Source : Syria Intelligence

Les évènements de la semaine :

08/05

  • Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a accusé les belligérants de profiter de la crise liée au coronavirus pour mener des attaques contre les populations civiles.
  • Les Américains construisent une nouvelle base dans la région de Deir Ezzor.

09/05

  • Combats entre d’anciens rebelles et les forces gouvernementales dans la région de Deraa.
  • L’alliance djihadiste Wa Harid al-Mumimin bombarde la base russe Hmeimim.

10/05

  • Le gouvernement syrien confirme 47 cas de Covid-19 dont trois mortels.
  • Violents combats entre les forces gouvernementales et des rebelles du groupe djihadiste Wa Harid al-Mumimin au nord-ouest de la région d’Hama, proche de la région d’Idlib.

11/05

  • Publication d’un rapport d’Amnesty International qui accuse le pouvoir Syrien et la Russie de crimes de guerre dans la région d’Idlib.
  • Nomination du gouverneur d’Homs (proche de la famille de la Première dame) comme ministre du commerce intérieur.
  • Selon le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, 385 millions de dollars de financement sont nécessaires cette année pour lutter contre le coronavirus en Syrie.
  • Combats entre Daech et les Forces de Défense Nationale (groupe soutenu par la Syrie et l’Iran) dans la région de Deir Ezzor.

12/05

  • Patrouille russo-turque le long de l’axe M4.
  • Les forces gouvernementales ont bombardé des positions rebelles dans plusieurs villes au sud de la région d’Idlib.
  • Un convoi turc entre dans la région d’Idlib.
  • Protestations contre les patrouilles russo-turques.

13/05

  • Publication d’images satellites qui montreraient que des forces pro-iraniennes construisent une installation souterraine de stockage d’armes dans l’est de la Syrie.
  • La Chine et la Russie boycottent une réunion du Conseil de sécurité.

14/05

  • Manifestation à Deraa contre l’arrivée de forces pro-iraniennes.

Cette semaine a été marquée par de violents combats dans les plaines de Ghab au nord-ouest de la ville de Hama. Cette région se situe au sud d’Idlib, principale zone de tension du conflit syrien. Les forces gouvernementales ont été attaquées par les rebelles djihadistes de l’alliance Wa Harid al-Mumimin. Une cinquantaine de combattants ont été tués, ce qui en fait les combats les plus meurtriers depuis l’accord de cessez-le-feu signé par la Russie et la Turquie le 5 mars à Moscou. Il y a deux semaines, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen saluait « un calme significatif dans de nombreuses régions de la Syrie » et « un niveau faible d’incidents ». Ces affrontements viennent bouleverser le calme relatif et démontrent la difficulté à mettre en place un cessez-le-feu durable dans un conflit qui implique un grand nombre de parties. L’alliance Wa Harid al-Mumimin est une coalition djihadiste formée en octobre 2018 par les groupes Ansar al-Islam, Front Ansar Dine, Ansar al-Tawhid et Tanzin Hurras ad-Din. Cette alliance — dont le nom peut être traduit par Inciter les Croyants — a rejeté l’accord russo-turc et n’a cessé de harceler les forces gouvernementales syriennes au sud de la région d’Idlib. Cette région demande aux forces gouvernementales syriennes de mobiliser de nombreux moyens. La résolution de la situation à Idlib permettrait au gouvernement de Bachar al-Assad — soutenu par la Russie et l’Iran — d’imposer son autorité sur l’ensemble du territoire national. Dans ce contexte, la position turque va dans le sens de la politique américaine qui souhaite toujours faire tomber le régime de Bachar al-Assad.

Les Etats-Unis consolident leurs positions à l’est du pays dans la zone kurde en créant des bases militaires. Dans un débat organisé par le think tank Houdson Institute, le représentant spécial américain James Jeffrey a souligné l’importance de la présence américaine en Syrie. Le discours apparaît presque caricatural, le régime syrien est

présenté comme celui qui menace le plus la stabilité de la région et « l’idée américaine de la façon dont le monde devrait être organisé. » Les Russes seraient intervenus uniquement pour des intérêts stratégiques et économiques et ne présenteraient aucune solution politique pour la sortie du conflit, alors que les Américains seraient les protecteurs des populations civiles et les garants de la stabilité internationale. Cependant nous pouvons douter que les Américains ne soient motivés uniquement par la protection « du peuple syrien qui lutte contre le régime de Damas ». Les Etats-Unis ont des intérêts dans la région donc ils les défendent. Par ailleurs M. l’ambassadeur James Jeffrey ne cache pas les objectifs américains qui sont d’empêcher le développement de l’influence russe et iranienne dans la région et de faire tomber le régime de Bachar al-Assad.

Au sud du pays, dans la région de Deraa, les forces gouvernementales ont mené des opérations visant à stopper les activités des groupes armés rebelles. Ces dernières semaines, de nombreux assassinats ont eu lieu dans le gouvernorat de Deraa. Ces assassinats visent d’anciens rebelles ralliés au pouvoir de Damas. Cependant des manifestations ont éclaté contre l’arrivée des forces gouvernementales accompagnées de milices pro-iranienne. Comme dans la région d’Idlib, une partie de la population reste hostile au régime de Bachar al-Assad. Dès le début du conflit en 2011, Deraa fut l’une des principales villes contestataires du pays. Ce n’est qu’en juillet 2018 que les forces gouvernementales ont repris la ville afin de restaurer l’autorité de Damas. C’est le propre des guerres civiles, mais contrairement à ce que pensent certains, il est rare que l’entièreté d’un peuple se dresse contre son dirigeant. Mais il est également vrai que les combattants de ce conflit sont loin d’être tous syriens et que les populations civiles souffrent d’une guerre qui s’éternise.

Partager cet article :
Geopragma