{"id":644,"date":"2019-03-29T18:54:44","date_gmt":"2019-03-29T17:54:44","guid":{"rendered":"http:\/\/geopragma.fr\/?p=644"},"modified":"2021-09-21T15:27:24","modified_gmt":"2021-09-21T13:27:24","slug":"le-contre-monde-est-en-marche-faudra-t-il-une-nouvelle-longue-marche-en-chine-ou-en-europe","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/geopragma.fr\/le-contre-monde-est-en-marche-faudra-t-il-une-nouvelle-longue-marche-en-chine-ou-en-europe\/","title":{"rendered":"J-P. Duranthon : \u00ab\u00a0Le contre monde\u00a0est en marche\u00a0\u00bb\u00a0: faudra-t-il une nouvelle Longue Marche\u00a0en Chine\u2026 ou en Europe\u00a0?"},"content":{"rendered":"
Billet d’Humeur du 28 mars 2019, par Jean-Philippe Duranthon*<\/strong><\/p>\n Caroline Galact\u00e9ros a publi\u00e9 le 25 mars un \u00ab billet du lundi \u00bb consacr\u00e9, dans la perspective de la visite en France du pr\u00e9sident de la R\u00e9publique populaire de Chine, aux relations entre la France et ce p<\/i><\/span>ays. J\u2019adh\u00e8re pour ma part totalement aux analyses contenues dans ce billet mais aimerais prolonger certaines d\u2019entre elles avec un prisme \u00e9conomico-financier.<\/i><\/span><\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n – c\u2019est une puissance politique, qui s\u2019affirme sans cesse davantage \u00e0 l\u2019\u00e9chelle r\u00e9gionale mais aussi mondiale au point que certains voient aujourd\u2019hui l\u2019\u00e9mergence d\u2019un nouveau duopole, cette fois sino-am\u00e9ricain ;<\/span><\/p>\n – c\u2019est une puissance \u00e9conomique, un acteur fondamental de la r\u00e9partition internationale de l\u2019activit\u00e9 \u00e9conomique : en faisant appel \u00e0 elle les entreprises peuvent, d\u2019un c\u00f4t\u00e9 abaisser leurs co\u00fbts de production, de l\u2019autre vendre leurs produits sur un march\u00e9 \u00e9norme et dont le potentiel de croissance doit \u00eatre mesur\u00e9 \u00e0 l\u2019aune des perspectives de d\u00e9veloppement du pays ;<\/span><\/p>\n – c\u2019est une puissance financi\u00e8re car, en achetant leurs emprunts d\u2019Etat, en particulier les bons du Tr\u00e9sor am\u00e9ricain, elle permet aux pays occidentaux de financer leurs d\u00e9ficits des paiements mais aussi acquiert de ce fait une capacit\u00e9 d\u2019investissement consid\u00e9rable. <\/span><\/p>\n Dans une sorte de cercle vertueux ces trois puissances se renforcent mutuellement. \u00c0 titre d\u2019exemple, l\u2019\u00e9norme capacit\u00e9 financi\u00e8re de la Chine lui permet \u00e0 la fois – de d\u00e9velopper ses propres entreprises \u00e0 vocation mondiale, ce qui compl\u00e8te son mod\u00e8le \u00e9conomique tout en lui donnant des atouts suppl\u00e9mentaires dans le dialogue plan\u00e9taire, – d\u2019aider \u00e0 financer les projets des \u00ab pays \u00e9mergents \u00bb, ce qui facilite sa prise de contr\u00f4le des mati\u00e8res premi\u00e8res n\u00e9cessaires \u00e0 sa propre croissance, – d\u2019investir dans les entreprises occidentales, ce qui lui permet d\u2019acqu\u00e9rir plus rapidement les technologies de pointe, et \u2013 de formaliser son emprise r\u00e9gionale en cr\u00e9ant une \u00ab Banque Asiatique d\u2019Investissement