{"id":815,"date":"2019-06-10T11:44:07","date_gmt":"2019-06-10T09:44:07","guid":{"rendered":"http:\/\/geopragma.fr\/?p=815"},"modified":"2021-09-21T12:50:11","modified_gmt":"2021-09-21T10:50:11","slug":"j-b-pinatel-la-guerre-economique-de-trump","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/geopragma.fr\/j-b-pinatel-la-guerre-economique-de-trump\/","title":{"rendered":"J.-B. Pinatel : \u00ab\u00a0La guerre \u00e9conomique de Trump\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"
Le Billet du Lundi du 10 juin 2019, par Jean-Bernard Pinatel*<\/strong><\/p>\n <\/p>\n Avec l\u2019Iran et le Venezuela, Trump manie le chaud et le froid. Il passe en six mois du risque de guerre \u00e0 la n\u00e9gociation. Il est trop facile de consid\u00e9rer le Pr\u00e9sident des Etats-Unis comme un bonimenteur. En effet, il se d\u00e9roule, derri\u00e8re le brouillard des d\u00e9clarations, une guerre \u00e9conomique f\u00e9roce<\/b> dont nous subissons nous aussi les effets : elle a \u00e9t\u00e9 l\u2019\u00e9l\u00e9ment d\u00e9clencheur de la crise des gilets jaunes dont, bien entendu, les causes sont plus diverses et plus anciennes.<\/span><\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Alors pourquoi cette strat\u00e9gie de tension avec le Venezuela et l\u2019Iran ?<\/b><\/span><\/p>\n <\/p>\n Selon diff\u00e9rentes \u00e9valuations, le Venezuela est aujourd\u2019hui le pays qui aurait des r\u00e9serves prouv\u00e9es de brut du m\u00eame ordre, voire sup\u00e9rieures, \u00e0 celles de l\u2019Arabie Saoudite tandis que l\u2019Iran se situe au quatri\u00e8me rang mondial pour le p\u00e9trole brut et au premier rang pour le gaz naturel.<\/span><\/p>\n En dehors des n\u00e9oconservateurs et du complexe militaro-industriel, l\u2019opinion am\u00e9ricaine ne veut plus voir ses boys tu\u00e9s \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur \u00e0 cause du p\u00e9trole alors m\u00eame qu\u2019avec le p\u00e9trole et le gaz de schiste extraits du sol am\u00e9ricain les Etats-Unis deviennent auto-suffisants, voire exportateurs.<\/span><\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Le probl\u00e8me est que, malgr\u00e9 les efforts extraordinaires de productivit\u00e9 r\u00e9alis\u00e9s par l\u2019industrie d\u2019exploration-production am\u00e9ricaine, le p\u00e9trole de schiste<\/b> n\u2019est comp\u00e9titif que si les prix du brut restent sup\u00e9rieurs \u00e0 60 $ le baril. En effet, cette industrie a investi \u00e0 perte pendant une dizaine d\u2019ann\u00e9es pour r\u00e9ussir le tour de force extraordinaire d\u2019abaisser son seuil de comp\u00e9titivit\u00e9 de 80 $ le baril aux alentours de 40 $ le baril pour les nouveaux projets. Mais il faut rajouter le poids de la dette contract\u00e9e. En effet pour r\u00e9aliser les <\/b>investissements n\u00e9cessaires, la dizaine de milliers de petits et plus gros entrepreneurs qui se sont lanc\u00e9s dans ce nouvel eldorado ont souscrit des emprunts aupr\u00e8s des multiples petites banques locales am\u00e9ricaines. Celles\u2013ci ont titris\u00e9 imm\u00e9diatement ces emprunts qui se sont diss\u00e9min\u00e9s dans l\u2019ensemble du secteur bancaire am\u00e9ricain. Les taux d\u2019int\u00e9r\u00eats et le remboursement de cette dette viennent donc s\u2019ajouter aux frais de forage et d\u2019exploitation actuels. M\u00eame si l\u2019on manque d\u2019\u00e9tudes syst\u00e9matiques, la majorit\u00e9 des analystes avancent la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019avoir un baril de brut au-dessus de 60 dollars pour que ces dettes puissent \u00eatre rembours\u00e9es et que l\u2019on n\u2019assiste pas \u00e0 une nouvelle crise semblable \u00e0 celle des subprimes<\/i>.<\/span><\/p>\n On comprend mieux alors les pr\u00e9dictions catastrophiques qui se sont multipli\u00e9es quand <\/span>le prix du brut est pass\u00e9 de 122 $ en janvier 2014 \u00e0 36 $ en janvier 2016, mena\u00e7ant ainsi toute l\u2019industrie de l\u2019extraction du p\u00e9trole de schiste aux Etats-Unis et par contrecoup tout le syst\u00e8me bancaire am\u00e9ricain.