{"id":18269,"date":"2022-11-01T23:32:47","date_gmt":"2022-11-01T22:32:47","guid":{"rendered":"https:\/\/geopragma.fr\/?p=18269"},"modified":"2022-11-20T23:59:50","modified_gmt":"2022-11-20T22:59:50","slug":"un-nouvel-ordre-mondial-quelles-confrontations-a-venir-focus-sur-les-minorites-russophones-hors-de-russie","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/geopragma.fr\/un-nouvel-ordre-mondial-quelles-confrontations-a-venir-focus-sur-les-minorites-russophones-hors-de-russie\/","title":{"rendered":"Un nouvel ordre mondial : quelles confrontations \u00e0 venir ? Focus sur les minorit\u00e9s russophones hors de Russie."},"content":{"rendered":"\n

Essai r\u00e9dig\u00e9 par Pierre Conesa et Christopher Coonen, membres du Conseil d’orientation strat\u00e9gique et du Conseil d’administration de Geopragma.<\/p>\n\n\n\n

La crise ukrainienne actuelle d\u00e9montre que nous avons peut-\u00eatre mal per\u00e7u les motivations complexes mais fondamentales de Vladimir Poutine et des citoyens russes de prot\u00e9ger les int\u00e9r\u00eats nationaux vitaux de la Russie et de ses populations : s\u00e9curisation de l\u2019\u00ab \u00e9tranger proche \u00bb militairement parlant en s\u2019assurant surtout que les ex-r\u00e9publiques sovi\u00e9tiques socialistes (RSS) restent hors de l\u2019OTAN, et assurer une protection pour les russophones de l\u2019\u00e9tranger, voire aux d\u00e9tenteurs de passeports russes. L\u2019Ukraine est \u00e0 la crois\u00e9e de toutes ces probl\u00e9matiques, mais d\u2019autres anciennes r\u00e9publiques sovi\u00e9tiques comme d\u2019autres territoires sont concern\u00e9s, et pourraient devenir des enjeux de crises ou de conflits futurs. Les fronti\u00e8res administratives sovi\u00e9tiques devenues fronti\u00e8res internationales ont d\u00e9coup\u00e9 de nouveaux \u00e9tats \u00e0 l\u2019histoire compliqu\u00e9e passant d\u2019un empire \u00e0 l\u2019autre et composites ethniquement (par la volont\u00e9 de Staline mais pas seulement). De plus, l\u2019affirmation identitaire post-1992 s\u2019est av\u00e9r\u00e9e tr\u00e8s diff\u00e9rente selon les pays : parfois violente contre les minorit\u00e9s russes, parfois plus tol\u00e9rante.<\/p>\n\n\n\n

Avec la guerre en Ukraine, le droit international est aujourd\u2019hui en pleine contradiction : le respect de l\u2019int\u00e9grit\u00e9 territoriale des \u00e9tats, y compris ceux n\u00e9s de l\u2019\u00e9clatement de l\u2019URSS, et le droit des peuples \u00e0 disposer d\u2019eux-m\u00eames, y compris pour les quelques 20 \u00e0 25 millions de Russes dispers\u00e9s hors de Russie ; enfin l\u2019ambig\u00fcit\u00e9 de la notion de \u00ab responsabilit\u00e9 de prot\u00e9ger \u00bb (R2P) employ\u00e9e de mani\u00e8re s\u00e9lective par les Occidentaux, dont les USA ne se privent pas, pour d\u00e9stabiliser la Russie et grignoter son \u00ab \u00e9tranger proche \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Regardons de plus pr\u00e8s l\u2019Histoire et la composition de ces populations dans les ex-r\u00e9publiques sovi\u00e9tiques, ou de ces territoires de l\u2019ancien Empire russe, qui sont complexes et qu\u2019il faut donc appr\u00e9hender avec lucidit\u00e9 et pragmatisme.<\/p>\n\n\n\n

Ce document est une cartographie d\u00e9mographique, territoriale et d\u2019histoire, avec en fin une analyse des ex-RSS et territoires que nous pensons \u00eatre le plus concern\u00e9s par des crises potentielles \u00e0 venir. <\/p>\n\n\n

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Difficult\u00e9 de m\u00e9thodologie et de quantification<\/strong><\/td><\/tr><\/tbody><\/table><\/figure>\n\n\n\n