pour les Infrastructures \u00bb (AIIB) dont la vocation est clairement d\u2019offrir une alternative \u00e0 la Banque Mondiale. <\/span><\/p>\n Comme le dit Caroline Galact\u00e9ros, la France a, sur le plan g\u00e9ostrat\u00e9gique, beaucoup \u00e0 gagner de l\u2019\u00e9mergence politique d\u2019un grand acteur \u00e0 vocation mondiale, capable de contrebalancer l\u2019influence des Etats-Unis dont la personnalit\u00e9 de l\u2019actuel pr\u00e9sident r\u00e9v\u00e8le \u00e0 ceux qui en doutaient le poids et les objectifs.<\/span><\/p>\n Il n\u2019en serait autrement que si l\u2019on pouvait craindre une tentation h\u00e9g\u00e9monique \u00e0 dimension plan\u00e9taire.<\/span><\/p>\n Peut-on la craindre d\u2019un pays dont la langue principale est d\u2019une complexit\u00e9 telle qu\u2019elle exige de nombreuses ann\u00e9es d\u2019\u00e9tudes, ne pourra donc jamais \u00eatre parl\u00e9e par les populations \u00e9trang\u00e8res et n\u2019a en cons\u00e9quence aucune chance de s\u2019imposer face au globish<\/i> ? Faut-il la craindre d\u2019un pays dont la culture est marqu\u00e9e par le confucianisme et le bouddhisme, c\u2019est-\u00e0-dire par des philosophies dans lesquelles, contrairement \u00e0 bien d\u2019autres en Europe et au Moyen-Orient, le salut est une question personnelle et doit \u00eatre recherch\u00e9 quel que soit l\u2019environnement social, ind\u00e9pendamment de toute \u00e9volution de la soci\u00e9t\u00e9 qu\u2019il ne s\u2019agit pas de transformer avant de la r\u00e9pandre sur la terre enti\u00e8re ? Faut-il la craindre d\u2019un pays o\u00f9 l\u2019on joue au go, c\u2019est-\u00e0-dire \u00e0 un jeu o\u00f9, contrairement aux \u00e9checs dont l\u2019objectif est de d\u00e9truire l\u2019ennemi en s\u2019emparant de son chef, le but est \u00ab seulement \u00bb d\u2019\u00eatre plus fort que l\u2019adversaire, sans pour autant l\u2019an\u00e9antir ?<\/span><\/p>\n N\u2019oublions pas, en outre, que le mod\u00e8le \u00e9conomique chinois commence \u00e0 montrer ses faiblesses : la croissance ralentit et le d\u00e9veloppement \u00e9conomique du pays fait que, d\u00e9sormais, la diff\u00e9rence des co\u00fbts de production n\u2019est plus aussi importante que dans le pass\u00e9 et est parfois moindre que dans d\u2019autres pays (voir l\u2019Ethiopie par exemple). C\u2019est pourquoi la Chine cherche \u00e0 se \u00ab banaliser \u00bb en d\u00e9veloppant des entreprises capables d\u2019\u00eatre des acteurs de poids sur le march\u00e9 mondial et \u00e0 ma\u00eetriser les technologies d\u2019avenir (\u00e9nergies propres, num\u00e9rique\u2026). Reste \u00e0 savoir si cette nouvelle orientation, qui favorise les technologies les plus sophistiqu\u00e9es, permettra, comme la pr\u00e9c\u00e9dente, plus basique, de diffuser les bienfaits de la croissance \u00e9conomique \u00e0 la majeure partie de la population.