Veille effectuée par Christophe de Saizieu*

Carte : https://syria.liveuamap.com/

01/06/2020

  • Des hommes armés assassinent un soldat dans le centre-ville de Daraa.
  • Un soldat et un officier sont tués dans des attaques de l’Etat islamique à l’est de Homs et au sud de Deir Ezzor.
  • Des hommes armés ouvrent le feu sur un marché à Al-Busayrah.

02/06/2020

  • L’armée turque et la police militaire russe mènent une 14e patrouille conjointe dans le sud d’Idlib. La patrouille a de nouveau commencé à l’ouest de Saraqib et a atteint la ville d’Ariha. La situation dans la région reste tendue malgré la coopération turco-russe récemment renforcée.

03/06/2020

  • Raids russes sur le nord-ouest de la Syrie, les premiers en trois mois.
  • Les tensions entre la police syrienne libre et d’autres militants soutenus par la Turquie augmentent à Al-Bab.
  • Une explosion d’IED a éclaté près de Maadan.
  • Un autre convoi turc doté d’un système de défense aérienne Atilgan est entré à Idlib.
  • La Commission européenne propose une enveloppe de 585 M€ en soutien des réfugiés du conflit syrien et des communautés d’accueil. Le Parlement européen et le Conseil européen doivent approuver cette rallonge financière. Depuis 2011 et le début de la crise syrienne, l’Union européenne et les Etats membres ont déjà mobilisé plus de 20 milliards en aides.

04/06/2020

  • Les Russes et les Turcs mènent une 15 e patrouille conjointe sur l’autoroute M4. Deux engins explosifs improvisés auraient visé la patrouille. Cependant, il n’y a eu aucune victime.
  • Ces derniers jours, l’armée turque a déployé des charges d’armes lourdes, notamment des systèmes de défense aérienne et de l’artillerie à Idlib. 
  • La Turquie s’est engagée à sécuriser l’autoroute M4 dans le cadre de l’accord du 5 mars avec la Russie. Une longue section de l’autoroute est toujours bloquée par des groupes terroristes.
  • En créant davantage de postes dans la région d’Idlib, la Turquie pourrait tenter d’intimider l’armée syrienne et ses alliés. Des rapports récents affirment que l’armée se prépare à lancer une opération à grande échelle pour ouvrir le M4.

Analyse :

Le 6 mars dernier, un accord est passé entre la Russie et la Turquie sur un cessez-le-feu dans le nord-ouest de la Syrie. Cettre trêve met fin aux combats intenses dans la province d’Idlib et aux frappes aériennes russes et syriennes. Idlib est l’ultime bastion des rebelles et des djihadistes dans le nord-ouest de la Syrie où la Turquie est intervenue contre les forces du régime de Bachar al-Assad, soutenues par la Russie.

Néanmoins, dans la nuit de mardi à mercredi, la trêve entre les deux pays semble être remise en cause. En effet, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), l’aviation russe a mené des raids dans le nord-ouest du pays. Selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, ces raids visent à « éloigner les combattants de l’autoroute M4, ainsi que de certains villages de la région de Sahl al-Ghab, où les forces du régime sont déployées aux côtés des forces russes ». Si les combats au sol n’avaient pas cessé[1] et avaient même repris de l’envergure début mai, ce sont les premiers raids aériens depuis que la trêve a apporté un calme relatif à la région. La zone ciblée par l’aviation russe est également sous le pouvoir des djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham ainsi que d’autres groupuscules extrémistes. Groupe classé terroriste par Washington, il est connu sous le nom de Front al-Nosra, prolongement de la branche irakienne d’Al-Qaïda. Le HTS comprend essentiellement des djihadistes syriens.

La Russie intensifie actuellement son implication militaire dans le conflit syrien. Le 30 mai dernier, les médias d’État syriens ont annoncé avoir reçu un lot de chasseurs MiG-29 de la Russie. Damas n’a cependant pas fourni de détails sur le nombre d’avions reçus, mais a déclaré qu’ils entreraient en service dans l’armée de l’air syrienne le 1er juin. Ils devraient effectuer des patrouilles régulières dans l’espace aérien syrien. Avant la livraison, l’armée de l’air syrienne avait au moins 20 avions MiG-29. L’intensification du soutien russe au gouvernement de Damas intervient alors que la Turquie poursuit sa montée en puissance militaire dans le nord-ouest de la Syrie. Fin mai, l’armée turque a en effet déployé des troupes et du matériel supplémentaires dans la région d’Idlib. La configuration des positions militaires turques et l’attitude d’Ankara envers Damas peuvent nous faire dire que la Turquie n’utilisera pas cette force contre les terroristes d’Idlib mais plutôt pour assurer leur sécurité en cas d’avancée de l’armée syrienne.

Cette semaine, lors d’un long enregistrement de 39 minutes sur les chaînes Telegram, Abou hamza al-Qourachi, porte-parole du groupe Etat islamique, s’en prend violemment au Qatar. C’est la première fois que l’organisation djihadiste s’en prend à l’émirat. Il les accuse d’avoir combattu en Syrie et en Irak et évoque également la pandémie du coronavirus qui touche la région. Le mouvement qualifie cette pandémie de « châtiment divin » et le porte-parole donne l’ordre aux combattants de l’EI d’intensifier leurs attaques, profitant donc du vide sécuritaire dans la région pour reprendre de l’ampleur en Syrie et en Irak.

« Pas un jour nous n’avons oublié que la base Al-Oudeid, construite par les tyrans du Qatar pour accueillir l’armée américaine, était et reste toujours le commandement de la campagne menée par les Croisés » déclare-t-il en faisant référence à la plus grande base aérienne des Etats-Unis, qui abrite 11 000 soldats américains, britanniques et qatariens. Cette base avait grandement contribué à la coalition pour les bombardements en Syrie et en Irak. Néanmoins, c’est la première fois que l’Etat islamique s’en prend au Qatar, limitant jusqu’alors ses anathèmes à la région du Golfe et particulièrement à l’Arabie saoudite. Ils sont mis en cause pour avoir financés des rebelles en Irak dans les années 2000 et financé la Syrie depuis le début du conflit en 2011.


[1] Le 10 mai 2020, 35 combattants des forces du régime 13 djihadistes perdent la vie dans le nord-ouest de la province de Hama, voisine d’Idlib.


*Christophe de Saizieu, stagiaire chez Geopragma

 

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