Billet du lundi 07 juillet 2025 rédigé par Patricia Lalonde Vice-présidente de Geopragma.
En bon joueur de poker, Donald Trump désarçonne alliés comme ennemis et essaie de sortir son joker au Moyen Orient… Tout demeure à nouveau possible. Le pire comme le meilleur. N’oublions pas que les électeurs de Donald Trump ont majoritairement voté pour lui car il promettait d’apporter la paix, en Russie et en Ukraine, au Moyen Orient et partout dans le monde.
On pourrait en rire tant son comportement fait tourner les têtes, à commencer par celles de nos médias qui ne savent plus où ils en sont.
Le seul lien qui le rattache à la réalité est celui de la diplomatie : ils parlent avec tout le monde… Alors que nos diplomates se recroquevillent sur leurs idées reçues et se claquemurent dans leurs certitudes : « la Russie va attaquer l’Europe » ou « l’Iran ne doit pas avoir la bombe car elle veut détruire Israël ».
Le schéma est trop simple… Ces joueurs de Poker perdent le plus souvent la partie.
Après avoir semé la panique en attaquant l’Iran et en essayant de déstabiliser le régime des mollahs, provoquant instantanément une forte réplique sur Israël, Donald Trump donne l’impression d’avoir utilisé la force de façon inattendue afin de provoquer un début de guerre qu’il pourrait contrôler. Le désastre que fût pour Israël cette semaine de tirs de missiles a conduit à un cessez le feu immédiat qui rebat les cartes ; les jeux sont dorénavant ouverts.
Donald Trump avait préparé le terrain ; sa longue visite dans les pays du Golfe, en Arabie Saoudite, au Qatar, à Oman au cours de laquelle il a été reçu avec les plus grands honneurs lui a permis de peser « le pour et le contre » des relations avec Israël et l’Iran et de pouvoir ainsi sortir une nouvelle carte de son jeu ; il avait auparavant obtenu des Houthis qu’ils cessent leurs attaques sur les navires américains en Mer Rouge.
L’Arabie Saoudite et l’Iran s’étant rapprochés sous les auspices de la Chine, ne restait plus qu’à convaincre Israël de faire un geste…
Après l’avoir ignoré lors de son passage au Moyen Orient, Donald Trump souffle dorénavant le chaud et le froid avec Benjamin Netanyahu…
Poursuivi par la justice de son pays et par un mandat d’arrêt de la Cour Pénale, B. Netanyahu s’est lancé dans une course en avant folle en menant une guerre génocidaire inhumaine contre Gaza, donnant ainsi des gages à l’aile la plus extrémiste de sa coalition. Qu’à cela ne tienne, Donald Trump cherchant à se mettre B. Netanyahu dans la poche, fait pression sur la justice de Tel Aviv et sur la CPI… Allant même jusqu’à menacer de cesser les livraisons d’armes à Israël ….
Quel meilleur moyen de tenir Benjamin Netanyahu et de lui faire accepter un plan de paix pour Gaza !
Chose faite : ce plan devrait être annoncé incessamment sous peu.
Elaboré sous l’égide du Qatar, de l’Egypte et des Etats Unis, il prévoit un cessez le feu de soixante jours qui permettrait de parvenir à une paix durable.
Huit points sont mis en avant : la libération des otages, par étapes, vivants et dépouilles, l’arrivée d’une importante aide humanitaire sous le contrôle du Croissant Rouge et des Nations Unies, le retrait de l’armée israélienne de la bande de Gaza et enfin des négociations pour un cessez le feu permanent.
Reste évidemment la question de l’Etat palestinien dont l’Arabie Saoudite s’est faite le garant. Le ministre de la défense saoudien a rencontré officieusement à cet effet, Donald Trump à la Maison Blanche afin de négocier l’entrée de l’Arabie saoudite dans les « Accords d’Abraham », à l’unique condition de la part des saoudiens qu’il y ait un Etat palestinien. La nouvelle Syrie d’Ahmed al Charaa dont la prise de pouvoir à Damas s’est faite avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, devrait également rejoindre ces accords.
Donald Trump lui-même et Steve Witkoff, son envoyé spécial pour le Moyen Orient, devraient superviser directement ces négociations.
Cela serait un coup de maître pour Donald Trump s’il réussissait son pari, malgré tous les obstacles qui ne manqueront pas de s’accumuler sur sa route !