<\/span><\/p>\n Pensons aussi au fait que, plus qu\u2019un pays, l\u2019\u00ab empire du Milieu \u00bb est un empire et que peu d\u2019empires ont \u00e9t\u00e9 durables. P\u00e9kin parviendra-t-il \u00e0 maintenir l\u2019h\u00e9g\u00e9monie des Han dans tous les territoires o\u00f9 ils sont implant\u00e9s, mieux que, du temps de l\u2019URSS, Moscou a voulu le faire avec les Slaves ? L\u2019Occident ne s\u2019int\u00e9resse qu\u2019au Tibet (pour lequel on voit les d\u00e9fenseurs de la la\u00efcit\u00e9 et de la d\u00e9mocratie r\u00e9clamer avec insistance l\u2019instauration d\u2019une th\u00e9ocratie), mais c\u2019est dans les territoires occidentaux de la Chine que se d\u00e9rouleront certainement, et que se d\u00e9roulent d\u2019ores et d\u00e9j\u00e0, des \u00e9v\u00e8nements porteurs de difficult\u00e9s ult\u00e9rieures. <\/span><\/p>\n Constatons enfin que l\u2019histoire de la Chine est celle d\u2019une recherche constante et d\u2019une concentration des pouvoirs. Cette concentration des pouvoirs est absolue dans le domaine politique (pas de \u00ab balance des pouvoirs \u00bb \u00e0 la mode de l\u2019Anglais Fortescue, pas d\u2019 \u00ab \u00e9quilibre des pouvoirs \u00bb \u00e0 la mode du Fran\u00e7ais Montesquieu), ce qui explique l\u2019autoritarisme dont ont fait ou font preuve en interne les fils du Ciel successifs (quels que soient les avatars de ce Ciel) ; mais son extension spatiale n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 au centre des ambitions, d\u00e8s lors que l\u2019\u00e9tranger (le barbare, auraient dit les Grecs) ne menace pas le d\u00e9tenteur du pouvoir.<\/span><\/p>\n Parce que le niveau de vie de sa population \u00e9tait faible, que son potentiel industriel \u00e9tait alors tr\u00e8s limit\u00e9 et que tout \u00e9tait \u00e0 faire, la Chine a obtenu de la part des pays d\u00e9velopp\u00e9s de pouvoir commercer avec eux avec des d\u00e9rogations consid\u00e9rables, de droit ou de fait, aux r\u00e8gles de l\u2019OMC ou des conventions bilat\u00e9rales r\u00e9gissant le commerce international : une forme de contrepartie aux nombreux accords impos\u00e9s \u00e0 la Chine, au XIX\u00e8me, par les pays occidentaux et que Sun Yat Sen a, au d\u00e9but du XX\u00e8me, qualifi\u00e9s de \u00ab trait\u00e9s in\u00e9gaux \u00bb. Bien s\u00fbr cette nouvelle in\u00e9galit\u00e9 de sens oppos\u00e9 n\u2019\u00e9tait pas, pour les pays d\u00e9velopp\u00e9s, inspir\u00e9e uniquement par des consid\u00e9rations humanitaires, elle avait aussi et peut-\u00eatre surtout pour but de favoriser l\u2019\u00e9mergence d\u2019un nouveau march\u00e9, de taille consid\u00e9rable, dont leurs entreprises pourraient profiter. <\/span><\/p>\n Vingt ans apr\u00e8s, puisque la Chine a r\u00e9ussi, et au-del\u00e0, son d\u00e9collage \u00e9conomique, le m\u00eame monde occidental lui demande de respecter d\u00e9sormais les r\u00e8gles qui r\u00e9gissent les relations \u00e9conomiques mondiales entre pays de niveau de d\u00e9veloppement comparable, jug\u00e9es indispensables pour que les \u00e9changes favorisent le bien-\u00eatre de tous. Il souhaite en particulier que les entreprises occidentales puissent investir et agir en Chine dans les m\u00eames conditions que les entreprises chinoises peuvent aujourd\u2019hui investir et agir chez eux. Est-ce d\u00e9raisonnable ? <\/span><\/p>\n Or la Chine refuse et veut continuer \u00e0 profiter des exceptions qu’on lui a consenties dans un autre contexte. Elle veut continuer \u00e0 pouvoir prendre