La diaspora russe n\u2019est pas une diaspora au sens strict du terme et n\u2019est m\u00eame pas toujours \u00ab russe \u00bb. Il s\u2019agit plut\u00f4t d\u2019une diaspora post-sovi\u00e9tique, c\u2019est-\u00e0-dire issue d\u2019un \u00e9tat imp\u00e9rial multiethnique d\u00e9c\u00e9d\u00e9 :<\/p>\n\n\n\n

  • Historiquement, certaines diasporas datent du XVIIe<\/sup> si\u00e8cle, d’autres sont post\u00e9rieures \u00e0 1940 ;<\/li>
  • Les causes de leur dispersion sont variables : recherche de ressources (fourrures, minerais, \u00e9tablissement de communaut\u00e9s Cosaques sous l’Empire ; expatriation religieuse cons\u00e9cutive \u00e0 des pers\u00e9cutions, comme les Doukhobors ou des Lipov\u00e8nes (vieux croyants) ; enfin d\u00e9portation et assignation \u00e0 r\u00e9sidence dans de nouvelles r\u00e9gions pendant l’\u00e8re sovi\u00e9tique ;<\/li>
  • Certaines populations ont \u00e9t\u00e9 russifi\u00e9es, la langue russe devenant la langue de communication entre les divers peuples (comme au Kazakhstan par exemple) ;<\/li>
  • Le nombre et la proportion de russophones sont variables : plus ou moins 20 % au Kazakhstan, entre 10% et 20% dans la plupart des anciennes provinces de l\u2019Empire, beaucoup moins dans les autres pays ;<\/li>
  • R\u00e9cemment, les Abkhazes et les Oss\u00e8tes du Sud, reconnus comme ind\u00e9pendants de la G\u00e9orgie par la Russie, ne sont pas \u00e0 proprement parler russophones, mais ils seraient russophiles. Moscou leur a distribu\u00e9 des passeports russes sous pr\u00e9texte que la loi russe permet d’en attribuer \u00e0 tous les citoyens de l\u2019ex-Union sovi\u00e9tique.  Les Abkhazes et les Oss\u00e8tes, ne voulant pas de passeports g\u00e9orgiens, \u00e9taient d\u00e9pourvus de documents pour voyager plus facilement dans certains pays ;<\/li>
  • Enfin, le rapport entre Moscou et certains \u00e9tats membres de l\u2019URSS a \u00e9t\u00e9 parfois brutal et les m\u00e9moires historiographiques sont tr\u00e8s diff\u00e9rentes. <\/li><\/ul>\n\n\n\n

    La population russe ou russophone vivant hors des fronti\u00e8res repr\u00e9senterait un ensemble de 15 \u00e0 25 millions de personnes. Certains documents \u00e9voquent 30 millions. D’apr\u00e8s le dernier recensement sovi\u00e9tique (1989), les Russes \u00ab ethniques \u00bb vivant hors de Russie \u00e9taient environ 25 millions. L\u2019estimation change en fonction de l\u2019adjectif utilis\u00e9 pour d\u00e9finir l\u2019objet \u2013 \u00ab russkij<\/em> \u00bb ou \u00ab rossijskij<\/em> \u00bb. Dans le premier cas, c\u2019est le nombre de Russes ethniques que l\u2019on \u00e9value, alors que dans le second, il s\u2019agit de tous les exil\u00e9s originaires de l\u2019Empire russe\/URSS\/Russie multinationaux.<\/p>\n\n\n\n

