Article de Caroline Galactéros* paru dans Marianne le 17 juin 2020
L’ignorance est un virus invasif. Ce littéralisme de la pensée indigente qui vocifère borborygmes et onomatopées en croyant (con)vaincre par la peur, saisit nos sociétés et s’étend en nappe, précipitant la fracturation sociale qu’il prétend dénoncer. Nous sommes en pleine régression racialiste au nom de l’antiracisme naturellement, car il n’est rien de tel que la projection victimaire pour attiser la haine ; nous subissons une vague de révisionnisme de l’Histoire mondiale par des foules ouvertement racistes qui entendent faire rendre gorge, par-delà les siècles, aux prétendus descendants « d’oppresseurs » qui n’y sont pour rien et qui, en France au moins, n’entendent pas réduire notre démocratie à une régression communautariste. Des groupuscules ultraviolents, au financement opaque, entrainent dans leur haine débilitante des foules revendicatrices qui se repaissent de leur auto-victimisation et d’un revanchisme social depuis trop longtemps nourri d’égalitarisme abscons. Ils prennent des peuples entiers en otage et entendent leur faire la leçon.
Mais l’Histoire est l’Histoire. C’est ainsi depuis des milliers d’années. Il ne s’agit pas d’en cautionner ou d’en rejeter tel ou tel épisode. Il s’agit d’apprendre, de comprendre, de « contextualiser » comme on dit, de concevoir que le beau a pu naître du laid, et que l’inverse est tout aussi vrai. Il n’y a rien à discuter, à haïr, à détruire. Il faut juste cesser de se prendre pour le nombril du monde. L’Histoire apprend l’humilité et la grandeur.
LE PROGRÈS DÉVOYÉ
On déboulonne les statues de Leopold II à Bruxelles, on profane un buste du général de Gaulle (le décolonisateur par excellence..) à quelques jours du 18 Juin, on veut abattre celle de Colbert à l’Assemblée nationale, on change les plaques des rues de Bordeaux en y ajoutant la mention « négrier », on enlève la devise du blason d’Imperial College de Londres, on maudit Winston Churchill lui-même, on interdit la projection publique du film Autant en emporte le vent, on rebaptise La petite maison dans la prairie, etc… On veut en fait appliquer « la loi du sang », comme le font toujours les gangs albanais qui assassinent hommes, femmes et enfants innocents, parce qu’un jour, des générations auparavant, l’un des membres de leur lointaine ascendance les a « offensés » ou s’est rendu coupable d’un crime à leur encontre.
Cela rappelle aussi les Talibans décapitant les bouddhas de Bamiyan en Afghanistan, ou les insensés de Daech détruisant avec jubilation les merveilles architecturales syriennes. On croit pouvoir nier par la destruction concrète des vies et des œuvres, toutes les sublimations artistiques, culturelles ou politiques du fait colonial et même de l’esclavage à travers les âges. Est-ce là ce que l’on appelle le progrès ? La modernité ? L’évolution ? On est plutôt en pleine régression culturelle occidentale mortifère. Ce sont des procédés totalitaires, comme l’est la technique de l’autocritique publique si prisée dans les procès staliniens que l’on semble vouloir réhabiliter. Bien des hommes politiques tombent dans le panneau. Nous goûtons la repentance comme un onguent thaumaturgique.
« La police serait structurellement raciste et l’Etat complice mais repentant«
L’abrutissement collectif de cette « pensée » paléolithique paraît avoir produit un tel stade de littéralisme que l’on ne peut juste incriminer la viralité du crétinisme de masse et de l’emballement numérique. A qui peut profiter le crime ? Pour ne parler que de notre malheureuse France que souille tant de violence et de laideur, on a l’impression que cette prétendue « convergence des luttes » qui n’a d’ailleurs vraiment rien à voir avec les « gilets jaunes » et leurs souffrances, est là pour en finir avec les vestiges tétanisés d’un peuple et d’un Etat. Il ne s’agit pas seulement de vociférer rue Royale en plein état d’urgence sanitaire, en toute impunité au nom de l’antiracisme, mais de faire reculer et se soumettre une fois pour toutes les Etats, les nations, les lois et les frontières. A commencer par chez nous.