le contr\u00f4le d\u2019entreprises occidentales, ou en devenir l\u2019actionnaire de r\u00e9f\u00e9rence, et d\u00e9sormais intervenir en partenariat avec les fonds d\u2019investissements occidentaux, sans permettre aux entreprises occidentales d\u2019en faire de m\u00eame chez elle, o\u00f9 l\u2019ampleur des participations \u00e9trang\u00e8res est limit\u00e9e et o\u00f9 les r\u00e8gles de gouvernance des entreprises sont diff\u00e9rentes. Est-ce raisonnable ? Doit-on et peut-on l\u2019accepter ?<\/span><\/p>\n Certes, la Chine a \u00e9labor\u00e9 de mani\u00e8re acc\u00e9l\u00e9r\u00e9e une nouvelle loi sur les investissements \u00e9trangers. Mais celle-ci, dont certaines dispositions sont tr\u00e8s vagues, donc sujettes \u00e0 interpr\u00e9tations incertaines, ne r\u00e9pond pas \u00e0 l\u2019ensemble des demandes pr\u00e9sent\u00e9es pour r\u00e9tablir l\u2019\u00e9quilibre des relations. Son but est plut\u00f4t de permettre au pr\u00e9sident des Etats-Unis, en mal d\u2019accord international apr\u00e8s les rebuffades du leader de la Cor\u00e9e du Nord, d\u2019avoir un argument pour signer un accord commercial avec la Chine. Et, dans le m\u00eame temps, celle-ci continue de bloquer la convention qu’elle n\u00e9gocie avec l’Union europ\u00e9enne en refusant de bouger sur des sujets aussi fondamentaux que la r\u00e9ciprocit\u00e9 d’acc\u00e8s aux march\u00e9s, les secteurs strat\u00e9giques, les march\u00e9s publics, les subventions ou la propri\u00e9t\u00e9 intellectuelle. <\/span><\/p>\n Comme l\u2019\u00e9crit Caroline Galact\u00e9ros, il faut donc travailler avec la Chine, il faut dialoguer avec elle, il faut chercher une solution qui satisfasse l\u2019\u00e9quilibre et l\u2019\u00e9quit\u00e9. Le probl\u00e8me est que ce dialogue doit se faire dans un contexte que les Chinois veulent maintenir d\u00e9s\u00e9quilibr\u00e9 sur le plan \u00e9conomique, ce qui n\u2019est pas acceptable. <\/span><\/p>\n La premi\u00e8re condition est de ne pas m\u00e9langer ce qui rel\u00e8ve des rapports entre Etats et ce qui concerne les choix nationaux : les premiers sujets font naturellement l\u2019objet du dialogue international, pour lequel notre pays doit \u00eatre aussi rigoureux et volontaire que la Chine l\u2019est elle-m\u00eame, les seconds rel\u00e8vent du droit de chaque pays \u00e0 s\u2019organiser comme il le souhaite et aucun pays n\u2019est l\u00e9gitime pour chercher \u00e0 imposer \u00e0 des tiers ses propres choix et donner des le\u00e7ons aux autres.<\/span><\/p>\n La deuxi\u00e8me condition est que notre pays, dans un cadre europ\u00e9en mais aussi seul (le si\u00e8ge permanent au Conseil de S\u00e9curit\u00e9 de l\u2019ONU est un atout et conf\u00e8re des responsabilit\u00e9s que d\u2019autres n\u2019ont pas), s\u2019ins\u00e8re dans le dialogue existant entre la Chine et les Etats-Unis. Et, dans ce contexte, la Russie pourrait \u00eatre un alli\u00e9 de poids car elle a tout \u00e0 craindre d\u2019une Chine beaucoup plus peupl\u00e9e que la partie asiatique de son propre territoire, quasiment vide et donc potentiellement attractive.