    En qualifiant toute l\u2019\u00e9migration de \u00ab russkaja \u00bb<\/em>, les chercheurs, souvent \u00e0 leur insu, la d\u00e9peignent comme \u00e9tant mono-nationale et prolongent le \u00ab mythe de l\u2019\u00e9migr\u00e9 \u00bb, vieille tradition litt\u00e9raire des \u00ab publicistes \u00bb \u00e9migr\u00e9s et non pas fruit de l\u2019analyse des historiens. Gueorgui Poltavtchenko, maire de Saint-P\u00e9tersbourg, avance lui, le chiffre de 35 millions. L\u00e9onid Sloutski, d\u00e9put\u00e9 \u00e0 la Pr\u00e9sidence du Comit\u00e9 des relations avec les compatriotes \u00e0 l\u2019\u00e9tranger, parle de \u00ab plus de 30 millions \u00bb ; Konstantin Kosatchev, ancien patron de Rossotroudnichestvo,<\/em> l\u2019agence f\u00e9d\u00e9rale charg\u00e9e des relations avec les compatriotes \u00e0 l\u2019\u00e9tranger, parle aussi d\u2019\u00ab environ 30 millions de personnes \u00bb. Ces disparit\u00e9s d\u2019\u00e9valuation sont amplifi\u00e9es par le manque de statistiques fiables disponibles, en Russie comme dans la plupart des pays d\u2019accueil. Pour la clart\u00e9 du d\u00e9bat, il est n\u00e9cessaire d\u2019introduire en fran\u00e7ais les nuances que la langue russe propose entre une d\u00e9finition linguistique, ethnique et culturelle de la russit\u00e9 (\u00ab russkij \u00bb)<\/em> que nous traduirons ici par \u00ab russe \u00bb et une d\u00e9finition \u00e9tatique et civique de l\u2019adjectif russe (\u00ab rossiskij \u00bb),<\/em> terme utilis\u00e9 par Mme Laruelle (IFRI).<\/p>\n\n\n\n

    A la lumi\u00e8re de la crise ukrainienne, on peut s\u2019interroger sur cet ensemble disparate, l’assistance aux minorit\u00e9s nationales pouvant \u00eatre la cause ou le pr\u00e9texte de tensions dangereuses.<\/strong><\/p>\n\n\n\n

    COMPLEXITE DU SUJET<\/strong><\/p>\n\n\n\n

    L\u2019h\u00e9t\u00e9rog\u00e9n\u00e9it\u00e9 de la diaspora offre au Kremlin des possibilit\u00e9s infinies de la construire et la reconstruire en fonction de ses besoins politiques conjoncturels. Le politologue Vladimir Malakhov propose ainsi cinq d\u00e9finitions des \u00ab compatriotes \u00bb : citoyens de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie vivant \u00e0 l\u2019\u00e9tranger ; \u00e9migr\u00e9s de l\u2019Empire russe et de l\u2019URSS ; anciens citoyens sovi\u00e9tiques russophones ; Russes ethniques ; et enfin, l\u2019ensemble de tous les anciens citoyens de l\u2019URSS.<\/strong> En fonction des postulats id\u00e9ologiques de d\u00e9part, on souligne des aspects diff\u00e9rents de la diaspora : l\u2019h\u00e9ritage sovi\u00e9tique, la langue russe ou l\u2019appartenance \u00e0 la nation russe. Dans le cas des Russes \u00e9tablis dans les anciennes r\u00e9publiques sovi\u00e9tiques correspondant \u00e0 tous ces crit\u00e8res, le Kremlin adopte une approche relativement \u00ab directe \u00bb  en cherchant \u00e0 les instrumentaliser : passeport russe, invitation \u00e0 rentrer en Russie et peut \u00eatre attisant leur irr\u00e9dentisme.<\/p>\n\n\n\n

    <\/p>\n\n\n\n

    Etat des lieux dans les quinze r\u00e9publiques issues de la d\u00e9composition de l’URSS en 1990-1991 :<\/strong>

    La F\u00e9d\u00e9ration de Russie<\/em><\/strong>
    La F\u00e9d\u00e9ration de Russie est tr\u00e8s h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne, souvenir des conqu\u00eates tsaristes, entam\u00e9es d\u00e8s le XVIe si\u00e8cle. Elle comporte aujourd’hui 89 \u00ab entit\u00e9s territoriales \u00bb<\/em> aux statuts variables, R\u00e9publiques, R\u00e9gions, Territoires autonomes, Villes (Moscou et Saint-P\u00e9tersbourg). Bien que 80% de la population se d\u00e9finisse au d\u00e9but du XXIe si\u00e8cle comme orthodoxe, le nombre de \u00ab nationalit\u00e9s \u00bb<\/em> f\u00e9d\u00e9r\u00e9es serait de plus de 120. La r\u00e9gion du Nord Caucase, comprenant l’Ingouchie, le Daguestan et la Tch\u00e9tch\u00e9nie, est musulmane et partage une tradition d’Islam confr\u00e9rique. Parmi les ethnies minoritaires, on compte des Tatars (origine turco-mongole), des Iakoutes ou encore des Ukrainiens.

    Les \u00c9tats slaves<\/strong>  <\/strong><\/em>

    L’Ukraine<\/strong> (langue officielle : l\u2019Ukrainien)
    Il y aurait 14 millions de russophones soit 31% de la population.