<\/span><\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n La guerre \u00e9conomique<\/b><\/span><\/p>\n Heureusement, l\u2019option choisie par Trump, le business man<\/i>, n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 celle de Bush junior qui, selon plusieurs auteurs am\u00e9ricains, consid\u00e8rent que la guerre en Irak a \u00e9t\u00e9 <\/span>\u00ab Blood for no Oil<\/i> \u00bb <\/span><\/p>\n Pour Greg-Palast1<\/sup>, par exemple, la motivation premi\u00e8re des conseillers de Bush \u00e9tait machiav\u00e9lique : stopper la production de brut irakien pour maintenir les cours du brut aux alentours de 100$ et permettre ainsi de rentabiliser les investissements faits dans le p\u00e9trole et le gaz de schiste. \u00ab The invasion was not about \u00ab\u00a0blood for oil\u00a0\u00bb, but something far more sinister: blood for no oil. War to keep supply tight and send prices skyward. Oil men, whether James Baker or George Bush or Dick Cheney, are not in the business of producing oil. They are in the business of producing profits \u00bb. <\/i><\/span><\/p>\n Trump, pour l\u2019instant, s\u2019est content\u00e9 de l\u2019effet des sanctions \u00e9conomiques contre le Venezuela et l\u2019Iran.<\/span><\/p>\n Le 28 janvier 2019, l’administration Trump a interdit aux compagnies am\u00e9ricaines d\u2019acheter du p\u00e9trole v\u00e9n\u00e9zu\u00e9lien<\/b> tant qu’un nouveau gouvernement form\u00e9 par l’opposant Juan Guaido, qui s’est auto-proclam\u00e9 pr\u00e9sident, ne sera pas en mesure de recevoir les recettes. <\/span>Les exportations v\u00e9n\u00e9zu\u00e9liennes de brut et de carburant ont depuis chut\u00e9 de 1,7 millions \u00e0 920.000 barils par jour<\/b>. <\/span><\/p>\n De m\u00eame, les sanctions am\u00e9ricaines contre l\u2019Iran ont fait baisser les exportations iraniennes de 1,5 millions de barils par jour<\/span> (bpj) entre 2018 et 20192<\/sup>. Les exp\u00e9ditions sont en moyenne de 1,0 \u00e0 1,1 million de barils<\/b> par jour (bpj) depuis mars 2019 (selon les donn\u00e9es de Refinitiv Eikon et de trois soci\u00e9t\u00e9s qui suivent les exportations iraniennes), alors qu\u2019elles repr\u00e9sentaient au moins 2,5 millions de bpj en avril 2018, un mois avant la d\u00e9nonciation par les Etats-Unis de l’accord international de 2015 sur le programme nucl\u00e9aire iranien et le retour \u00e0 des sanctions am\u00e9ricaines visant l’Iran. <\/span><\/p>\n Les d\u00e9cisions de guerre \u00e9conomique prises par Trump ont ainsi priv\u00e9 le march\u00e9 de l\u2019ordre de 2,5 millions de barils jour. <\/span>L\u2019effet s\u2019est vite fait sentir sur le march\u00e9 comme le montre le graphique pr\u00e9c\u00e9dent puisque le cours de baril de brut oscille aujourd\u2019hui autour d\u2019un point d\u2019\u00e9quilibre de 60$.<\/b><\/span><\/p>\n Une inconnue majeure demeure : combien de temps cet effet durera-t-il et maintiendra-t-il une tension sur le march\u00e9 du brut ? Suffisamment de temps esp\u00e9rons-le pour que les dettes contract\u00e9es soient rembours\u00e9es et que les Etats-Unis ne se trouvent pas devant ce dilemme catastrophique d\u2019accepter une crise financi\u00e8re qui peut contaminer le monde entier ou refaire une guerre <\/span>\u00ab for no oil<\/i> \u00bb qui menacerait la Paix du Monde.<\/span><\/p>\n <\/p>\n *Jean-Bernard Pinatel, membre fondateur et Vice-pr\u00e9sident de Geopragma <\/strong><\/p>\n <\/p>\n Notes :<\/p>\n 1. Greg Palast is a New York Times bestselling author and fearless investigative journalist whose reports appear on BBC Television Newsnight and in The Guardian. Palast eats the rich and spits them out. Catch his reports and films at www.GregPalast.com, where you can also securely send him your documents marked, \u00ab\u00a0confidential\u00a0\u00bb. Cit\u00e9 dans mon dernier livre : \u201dHistoire de l\u2019islam radical et de ceux qui s\u2019en servent\u201d, Lavauzelle, 2011, page 146.<\/sup> <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Le Billet du Lundi du 10 juin 2019, par Jean-Bernard Pinatel* Avec l\u2019Iran et le Venezuela, Trump manie le chaud et le froid. Il passe en six mois du risque de guerre \u00e0 la n\u00e9gociation. Il est trop facile de consid\u00e9rer le Pr\u00e9sident des Etats-Unis comme un bonimenteur. 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\n2. https:\/\/investir.lesechos.fr\/marches\/actualites\/iran-baisse-des-exportations-de-brut-avant-meme-de-nouvelles-sanctions-us-1835846.php<\/a><\/sup><\/p>\n