{"id":555,"date":"2019-02-25T12:31:17","date_gmt":"2019-02-25T11:31:17","guid":{"rendered":"http:\/\/geopragma.fr\/?p=555"},"modified":"2021-09-21T15:31:40","modified_gmt":"2021-09-21T13:31:40","slug":"g-chesnel-la-mer-de-chine-meridionale","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/geopragma.fr\/g-chesnel-la-mer-de-chine-meridionale\/","title":{"rendered":"G. Chesnel : \u00ab\u00a0La Mer de Chine M\u00e9ridionale\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"
BILLET DU LUNDI du 25\/02\/2019 par G\u00e9rard Chesnel*<\/span><\/strong><\/p>\n La deuxi\u00e8me rencontre entre Kim Jong-un et Donald Trump aura lieu \u00e0 Hanoi les 27 et 28 f\u00e9vrier prochains. Le choix du lieu n\u2019est pas sans int\u00e9r\u00eat. Kim Jong-un, \u00e0 n\u2019en pas douter, se sentira \u00e0 l\u2019aise dans un pays dont les dirigeants se classent encore parmi les communistes purs et durs. Et le brillant essor \u00e9conomique du Vietnam pourra l\u2019inspirer. <\/span>Donald Trump, lui, s\u2019est d\u00e9j\u00e0 rendu au Vietnam en novembre 2017 \u00e0 l\u2019occasion du Sommet de l\u2019APEC. Mais c\u2019\u00e9tait \u00e0 Danang. Une visite \u00e0 Hanoi d\u2019un Pr\u00e9sident am\u00e9ricain est toujours charg\u00e9e de symboles. Mais il y a plus. Il y a l\u2019enjeu du contr\u00f4le de la Mer de Chine M\u00e9ridionale, o\u00f9 la Chine est de plus en plus pr\u00e9sente alors que le reste du monde conteste sa souverainet\u00e9 sur cette zone.<\/span><\/p>\n Ce probl\u00e8me ne date pas d\u2019hier et notre pays y a jou\u00e9 un certain r\u00f4le. Pour simplifier, disons que les \u00eeles, \u00eelots, r\u00e9cifs et hauts-fonds qui pars\u00e8ment cette mer se regroupent en deux archipels, les Paracels (Xisha en chinois) et les Spratlys (Nansha en chinois). Selon les termes du trait\u00e9 mettant fin \u00e0 la guerre franco-chinoise et d\u00e9limitant la fronti\u00e8re sino-vietnamienne en 1887, ces deux archipels furent reconnus comme faisant partie de l\u2019Empire chinois. Ce qui n\u2019emp\u00eacha pas la France de les annexer en 1932, au nom de son protectorat, l\u2019Empire d\u2019Annam. Les protestations de la R\u00e9publique de Chine, successeur de l\u2019Empire chinois, n\u2019y chang\u00e8rent rien et en 1938, l\u2019empereur d\u2019Annam, Bao Dai, rattacha les Paracels \u00e0 la province de Thua Thi\u00ean. Pour peu de temps car l\u2019arm\u00e9e japonaise occupa les deux archipels de f\u00e9vrier 1939 \u00e0 ao\u00fbt 1945. La R\u00e9publique de Chine, suivant les termes des d\u00e9clarations du Caire et de Potsdam, prit la place du Japon en 1946, installa une garnison et planta son drapeau sur Itu Aba, principale \u00eele des Spratlys. Mais elle ramena ses troupes \u00e0 Taiwan, apr\u00e8s sa d\u00e9faite contre les communistes et ces \u00eeles furent quasiment inoccup\u00e9es jusqu\u2019en 1956. A cette date, \u00e0 la suite de revendications fort peu fond\u00e9es d\u2019un activiste philippin, la R\u00e9publique de Chine (Taiwan) r\u00e9occupa Itu Aba o\u00f9 elle se trouve encore aujourd\u2019hui.