    Le B\u00e9larus<\/strong>, ou Bi\u00e9lorussie
    La langue officielle est le Russe.
    En russe (\u00ab Russie blanche <\/em>\u00bb), aux IXe et XIIIe si\u00e8cles, ce territoire faisait partie de la \u00ab Rus \u00bb<\/em>, embryon de la Russie constitu\u00e9 autour de Kiev. Il subit ensuite une forte influence polonaise. \u00c0 la fin du XVIIIe si\u00e8cle, le partage de la Pologne le fit tomber dans l’escarcelle russe. Dans les ann\u00e9es 1920, la Bi\u00e9lorussie devint l\u2019une des r\u00e9publiques de l’URSS, seul pays d’Europe \u00e0 ne pas solliciter une adh\u00e9sion \u00e0 l’Union Europ\u00e9enne. La langue russe est utilis\u00e9e quotidiennement par plus de 60% de la population.

    L’Asie centrale<\/strong>  <\/strong> <\/em>

    Elle serait le berceau du peuple turc. En 1918 fut cr\u00e9\u00e9e une \u00e9ph\u00e9m\u00e8re R\u00e9publique du Turkestan, rattach\u00e9e \u00e0 la Russie, qui englobait l’Asie centrale \u00e0 l’exception des steppes du Kazakhstan. Entre 1924 et 1936, les fronti\u00e8res de l’Asie centrale furent redessin\u00e9es et cinq r\u00e9publiques sovi\u00e9tiques cr\u00e9\u00e9es : le Kazakhstan, l’Ouzb\u00e9kistan, le Turkm\u00e9nistan, le Kirghizstan et le Tadjikistan. Elles acquirent toutes leur ind\u00e9pendance en 1991 sans que leurs peuples en aient clairement manifest\u00e9 le d\u00e9sir. Dans ces cinq \u00c9tats, la religion sunnite est majoritaire, mais le poids des minorit\u00e9s ethniques et religieuses varie d’un \u00c9tat \u00e0 l’autre, la tendance semblant \u00eatre partout \u00e0 l’ethnicisation de la vie politique, au b\u00e9n\u00e9fice des groupes majoritaires.    <\/strong>

    Le Kazakhstan<\/strong>
    Vaste et peu peupl\u00e9 (environ 16 millions d’habitants pour une superficie de 2,7 millions km2), il compte une forte minorit\u00e9 russe (3,8 M de personnes ou 19%  de la population et qui sont russophones) ; la population est constitu\u00e9e aussi de 68,5 % de Kazakhs, 3,2 % d’Ouzbeks, 1,4 % d’Ukrainiens, 1,4 % d’Ou\u00efghours, 1,1 % de Tatars, 1 % d’Allemands et 4,5 % d’autres groupes (Bi\u00e9lorusses, Az\u00e9ris, Polonais et Lituaniens). Le pays est chr\u00e9tien dans les \u00ab terres vierges \u00bb<\/em> du nord mises en culture dans les ann\u00e9es 1950 ; cet Oblast de Pavlodar, initialement r\u00e9gion russe, et peupl\u00e9e de russophones, a \u00e9t\u00e9 int\u00e9gr\u00e9 au Kazakhstan car c\u2019est une r\u00e9gion tr\u00e8s industrielle et mini\u00e8re avec de grandes mines de charbon, ce qui releva l’\u00e9conomie en retard de la R\u00e9publique. Un d\u00e9coupage territorial r\u00e9alis\u00e9 par Staline. Les Slaves constituent environ un tiers de la population face \u00e0 une moiti\u00e9 de Kazakhs turcophones traditionnellement nomades. La r\u00e9gion fut islamis\u00e9e au IXe si\u00e8cle et ravag\u00e9e par les Mongols de Gengis Khan au XIIIe si\u00e8cle. Int\u00e9gr\u00e9e \u00e0 l’Empire russe au cours du XIXe si\u00e8cle, elle fut utilis\u00e9e comme terre de d\u00e9portation par Staline qui y envoya des groupes ethniques parfois entiers : Tatars de Crim\u00e9e, Polonais, Tch\u00e9tch\u00e8nes, Allemands de la Volga et de la Mer Noire, Cor\u00e9ens, et autres.  

