élections de Mohammad Younes Menfi, Mossa Al-Koni et Abdullah Hussein Al-Lafi au Conseil présidentiel et d’Abdul Hamid Mohammed Dbeibah au poste de Premier ministre. Leur liste l’a emporté avec 39 voix. Sur les 75 votes, il y a eu une abstention et un bulletin nul. Il s’agit de mandats intérimaires, en vue de l’élection nationale prévue le 24 décembre 2021. 
  • L’ONU appelle tous les membres du dialogue et les parties prenantes en Libye à respecter les résultats du vote et exhorte le nouvel exécutif intérimaire à lancer un processus global de réconciliation nationale. 

 

 

Décryptage :

 

Élections d’un nouveau Conseil présidentiel unifié et d’un nouveau Premier ministre

En vertu des accords de Skhirat, signés en décembre 2015 sous patronage onusien, Fayez Al-Sarraj avait été désigné président du Conseil présidentiel et Premier ministre et pris ses fonctions en mars 2016. 

Le 16 septembre 2020, après plus de quatre ans à la tête du Gouvernement d’union nationale (GNA), Al-Sarraj annonce sa démission, prévue au plus tard le 31 octobre 2020. Il revient finalement sur son choix de démissionner, qu’il conditionne à la formation d’un nouveau Conseil présidentiel unifié et la désignation d’un nouveau Premier ministre. 

Après plusieurs sessions de discussion du Forum du dialogue politique libyen, ou dialogue inter-libyen, notamment à Genève (Suisse), à Tunis (Tunisie) ou à Bouznika (Maroc), cette semaine a vu le Forum se réunir à Genève, toujours sous l’égide de l’ONU et présidé par Stephanie Williams, envoyée intérimaire des Nations unies en Libye. L’objet de ce nouveau cycle de discussions était l’élection d’un Conseil présidentiel unifié et d’un Premier ministre, à titre provisoire. 

Il y avait 24 candidats pour les trois sièges du Conseil présidentiel et 21 pour le poste de Premier ministre. Tous les candidats ont d’abord été auditionnés par les 75 délégués libyens participant au vote. Ces 75 délégués représentent les trois principales régions de la Libye, la Tripolitaine à l’Ouest, la Cyrénaïque à l’Est et le Fezzan au Sud.

L’élection s’est ensuite déroulée en deux temps. Le premier vote s’est tenu le mardi 2 février, mais aucun des candidats n’a obtenu le seuil de 70% des voix, nécessaire pour être élu. Un second vote a donc eu lieu le vendredi 5 février. Pour cette deuxième échéance, le scrutin était organisé en listes.

Mohammad Younes Menfi a finalement été élu à la tête du Conseil présidentiel, accompagné de Mossa Al-Koni et d’Abdullah Hussein Al-Lafi à la vice-présidence. Mohammad Younes Menfi est issu de la région de Tobrouk, il représente la Cyrénaïque. C’est un diplomate, ancien ambassadeur de la Libye en Grèce. Mossa Al-Koni, originaire d’une tribu touarègue, est le candidat du Sud. Il a été ministre dans le Gouvernement d’union nationale (GNA) de mars 2016 à janvier 2017. Abdullah Hussein Al-Lafi est le représentant de l’Ouest. Il était membre de la Chambre des représentants. 

De son côté, Abdul Hamid Mohammed Dbeibah a été élu au poste de Premier ministre, alors que l’actuel ministre de l’Intérieur du Gouvernement d’union nationale (GNA), Fathi Bashagha pouvait faire figure de favori. Abdul Hamid Mohammed Dbeibah est originaire de Misrata, il est considéré comme un homme de l’Ouest libyen. Il a notamment présidé la Compagnie libyenne d’investissement et de développement (LIDCO) sous le régime de Mouammar Kadhafi.

Le Premier ministre doit désormais former gouvernement, dans un délai de 21 jours. Il devra par la suite obtenir le vote de confiance du Parlement, vote que n’a jamais obtenu le désormais ex-Premier ministre Fayez Al-Sarraj. 

 

Opération IRINI

L’opération EUNAVFOR MED IRINI, communément appelée opération IRINI, a vu le jour en mars 2020 et succède à l’opération Sophia (2015-2020). Elle a pour objectif de faire respecter l’embargo sur les armes imposé par les Nations unies à la Libye, institué par la résolution 1970 (2011) du Conseil de sécurité. Elle est dotée de moyens aériens, satellites et maritimes. Conformément à la résolution 2292 (2016) du Conseil de sécurité des Nations unies, les bâtiments de la mission peuvent contrôler les navires suspectés de transporter des armes à destination ou en provenance de la Libye. 

L’opération IRINI est à l’origine prévue jusqu’au 31 mars 2021.

 

 

* Lucas Dureuil, chargé de mission chez Geopragma

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