<\/span><\/p>\n Mais, \u00e0 l\u2019\u00e9chelle plan\u00e9taire, l\u2019Europe devrait avoir davantage de poids qu\u2019un seul pays. C\u2019est pourquoi l\u2019initiative prise par le pr\u00e9sident de la R\u00e9publique de recevoir le pr\u00e9sident de la R\u00e9publique populaire de Chine avec la chanceli\u00e8re d\u2019Allemagne et le pr\u00e9sident de la Commission europ\u00e9enne est \u00e9minemment logique. Mais, vu de Chine, quel poids ont aujourd\u2019hui une chanceli\u00e8re sur le d\u00e9part, dont le successeur se d\u00e9marque chaque jour et exprime publiquement des revendications \u00e0 l\u2019\u00e9gard de la France, et le pr\u00e9sident d\u2019une Commission dont l\u2019autorit\u00e9 sera amoindrie dans quelques mois lorsque le nouveau parlement aura \u00e9t\u00e9 \u00e9lu et disposera d\u2019une l\u00e9gitimit\u00e9 plus grande que la sienne ? En outre, pourquoi ne pas avoir convi\u00e9 \u00e9galement le Royaume Uni qui, s\u2019il pr\u00e9f\u00e8re aujourd\u2019hui se d\u00e9lecter dans ses jeux d\u2019alc\u00f4ves politiciens, sera toujours un acteur europ\u00e9en d\u2019importance, et l\u2019Italie, dont le PIB est le troisi\u00e8me de l\u2019Union europ\u00e9enne \u00e0 27 ? Il est vrai que celle-ci avait choisi de faire cavalier seul en signant avec la Chine un accord-cadre relatif aux routes de la soie, sans grand contenu concret toutefois, semble-t-il, mais ne s\u2019agissait-il pas avant tout pour elle de manifester aux Europ\u00e9ens sa lassitude d\u2019\u00eatre toujours trait\u00e9e en paria ? L\u2019Europe ne doit-elle pas accepter que ses membres ne soient pas toujours d\u2019accord et ne serait-elle pas plus forte si elle dialoguait avec ses membres critiques au lieu de les ostraciser ?<\/span><\/p>\n L\u2019Europe doit aussi prendre conscience que les modes de r\u00e9gulation \u00e9conomique qu\u2019elle a choisis ne sont plus n\u00e9cessairement adapt\u00e9s \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 les march\u00e9s ont acquis une dimension mondiale, ainsi que l\u2019affaire Alstom\/Siemens l\u2019a clairement illustr\u00e9. <\/span><\/p>\n Ainsi, les relations avec la Chine montrent les limites actuelles de la construction europ\u00e9enne et l\u2019incapacit\u00e9 de son organisation \u00e0 g\u00e9rer avec efficacit\u00e9 les enjeux du moment.<\/span><\/p>\n S\u2019agit-il de contribuer \u00e0 la croissance mondiale en utilisant pour le bien-\u00eatre de tous les \u00e9normes moyens financiers accumul\u00e9s par la Chine ? D\u2019\u0153uvrer au b\u00e9n\u00e9fice de l\u2019entente entre les pays et entre les peuples ? De mettre en place des instruments de domination permettant au pouvoir chinois d\u2019acqu\u00e9rir un droit de regard, en fait de cod\u00e9cision, dans toutes les zones concern\u00e9es ? De promouvoir les entreprises chinoises en leur ouvrant des march\u00e9s ?