Article rédigé par Leonid Sevastianov, président de l’Union des vieux croyants orthodoxes.
Peut-on espérer que, dans un monde en ruine, l’espoir puisse renaître, et à partir de quelle plate-forme de dialogue ?
À première vue, il semble que ce ne soit plus possible. La Russie est exclue de nombreuses organisations internationales. Le monde est polarisé, il n’y a plus de pays neutres, la Suisse, l’Autriche, la Norvège – les pays traditionnellement plus neutres – ont pris part au conflit. Et dans ce contexte, un mini-État se distingue, qui depuis son apparition en 1929 s’est positionné comme un État neutre, avec un statut d’observateur même au sein des Nations unies. Cet État est toujours favorable au dialogue pacifique dans les conflits mondiaux, critiquant même sévèrement les interventions, y compris de l’OTAN, en Yougoslavie ou en Irak, en Libye et en Syrie.
C’est la cité-État du Vatican.
En analysant ces derniers jours les déclarations des officiels du Vatican – le Pape François et le Secrétaire d’État Cardinal Parolin, nous pouvons déjà conclure que le Vatican, malgré la pression, n’a pas changé son principe de neutralité. Le Pape condamne toute guerre, y voit la manifestation du côté Caïn de la personne humaine, appelle au dialogue et à la recherche de la paix, il n’a pris parti pour personne. De cette façon, le Vatican devient le seul État possible qui puisse devenir le point de rassemblement de nouvelles relations internationales. À mon avis, en tant que président de l’Union des Vieux Croyants Orthodoxes (*), le Vatican est plus que jamais prêt pour son nouveau rôle – au-delà de la religion catholique, offrir au monde l’infrastructure de l’État du Vatican pour établir de nouvelles relations internationales. Le pape François a parlé ouvertement à plusieurs reprises, avant même le début du conflit en Ukraine, de son désir personnel et de celui de l’État du Vatican d’être un assistant dans la création d’un dialogue entre la Russie, l’Ukraine et les pays de l’OTAN. À ces pays, il faut sans doute ajouter la Chine et l’Inde. Les sites traditionnels des Nations unies, les États-Unis et la Suisse, en raison de leur engagement politique, deviennent des lieux presque impraticables pour reconstruire de nouvelles relations inclusives. Dans ce contexte, le Vatican devient le lieu idéal pour de nouvelles institutions internationales qui peuvent relancer et maintenir un dialogue constructif entre la Russie, l’OTAN et la Chine.
Il reste à voir si la Russie est prête à désigner le Vatican comme plate-forme de négociations entre les grandes puissances. Nous, les vieux croyants de la Russie, le sommes.
(*) La naissance des Vieux Croyants Orthodoxes remonte à 1666, suite à un schisme avec l’Eglise orthodoxe. Restés dans la clandestinité et souvent persécutés jusqu’à l’époque du communisme, les Vieux Croyants se sont imposés comme une référence pour la foi orthodoxe, qui a su maintenir un lien avec le peuple russe et ses « élites », comme Tretyakov, Soljenitsine, etc.
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