Billet du lundi 08 juillet 2024 rédigé par le Général Jean-Bernard Pinatel Membre fondateur et Vice-président de Geopragma.
A quatre mois de l’élection présidentielle du 5 novembre 2024, le premier débat entre Biden et Trump a jeté un trouble profond dans le camp démocrate tant par moment Biden est apparu confus voire incapable de soutenir un débat.
« C’était une performance de débat vraiment décevante de la part de Joe Biden », a déclaré Kate Bedingfield, ancienne directrice des communications de Biden à la Maison-Blanche, sur CNN. « Je ne pense pas qu’il y ait d’autre façon de commenter ce débat. Son plus gros problème était de prouver au peuple américain qu’il avait l’énergie, l’endurance – et il ne l’a pas fait. »
Le lendemain lors d’un débat une réunion privée, plusieurs députés démocrates importants de la Chambre des représentants et de plusieurs législateurs de haut rang ont déclaré qu’il était temps pour le président Biden de se retirer.
Selon le New York Times, parmi ceux qui ont explicitement déclaré que M. Biden devrait mettre un terme à sa candidature figuraient les représentants Jerrold Nadler de New York, le principal démocrate de la commission judiciaire ; Adam Smith de Washington, le membre éminent de la commission des services armés ; Mark Takano de Californie, le principal démocrate de la commission des anciens combattants ; et Joseph D. Morelle de New York, le principal démocrate de la commission de l’administration de la Chambre. Un cinquième démocrate, le représentant Jim Himes du Connecticut, le plus haut gradé de la commission du renseignement, a également exprimé son incertitude quant à la voie à suivre par M. Biden. Une sixième représentante, Susan Wild de Pennsylvanie, membre de haut rang de la commission d’éthique, a déclaré dans un communiqué après la session qu’elle avait « exprimé les mêmes inquiétudes que celles auxquelles sont confrontés les Américains de tout le pays, concernant l’éligibilité du président Biden ».
Pour donner du poids à cette inquiétude, l’avance de Donald J. Trump sur le président Biden dans les sondages nationaux s’est creusée depuis leur débat de fin juin. Avant le débat, l’avance de Trump dans nos sondages nationaux était en moyenne d’un point de pourcentage. Selon un nouveau sondage national, publié le 3 juillet, Donald Trump devance le président Biden de six points de pourcentage. Dans l’ensemble, 74 % des électeurs considèrent que M. Biden est trop vieux pour ce poste, une hausse depuis le débat.
Le sondage a également révélé une profonde fracture générationnelle au sein du Parti démocrate. En ce qui concerne l’aptitude de M. Biden à briguer un nouveau mandat, 77 % des démocrates de moins de 45 ans pensent que le président est trop vieux pour être efficace, tandis que seulement 49 % des personnes de plus de 45 ans sont du même avis. De même, 56 % des démocrates de moins de 45 ans approuvent le poste de M. Biden, tandis que 90 % des démocrates plus âgés lui ont donné une note positive[1].
Le débat est donc ouvert dans le camp démocrate entre ceux qui pensent qu’il faut changer Biden et ceux qui restent fidèle à leur candidat.
7 noms circulent et sont débattus à Washington parmi ceux qui veulent remplacer Biden : la vice-présidente Kamala Harris, la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer, sénateur Joe Manchin de Virginie-Occidentale, le gouverneur du Maryland, Wes Moore, le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro et … Michèle Obama
Les partisans de Biden soutiennent qu’il peut gagner à condition de ne pas faire une campagne pour lui mais contre Trump.
A suivre.
Mais il est nécessaire de se rappeler que l’élection présidentielle américaine est traditionnellement une élection où il ne faut pas nécessairement être en tête dans les sondages pour être élu.
Contrairement à la France et à la plupart des pays occidentaux, les Etats-Unis ne fonctionnent pas à la majorité absolue. Le candidat doit remporter la bataille dans les Etats, et non au niveau national.
Chaque Etat possède un « poids » différent selon sa population. Les Etats les plus peuplés comptent davantage que les moins peuplés. Il est ainsi attribué un certain nombre de Grands Electeurs à chaque Etat. Au total, ils sont 538 sur l’ensemble du territoire américain. Pour l’élection de 2024, la Californie enverra par exemple 54 Grands Electeurs au Collège Electoral ; le Texas 40 ; et le Vermont… seulement 3. Ce sont ces Grands Electeurs qui éliront ensuite le Président. Le soir de l’élection, le 5 novembre, les médias décomptent le nombre de Grands Electeurs s’étant rangés du côté de chaque candidat, et en déduisent le vainqueur de l’élection. Pour obtenir la majorité des 538 Grands Electeurs, il faut donc en réunir 270 (la moitié plus un).
Ici aussi à suivre, ce n’est qu’à l’issue du deuxième débat le 10 septembre et les sondages qui suivront notamment dans les états clés que l’on pourra se risquer un pronostic sérieux.
[1] https://www.nytimes.com/interactive/2024/us/elections/polls-president.html