… Sans doute de tout cela \u00e0 la fois. Mais quelle est la v\u00e9ritable hi\u00e9rarchie des priorit\u00e9s ? <\/span><\/p>\n Les Chinois n\u2019aident gu\u00e8re leurs interlocuteurs \u00e0 se positionner car, depuis l\u2019annonce du projet par le pr\u00e9sident XI Jinping en septembre 2013 \u00e0 l\u2019universit\u00e9<\/span> Nazarbayev du Kazakhstan, les objectifs et les modalit\u00e9s demeurent assez flous. Les montants concern\u00e9s varient mais les ordres de grandeur sont tels (on parle de 1700 Md$ par an pour la seule Asie) qu\u2019ils en deviennent d\u00e9connect\u00e9s de toute perception concr\u00e8te. Les modes de financement demeurent incertains. Certaines \u00e9tudes montrent que 95 % des projets d\u00e9j\u00e0 r\u00e9alis\u00e9s ont \u00e9t\u00e9 confi\u00e9s \u00e0 des entreprises chinoises, ce qui fait craindre une mainmise du processus par les seuls int\u00e9r\u00eats chinois ; mais ces projets ont, pour l\u2019essentiel, \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9s dans des zones dans lesquelles le potentiel local, c\u2019est-\u00e0-dire la concurrence, \u00e9tait faible. Sans doute les possibilit\u00e9s sont-elles diverses et les modes de d\u00e9finition, de financement et de pilotage des projets peuvent varier d\u2019un cas \u00e0 l\u2019autre : l\u2019imagination doit avoir une place dans le processus, mais il ne faut pas oublier que la Chine dispose de moyens financiers que la France n\u2019a pas, ce qui place in\u00e9vitablement cette derni\u00e8re en position de faiblesse.<\/span><\/p>\n La prudence est donc de mise. Il serait autant absurde de refuser de participer au processus que d\u2019accepter d\u2019y jouer un r\u00f4le sans savoir \u00e0 quoi l\u2019on s\u2019engage. C\u2019est, semble-t-il, la ligne que les Europ\u00e9ens ont exprim\u00e9e au pr\u00e9sident chinois, et l\u2019on ne peut que s\u2019en r\u00e9jouir.<\/span><\/p>\n Mais son succ\u00e8s suppose, d\u2019une part qu\u2019au nom du r\u00e9alisme la Chine accepte de perdre ses privil\u00e8ges \u00e9conomiques qui ne se justifient plus, d\u2019autre part que la France \u0153uvre \u00e0 ce qu\u2019au nom du m\u00eame r\u00e9alisme l\u2019Europe fonctionne de mani\u00e8re plus efficace. Il n\u2019est pas certain que le challenge le plus difficile soit en Asie.<\/span><\/p>\n *Jean-Philippe Duranthon, membre fondateur de Geopragma <\/strong><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Billet d’Humeur du 28 mars 2019, par Jean-Philippe Duranthon* Caroline Galact\u00e9ros a publi\u00e9 le 25 mars un \u00ab billet du lundi \u00bb consacr\u00e9, dans la perspective de la visite en France du pr\u00e9sident de la R\u00e9publique populaire de Chine, aux relations entre la France et ce pays. 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1\/ Sur le plan international, <\/span>la Chine joue un triple r\u00f4le<\/b><\/span> :<\/span><\/h4>\n
2\/ <\/span>Faut-il, d\u00e8s lors que la Chine s\u2019est ainsi clairement \u00ab r\u00e9veill\u00e9e \u00bb, \u00ab trembler \u00bb<\/b><\/span>, ainsi que Napol\u00e9on, s\u2019il faut en croire Alain Peyrefitte, nous l\u2019a conseill\u00e9 ?<\/span><\/h4>\n
3\/ <\/span>Restent les questions \u00e9conomiques<\/b><\/span>. <\/span><\/h4>\n
4\/ <\/span>Comment faire ?<\/b><\/span><\/h4>\n
5\/ <\/span>Comment appr\u00e9cier, dans ce contexte, les \u00ab routes de la soie \u00bb<\/b><\/span> (\u00ab Belt and Road Initiative \u00bb ou BRI) ? <\/span><\/h4>\n
6\/ <\/span>Le d\u00e9veloppement des relations entre la France et la Chine est \u00e9minemment souhaitable<\/b><\/span>. <\/span><\/h4>\n