    L’Ouzb\u00e9kistan<\/strong>
    Plus peupl\u00e9 que son grand voisin et riche en p\u00e9trole et en gaz naturel, l’Ouzb\u00e9kistan conserve \u00e0 Samarcande et Boukhara le souvenir de Tamerlan et de la civilisation irano-mongole. Depuis l’ind\u00e9pendance du pays, en 1991, le pr\u00e9sident Islam Karimov tient le pouvoir. 14% de russophones soit 4,8 M d\u2019habitants.

    Le Tadjikistan<\/strong> 
    Constitu\u00e9 de plateaux peu fertiles, le Tadjikistan a \u00e9t\u00e9 s\u00e9par\u00e9 de l’Ouzb\u00e9kistan en 1929 pour former une r\u00e9publique f\u00e9d\u00e9r\u00e9e de l’URSS \u00e0 part enti\u00e8re. Cette cr\u00e9ation l\u2019a coup\u00e9 du pays de Samarcande et de Boukhara, et des anciens grands centres de la culture persane en Asie centrale, alors que le Tadjikistan est peupl\u00e9 d’une majorit\u00e9 de Tadjiks, musulmans de langue perse, par opposition aux Turkm\u00e8nes, Ouzbeks, Kazakhs et Kirghizes de langue turque. Entre 1992 et 1996, une guerre civile pour l’acc\u00e8s au pouvoir a d\u00e9chir\u00e9 le pays entre les pouvoirs n\u00e9o-communistes, d\u00e9mocrates et islamistes. 600 000 \u00e0 700 000 russophones ou 7.5% de la population.  

    Le Turkm\u00e9nistan<\/strong>
    Cinq millions d’habitants dont 75% de Turkm\u00e8nes. Le d\u00e9sert de Karakoum couvre les trois quarts de sa superficie. Sur la sc\u00e8ne internationale, il a choisi d’adopter une posture de \u00ab neutralit\u00e9 perp\u00e9tuelle \u00bb<\/em> apr\u00e8s son accession \u00e0 l’ind\u00e9pendance, tandis qu’\u00e0 l’int\u00e9rieur le pays est pass\u00e9 du r\u00e9gime sovi\u00e9tique \u00e0 un parti unique, dirig\u00e9 par le pr\u00e9sident Niazov (12% de russophones ou 660 000 habitants).  <\/strong>  <\/strong>  <\/strong>

    Le Kirghizistan<\/strong>
    Peupl\u00e9 d’une faible majorit\u00e9 de Kirghizes et d’un tiers de Russes, c\u2019est un pays montagneux qui a m\u00eame parfois \u00e9t\u00e9 surnomm\u00e9 \u00ab la Suisse d’Asie centrale \u00bb<\/em>. C’est \u00e9galement le pays qui a le mieux r\u00e9sist\u00e9 \u00e0 la pente autoritaire apr\u00e8s l’effondrement de l’URSS (9% de russophones ou 600 000 habitants).  

