Billet du lundi 06 octobre 2025 rédigé par Jean-Philippe Duranthon, membre fondateur et membre du Conseil d’administration de Geopragma.
Comme Janus, la France a deux visages.
A l’international elle montre le visage d’un pays prospère et puissant, soucieux de l’avenir d’une planète dont il se veut le protecteur ; un pays qui prétend influer sur la marche du monde et jouer un rôle important dans sa gouvernance et sa régulation ; un pays qui parle haut et utilise des mots forts pour montrer à tous la voie du Bien et de l’Intelligence, qui fait la leçon aux dirigeants qui ont l’outrecuidance de faire des choix contraires ; un pays dont la parole et les actes pèsent lourd dans les débats internationaux.
A l’intérieur la France a le visage d’un pays en crise profonde, en voie de déclassement, voire de délabrement. Un pays dont le gouvernement est combattu avant même que soient connus son programme et même sa composition ; un pays incapable de réaliser la moindre des réformes nécessaires pour s’adapter – avec retard – à l’évolution du monde ; un pays dont l’endettement est intenable et dont la notation financière est régulièrement dégradée ; un pays où les entreprises, faute de savoir quelles règles financières et fiscales leur seront appliquées, hésitent à mener à bien leurs projets ; un pays où les structures sociétales sont fortement ébranlées et où les mécontentements et ressentiments croissent ; un pays où les politiques ont un horizon qui s’arrête à la prochaine élection – voire au prochain sondage – et s’égarent dans des jeux qui permettent de ne pas parler des vrais problèmes.
Qui peut croire qu’une telle situation va perdurer, qu’une telle contradiction entre une prospérité revendiquée et un affaiblissement vécu peut être durable, qui peut imaginer que le visage décrépit ne va pas, tôt ou tard, faire disparaître le visage qui se veut glorieux ? En d’autres termes : si elle ne s’attaque pas, enfin, aux problèmes qui l’affaiblissent, la France pourra-t-elle longtemps avoir, sur le plan international, le rôle qu’elle réclame ?
D’ores et déjà la crédibilité de notre beau pays, des affirmations de ses dirigeants et des engagements qu’ils prennent, est mise en doute. Son rôle réel dans les crises actuelles est mince, voire nul ; le ministre des Affaires Etrangères est sans doute le seul à vouloir faire croire – mais le croit-il lui-même ? – que « le plan de paix présenté par le Président Trump [pour le Moyen-Orient], s’inspire explicitement des idées que la France a portées avec ses partenaires… à l’ONU ». Son influence au sein de l’Union Européenne s’amoindrit dossier après dossier et ses voisins qui ont su trouver le chemin du redressement supportent de moins en moins sa suffisance. Ses prises de position, souvent péremptoires, n’impressionnent plus grand monde – et surtout pas D. Trump qui déclare aux journalistes que « ce qu’il (le président de la République française) dit n’a aucune importance ».
Si la France ne parvient pas à corriger son affaiblissement économique et politique, son influence internationale ne sera bientôt plus qu’un souvenir.
Jean-Philippe Duranthon
Membre fondateur et membre du Conseil d’administration de Geopragma
5 octobre 2025