<\/span><\/p>\n La R\u00e9publique Populaire de Chine, de son c\u00f4t\u00e9, reprit \u00e0 son compte les revendications chinoises sur l\u2019ensemble de la zone. Et le 19 janvier 1974, la marine chinoise d\u00e9fit la marine sud-vietnamienne et occupa les \u00eeles Paracels, avec l\u2019accord du Nord-Vietnam qu\u2019elle aidait dans sa guerre contre les Etats-Unis. Mais Hanoi revint sur cet accord apr\u00e8s avoir vaincu les Etats-<\/span>Unis et annex\u00e9 le Sud Vietnam et, aujourd\u2019hui, revendique les Paracels, tout comme, d\u2019ailleurs les Spratlys. <\/span><\/p>\n EPA\/ARMED FORCES OF THE PHILIPPINES<\/p><\/div>\n Ces archipels, dont l\u2019importance strat\u00e9gique n\u2019\u00e9tait gu\u00e8re reconnue et l\u2019int\u00e9r\u00eat \u00e9conomique ignor\u00e9, prirent une importance inattendue lorsqu\u2019on s\u2019aper\u00e7ut qu\u2019ils pouvaient receler des r\u00e9serves d\u2019hydrocarbures. De plus si l\u2019on suit la logique de la Convention de Montego Bay sur le Droit de la Mer d\u00e9finissant une Zone Economique Exclusive (ZEE) de 200 milles marins autour de toute terre \u00e9merg\u00e9e (adopt\u00e9e par l\u2019ONU en 1973 mais non reconnue par Washington), la possession d\u2019une seule \u00eele entra\u00eenait le contr\u00f4le d\u2019une grande partie de la mer. Ainsi les app\u00e9tits furent-ils aiguis\u00e9s et, \u00e0 c\u00f4t\u00e9 des revendications s\u00e9culaires de la Chine et du Vietnam apparurent celles des Philippines (pour la partie orientale des Spratlys), de la Malaisie et de Brunei.<\/span><\/p>\n De tous ces pays, la R\u00e9publique Populaire de Chine est de loin la plus active, \u00e0 la fois sur le plan politique et sur le plan militaire. P\u00e9kin n\u2019a jamais cess\u00e9 de revendiquer l\u2019ensemble de la mer et de ses \u00eeles. Un modus vivendi<\/i> rassemblant les parties prenantes avait commenc\u00e9 \u00e0 se cr\u00e9er au d\u00e9but de la d\u00e9cennie pr\u00e9c\u00e9dente avec la \u00ab D\u00e9claration sur la conduite des parties en mer de Chine M\u00e9ridionale \u00bb (2002), mais la Chine, forte de l\u2019appui de la Russie (des man\u0153uvres de grande envergure russo-chinoises ont eu lieu en Mer Jaune en septembre 2005) s\u2019est dot\u00e9e d\u2019une flotte imposante et a repris une attitude conqu\u00e9rante. Elle occupe effectivement une bonne partie des Spratlys (le sort des Paracels paraissant d\u00e9finitivement r\u00e9gl\u00e9) et elle augmente son emprise en am\u00e9nageant des r\u00e9cifs pour les transformer en \u00eeles. Rappelons que selon la Convention de Montego Bay, un rocher peut avoir des eaux territoriales mais pas de ZEE. La transformation d\u2019un r\u00e9cif en \u00eele permanente a donc un grand int\u00e9r\u00eat. Selon le Japon, qui a r\u00e9cemment d\u00e9cid\u00e9 de prendre position dans cette affaire, la Chine aurait remblay\u00e9 13,5 km2 <\/span>sur 9 r\u00e9cifs, cr\u00e9ant au passage des d\u00e9g\u00e2ts environnementaux consid\u00e9rables.