    La Moldavie<\/strong> <\/em>

    La Moldavie est enclav\u00e9e entre la Roumanie et l\u2019Ukraine. Elle est peupl\u00e9e de deux tiers de Moldaves \u00ab de souche \u00bb<\/em> (cousins tr\u00e8s proches des Roumains) et de minorit\u00e9s ukrainiennes, russes et gagaouzes (turcophones). Conquise par l’empereur Trajan au d\u00e9but du IIe si\u00e8cle apr\u00e8s JC, la Moldavie s’\u00e9mancipe de la tutelle hongroise avec le roi Bogdan mais tombe au milieu du XVIe si\u00e8cle sous la domination de l’empire ottoman. \u00c0 partir de la fin du XVIIe si\u00e8cle elle se retrouve sous un double protectorat ottoman et russe. En 1812 elle est c\u00e9d\u00e9e \u00e0 l\u2019Empire russe et la Russie tsariste s’approprie notamment le territoire de Bessarabie. Celui-ci en fit son \u00ab gouvernement de Bessarabie \u00bb et y organisa une colonisation entra\u00eenant l’installation de nombreuses populations autres que les Moldaves, qui rest\u00e8rent cependant majoritaires. En 1924, les Sovi\u00e9tiques donnent naissance \u00e0 une R\u00e9publique de Moldavie rattach\u00e9e \u00e0 l’Ukraine. De 1941 \u00e0 1944, elle est occup\u00e9e par la Roumanie, alli\u00e9e de l’Allemagne nazie. R\u00e9cup\u00e9r\u00e9 par l’URSS, le territoire subit une intense \u00ab russification \u00bb<\/em>, et l’installation de nombreux Russes et Ukrainiens. En 1989, le r\u00e9veil du sentiment national entra\u00eene de grandes manifestations dont les revendications se focalisent sur la d\u00e9fense de la langue et de l’identit\u00e9 culturelle moldaves. En 1991, la Moldavie proclame son ind\u00e9pendance et devient membre de la Communaut\u00e9 des Etats Ind\u00e9pendants (CEI) qui est issue de l\u2019\u00e9clatement de l\u2019Union Sovi\u00e9tique. Elle est admise \u00e0 l\u2019ONU en mars 1992. La Moldavie se situe dans la zone d\u2019influence russe et fait toujours partie de la CEI, mais situ\u00e9e aux fronti\u00e8res orientales de l’Union europ\u00e9enne et de l’OTAN, elle est aussi membre de l’Organisation pour la d\u00e9mocratie et le d\u00e9veloppement (GUAM) du partenariat pour la paix de l’OTAN depuis 1994, de l’accord de libre-\u00e9change centre-europ\u00e9en, et du Partenariat oriental de l\u2019UE depuis 2009. Elle a aussi un accord d’association avec l\u2019UE depuis 2016 et depuis juin 2022, elle est candidate officielle pour l’adh\u00e9sion \u00e0 l\u2019UE. Les russophones (16% ou 400 000 habitants) proclament leur propre \u00c9tat, la \u00ab R\u00e9publique du Dniestr \u00bb<\/em>, en Transniestrie, \u00e0 l’est du pays. L’arm\u00e9e moldave \u00e9choue \u00e0 reprendre le contr\u00f4le de cette r\u00e9publique s\u00e9cessionniste prot\u00e9g\u00e9e par l’arm\u00e9e russe.  <\/strong>

    Les pays du Caucase<\/em><\/strong> sont partag\u00e9s entre diverses entit\u00e9s de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie et trois pays de l’ancienne URSS : la G\u00e9orgie, l’Arm\u00e9nie et l’Azerba\u00efdjan, tr\u00e8s diff\u00e9rents les uns des autres par leur histoire et leur culture, qui ont \u00e9t\u00e9 int\u00e9gr\u00e9s de 1920 \u00e0 1936 dans une \u00e9ph\u00e9m\u00e8re R\u00e9publique Sovi\u00e9tique de Transcaucasie. Cette r\u00e9gion a toujours \u00e9t\u00e9 convoit\u00e9e par les empires perse, romain, ottoman, ou russe. Les gisements de p\u00e9trole de la mer Caspienne repr\u00e9sentent environ 5% des r\u00e9serves mondiales.  <\/strong>

    L’Arm\u00e9nie<\/strong>
    Cet \u00c9tat du Caucase au territoire accident\u00e9 abrite environ 3 millions d’habitants. \u00c0 l’\u00e9tranger, une diaspora au moins aussi importante num\u00e9riquement reste attach\u00e9e \u00e0 ce pays dot\u00e9 d\u2019une histoire et d\u2019une culture uniques, en France et aux Etats-Unis notamment. La r\u00e9gion fut convertie au Christianisme d\u00e8s la fin du IIIe si\u00e8cle et fut le premier \u00e9tat \u00e0 l’adopter comme religion officielle. Elle fut successivement envahie par les Romains, les Arabes, les Parthes, les Turcs et les Mongols. \u00c0 partir du XIVe si\u00e8cle, elle tomba sous domination ottomane. En 1915, le g\u00e9nocide perp\u00e9tr\u00e9 par le pouvoir turc co\u00fbta la vie \u00e0 environ 1,5 million d’Arm\u00e9niens hors de l\u2019Arm\u00e9nie actuelle. En 1922, l’Arm\u00e9nie \u00e9tait int\u00e9gr\u00e9e \u00e0 l’URSS. Elle n’acc\u00e8de de nouveau \u00e0 l’ind\u00e9pendance qu’en 1991 : la question du statut de la r\u00e9gion du Haut-Karabakh, peupl\u00e9e majoritairement d’Arm\u00e9niens mais rattach\u00e9e \u00e0 l’Azerba\u00efdjan, continue \u00e0 empoisonner ses relations avec son voisin oriental, et a \u00e9t\u00e9 \u00e0 la racine de nombreux conflits militaires depuis, et plus r\u00e9cemment \u00e0 l\u2019automne 2020. 2% de russophones soit 60 000 habitants.