LA PEUR
Le mondialisme, dans ses avatars les plus outranciers et dangereux, paré des oripeaux d’une prétendue « justice », est clairement à l’œuvre. Et nos autorités ont peur. Elles sont en effet « pétochardes ». Mais elles interdisent qu’on leur fasse remarquer. Elles veulent bien se faire traiter d’esclavagistes, de totalitaires, de racistes, mais surtout pas de pleutres ! La vérité fait trop mal. Que fait la police ? Et bien précisément, l’Etat qui la dirige et devrait la conforter afin qu’elle protège ses citoyens de cette sauvagerie hurlante, la désavoue, au nom désormais de « l’émotion au-dessus de la Loi ». Le renoncement vient de son propre « chef », qui accepte que ses hommes, ultimes acteurs du maintien d’un ordre public en miettes deviennent des cibles mouvantes, la dernière digue à abattre pour que règne enfin la loi de la jungle.
Pour montrer sa haute compréhension de toutes ces « victimes » d’un racisme « systémique » qui minerait ses rangs, il accepte même de la priver des modes d’action qui lui permettent encore – pour combien de temps – de mettre hors d’état de nuire délinquants et fauteurs de trouble. La police serait structurellement raciste et l’Etat complice mais repentant. Dans cet auto-affaissement de la tête s’effondre la colonne vertébrale régalienne à la vue de tous et surtout de ceux qui veulent notre perte et notre soumission.
ÉLITES DÉPASSÉES
En plein déconfinement tragique, à l’orée d’une crise économique et sociale lourde, la France est en danger et nos « élites » politiques, médiatiques, intellectuelles, à part quelques exceptions diabolisées ou dûment bâillonnées par les aveugles de service, sont les héritières irresponsables d’une complaisance abyssale, tous partis confondus, depuis des décennies déjà. Elles ne savent plus dire stop. Elles ne veulent plus. Elles croient qu’il est trop tard pour réagir et que le must de l’action politique revient à mettre la poussière sous le tapis et à parachever la destruction nationale au nom d’un progressisme vertueux et irrépressible. Elles vivent elles-mêmes très « confinées » dans les allées du pouvoir ou des grandes institutions mondialisées. Elles ne savent plus ce qu’est un peuple, le peuple, leur peuple, et le confondent sciemment avec un patchwork de minorités et de communautés qui l’atomisent et le renvoient à l’âge de pierre.
La grande question, celle que tout le monde se pose dans tous milieux, « riches » et « pauvres » confondus, c’est pourquoi laisse-t-on faire ? Que cherche le pouvoir ? Ne voit-il pas le danger qui s’approche ? Attend-il qu’il soit trop tard pour ne plus rien pouvoir faire et nous enjoindre, au nom du progressisme, d’accepter notre nouvelle « dhimmitude » avec une joie masochiste ?
L’HISTOIRE IDÉOLOGISÉE
Nous sommes déjà très au-delà de la « chienlit » que déplorait le Général de Gaulle. Quand nos forces de l’ordre sont désavouées par leur propre « chef », quand elles sont désignées à la vindicte raciste de hordes hurlantes qui pratiquent le chantage, l’intimidation et la menace pour faire tomber les derniers vestiges d’une verticalité du pouvoir et d’une autorité qui n’ose plus s’affirmer et n’est pas incarnée, je ne crois pas que quelques paroles d’apaisement ou de semi-fermeté impressionnent et moins encore dissuadent ce genre d’offensive de fond. Il faut un vrai coup d’arrêt, une reprise en main concrète et assumée de l’autorité régalienne qui fassent cesser l’indécente litanie repentante de prétendues élites qui vomissent notre histoire et les principes structurants de la République par peur d’affirmer quelques évidences : la police n’est pas raciste.