<\/span><\/p>\n L\u2019ancien Pr\u00e9sident philippin, Benigno Aquino III, a saisi la Cour Permanente d\u2019Arbitrage de La Haye (CPA) et obtenu un jugement d\u00e9favorable \u00e0 la Chine le 12 juillet 2016, mais celle-ci n\u2019a pas reconnu la comp\u00e9tence de la Cour en cette affaire (suivie d\u2019ailleurs par Taipei) et a poursuivi ses travaux d\u2019occupation. L\u2019actuel Pr\u00e9sident philippin, Rodrigo Duterte, peu soucieux de confronter sa minuscule flotte de guerre \u00e0 l\u2019\u00e9norme armada chinoise, a pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 composer et, laissant de c\u00f4t\u00e9 les questions de souverainet\u00e9, n\u00e9gocier avec la Chine une exploitation commune des ressources en hydrocarbures.<\/span><\/p>\n Aujourd\u2019hui P\u00e9kin poursuit son dessein sans faiblir et c\u2019est la libert\u00e9 de circulation dans cette immense zone qu\u2019est la mer de Chine M\u00e9ridionale qui est en jeu. Les Etats-Unis temp\u00eatent et envoient de temps \u00e0 autre leur flotte dans la r\u00e9gion. L\u2019escale, en mars 2018, du porte-avion am\u00e9ricain Carl Vinson \u00e0 Danang a manifest\u00e9 de fa\u00e7on spectaculaire cette volont\u00e9 de pr\u00e9sence, avec par cons\u00e9quent l\u2019appui du Vietnam. Il semble, \u00e0 l\u2019heure actuelle, que la d\u00e9fense de la libert\u00e9 de navigation repose essentiellement sur les Etats-Unis. Le choix de Hanoi pour la rencontre Kim-Trump n\u2019est, de ce point de vue, sans doute pas gratuit et il ne faut pas douter que P\u00e9kin, habile \u00e0 interpr\u00e9ter les signes, saisira le message. Mais il en faudra beaucoup plus pour faire d\u00e9vier la Chine de la route qu\u2019elle s\u2019est trac\u00e9e. <\/span><\/p>\n Et l\u2019Europe dans tout \u00e7a ? Certes nous sommes bien loin de nos territoires de chasse habituels. Mais devons-nous pour autant laisser seuls jouer dans la cour des grands les Etats Unis, la Russie et la Chine, qui n\u2019ont d\u00e9j\u00e0 que trop tendance \u00e0 nous ignorer ? Pour nous, il ne s\u2019agit pas de soutenir telle ou telle revendication territoriale. Il ne s\u2019agit pas plus de partager le g\u00e2teau des hydrocarbures (dont l\u2019importance n\u2019a d\u2019ailleurs pas encore \u00e9t\u00e9 pr\u00e9cis\u00e9ment \u00e9valu\u00e9e). Ce qui est en jeu est avant tout la libert\u00e9 de circulation dans une mer qui nous avait toujours \u00e9t\u00e9 ouverte. Et \u00e0 terme il y aurait encore plus grave si la Chine, une fois ses ambitions satisfaites dans cette r\u00e9gion, concentrait ses efforts sur les micro-Etats du Pacifique, auxquels elle a, au demeurant, commenc\u00e9 \u00e0 s\u2019int\u00e9resser s\u00e9rieusement (y compris nos territoires et notamment la Polyn\u00e9sie fran\u00e7aise). Les flottes fran\u00e7aises du Pacifique et de l\u2019Oc\u00e9an Indien ne sont pas loin. Elles croisent r\u00e9guli\u00e8rement dans la zone. La Marine britannique, de son c\u00f4t\u00e9, garde un \u0153il attentif sur la situation. Alors, pourquoi ne pas aller ensemble faire des ronds dans l\u2019eau entre Vietnam et Philippines ?<\/span><\/p>\n *G\u00e9rard Chesnel, membre fondateur de Geopragma<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" BILLET DU LUNDI du 25\/02\/2019 par G\u00e9rard Chesnel* La deuxi\u00e8me rencontre entre Kim Jong-un et Donald Trump aura lieu \u00e0 Hanoi les 27 et 28 f\u00e9vrier prochains. Le choix du lieu n\u2019est pas sans int\u00e9r\u00eat. 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