    L’Azerba\u00efdjan<\/strong>
    Huit et demi-millions d’habitants en 2008, dont 80% d’Az\u00e9ris. Ces musulmans parlent une langue proche du turc et sont majoritairement Chiites. Son sous-sol est riche en p\u00e9trole et en gaz. Int\u00e9gr\u00e9 en 1828 \u00e0 l’empire russe, l’Azerba\u00efdjan devient bri\u00e8vement une r\u00e9publique ind\u00e9pendante en 1918. En 1922, il est int\u00e9gr\u00e9 \u00e0 la F\u00e9d\u00e9ration Transcaucasienne et \u00e0 l’URSS. Dans les ann\u00e9es 1980, la politique de \u00ab glasnost \u00bb men\u00e9e par Gorbatchev encourage les Arm\u00e9niens \u00e0 demander le rattachement du Haut-Karabakh \u00e0 l’Arm\u00e9nie. Le gouvernement sovi\u00e9tique refuse cette perspective mais des pogroms anti-arm\u00e9niens, aliment\u00e9s par le r\u00e9veil du nationalisme az\u00e9ri, secouent l’Azerba\u00efdjan et sa capitale Bakou. En 1990, l’Arm\u00e9nie d\u00e9clare la guerre et proclame le rattachement du Haut-Karabakh \u00e0 son territoire. L’Azerba\u00efdjan est \u00e0 nouveau embras\u00e9 par une flamb\u00e9e de violence anti-arm\u00e9nienne. L’Arm\u00e9e Rouge intervient brutalement \u00e0 Bakou pour r\u00e9tablir l’ordre (\u00ab janvier noir \u00bb<\/em>). En 1991, prenant acte de la dislocation de l’URSS, le Soviet Supr\u00eame d’Azerba\u00efdjan d\u00e9clare l’ind\u00e9pendance du pays qui adh\u00e8re \u00e0 la CEI. <\/strong>La langue officielle est l\u2019az\u00e9ri, parl\u00e9 par 92%de la population, et le russe est parl\u00e9 par 68% de la population, dont les 140 000 Russes qui y vivent.  <\/strong>

    La G\u00e9orgie<\/strong>
    Enclav\u00e9e \u00e0 l’ouest du Caucase et bordant la mer Noire, est un petit pays de 70.000 km2 et 4 millions d’habitants. Les Grecs, qui la connaissaient sous le nom de Colchide, y situent l’aventure de Jason et des Argonautes en qu\u00eate de la Toison d’Or…En tentant maladroitement de restaurer sa souverainet\u00e9 sur le territoire s\u00e9cessionniste d’Oss\u00e9tie du Sud en ao\u00fbt 2008, la G\u00e9orgie est repass\u00e9e sous la tutelle russe (8% de russophones soit 320 000 habitants).  

    Les \u00c9tats baltes<\/strong> <\/em>

    Les gouvernements d’Estonie et de Lettonie n’attribuent de passeports \u00e0 leurs populations russophones qu’\u00e0 la condition qu’elles se soumettent \u00e0 un test d’int\u00e9gration. Cette exigence constitue une in\u00e9galit\u00e9 de traitement dont l’Organisation pour la s\u00e9curit\u00e9 et la coop\u00e9ration en Europe (OSCE) a \u00e9t\u00e9 saisie, et qui pourrait donner \u00e0 la Russie un motif pour traiter ces populations comme russes et leur distribuer des passeports.  <\/strong>

    La Lituanie<\/strong>
    Cet \u00e9tat est le plus peupl\u00e9 des \u00c9tats baltes (environ 3,5 millions d’habitants) partage ses fronti\u00e8res avec la Bi\u00e9lorussie et la Russie au travers de l\u2019enclave de Kaliningrad. Sa population est compos\u00e9e de plus de 80% de Lituaniens de souche et de minorit\u00e9s constitu\u00e9es de Polonais et de Russes (6% de la population soit 180 000 habitants). Le dirigeant Gitanas Naus\u00e8da a d\u00e9cr\u00e9t\u00e9 l\u2019\u00e9tat d\u2019urgence d\u00e8s le 24 f\u00e9vrier 2022. Ce pays, qui a une fronti\u00e8re commune avec l\u2019oblast<\/em> russe de Kaliningrad, a fourni de l\u2019aide militaire comptant plusieurs dizaines de millions d\u2019euros \u00e0 l\u2019Ukraine.  