Il n’y a pas d’équivalence entre elle et les voyous. Elle est là pour protéger la population contre les voyous. Qu’ils soient noirs ou blancs. Elle doit le faire avec discernement et proportionnalité dans l’usage de la force, et les quelques brebis galeuses doivent être sorties fermement de ses rangs, mais elle doit le faire et ne peut en aucun cas être mise sur le même plan que ceux qu’elle empêche de nuire. Elle a et doit garder le monopole de la violence légitime. Sinon ce seront bientôt des combats de rue à mains nues puis à l’arme de poing et enfin au mortier. Et nous l’aurons bien cherché.
« La France est dans un état proto-insurrectionnel, comme les affrontements entre bandes rivales maghrébines et tchétchènes viennent encore de le rappeler à Dijon »
Evidemment, nous ne faisons comme d’habitude, qu’emboiter le pas à notre modèle sublime : l’Amérique ! L’indécente Amérique, ultraviolente « inside » comme à travers le monde, qui vit de, pour et par la guerre, mais qui subitement fait des obsèques quasi nationales à un bandit assassiné qui n’aurait évidemment pas dû l’être. C’est indécent, clownesque et tragique à la fois. C’est la fin de l’Empire pris de spasmes hypocrites.
Cette capacité à battre sa coulpe dans un faste ridicule alors que l’on entretient les populations de toutes couleurs dans une ségrégation communautaire et une violence armée de tous les instants est absolument répugnante. « Black lives matter », évidemment et il y a encore fort à faire aux Etats-Unis pour que ce slogan ne soit plus nécessaire ; mais White, Yellow Green and Pink lives matter too ! Tous les hommes comptent. Oui, des fortunes individuelles et celles d’Etats entiers, en Europe, en Amérique mais aussi en Afrique et au Moyen-Orient se sont construites sur le « bois d’ébène » ; certes la Grande-Bretagne eut un très vaste et puissant empire et la France aussi. Et alors ? En quoi les hommes et femmes de couleur aujourd’hui sont-ils les ayants droit de ces malheureux des siècles passés ? Notre nation ne doit pas devenir un patchwork communautaire en ébullition.
REPENTANCE
C’est un Etat généreux et chacun y a sa chance s’il veut bien s’en saisir. La colonisation n’est pas plus « un crime contre l’humanité ». Elle a produit de la contrainte et de la prédation, mais aussi de grandes avancées économiques et sociales pour les peuples colonisés. « La culture française » n’est pas un mythe. Elle existe. En revanche, il n’y a pas de « culture en France » ! S’il s’agit de culpabiliser les populations blanches pour les mettre en esclavage et de se chercher des excuses, ce sera non !
Il faut enfin, oserai-je le dire, que l’appareil médiatique ne pousse pas à la roue en accordant une exposition excessive et permanente à des discours de haine qui font monter l’intolérance et la division et font le jeu des seuls extrêmes politiques. Le littéralisme de la pensée va de pair avec l’immédiateté médiatique depuis bientôt un mois, on ne parle plus que de George Floyd et on en profite pour mettre à terre le dernier rempart de la sécurité des Français noirs, blancs, magrébins ou asiatiques, qui veulent vivre et travailler en paix sans brûler aux enfers de péchés imaginaires. La France est dans un état proto-insurrectionnel, comme les affrontements entre bandes rivales maghrébine et tchétchènes viennent encore de le rappeler à Dijon. Et ce n’est pas en baisant les pieds de ceux qui la haïssent, prétendent nous donner des leçons et appellent à la guerre civile qu’elle va se grandir ni se relever.
« Ne nous laissons pas affaiblir par des « luttes » qui sont des leurres destinés à parachever notre décadence.«
Ce qui se passe est la rançon d’un renoncement délirant à l’autorité de la part de l’Etat et de ses chefs. Le reste du monde nous observe, nous jauge et s’inquiète de notre ahurissante passivité. Notre démocratie est en grand danger. Il faut non seulement changer de ministre de l’Intérieur mais il faut un grand coup de semonce à tous ceux qui répandent le désordre, la haine et la violence. C’est l’heure des nations, des protections, des ambitions. Ne nous laissons pas affaiblir par des « luttes » qui sont des leurres destinés à parachever notre décadence.
*Caroline Galactéros, Présidente de Geopragma
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