    La Lettonie<\/strong>
    Elle abrite une forte minorit\u00e9 russe, repr\u00e9sentant environ un tiers de la population (640 000 habitants). La religion luth\u00e9rienne y est majoritaire, bien que catholiques et orthodoxes soient \u00e9galement nombreux. La r\u00e9gion \u00e9tait occup\u00e9e par un peuple d’origine finno-ougrienne depuis le IIIe mill\u00e9naire avant JC. En 1158, les marchands allemands de la Ligue Hans\u00e9atique cr\u00e9\u00e8rent Riga, \u00e0 l’embouchure de la rivi\u00e8re Daugava. Au cours des XIIe et XIIIe si\u00e8cles, les chevaliers Porte-Glaive envahirent le pays et y introduisirent brutalement le Christianisme. Au d\u00e9but du XVIIe si\u00e8cle, la Su\u00e8de protestante et la Pologne-Lituanie catholique se disput\u00e8rent le territoire. La victoire revint \u00e0 la Su\u00e8de, puis int\u00e9gr\u00e9e \u00e0 l’Empire russe un si\u00e8cle plus tard, \u00e0 la suite des conqu\u00eates de Pierre Ier. La Lettonie proclama son ind\u00e9pendance en 1918 mais fut annex\u00e9e par l’URSS en 1940, puis occup\u00e9e par l’Allemagne nazie apr\u00e8s la rupture du Pacte germano-sovi\u00e9tique. Redevenue r\u00e9publique sovi\u00e9tique en 1944, elle proclama de nouveau son ind\u00e9pendance en 1991.  

    L’Estonie<\/strong>
    Peupl\u00e9e \u00e0 60% d’Estoniens de souche et \u00e0 30% de Russes (370 000 habitants), elle est proche de la Finlande avec laquelle elle partage la souche linguistique finno-ougrienne. Comme ses voisins lettons et lituaniens, elle fut annex\u00e9e par l’URSS en 1940, en vertu du Pacte germano-sovi\u00e9tique, puis occup\u00e9e par l’Allemagne jusqu’en 1944. R\u00e9publique sovi\u00e9tique de 1944 \u00e0 1991, elle acc\u00e9da de nouveau \u00e0 l’ind\u00e9pendance lors de l’effondrement de l’URSS. \u00c0 l’instar de la Lettonie et de la Lituanie, elle est membre de l’Union Europ\u00e9enne depuis mai 2004.   Dans les douze autres anciennes r\u00e9publiques sovi\u00e9tiques dans l\u2019orbite russe, le russe est rest\u00e9 une langue soit officielle \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de la langue locale (Bi\u00e9lorussie, Kazakhstan et Kirghizistan), soit \u00ab langue de communication inter-ethnique \u00bb, officiellement (Moldavie, Ouzbekistan, Tadjikistan et Turkm\u00e9nistan). Ailleurs, les russophones qui apprennent les langues locales le font \u00e0 leur rythme et sans y \u00eatre contraints.  

    La diaspora russe \u00e0 l\u2019\u00e9tranger<\/strong> Ne pas oublier que 2 millions de personnes russophones vivent dans d\u2019autres pays dont : 1,3M en Israel, 650 000 aux USA, et 150 000 au Canada.<\/td><\/tr><\/tbody><\/table><\/figure>\n\n\n\n

    LA CONSTRUCTION IDEOLOGIQUE DU KREMLIN ET L\u2019AFFIRMATION DES NATIONALISMES<\/strong><\/p>\n\n\n\n

    La situation actuelle est le r\u00e9sultat d\u2019un double mouvement, d\u2019abord l\u2019affirmation d\u2019identit\u00e9s nationales \u00e0 partir de perceptions contradictoires des effets du r\u00e9gime sovi\u00e9tique, et l\u2019affirmation grandissante de la part du Kremlin du lien essentiel avec les minorit\u00e9s hors de ses fronti\u00e8res.<\/p>\n\n\n\n

    L\u2019\u00e9volution de la perception de la diaspora et de la politique conduite d\u00e8s les ann\u00e9es 1990 \u00e0 nos jours, montre que le rapport aux \u00ab compatriotes de l\u2019\u00e9tranger \u00bb a connu des variations significatives : irr\u00e9dentisme revanchard<\/strong> dans les ann\u00e9es 1990, pragmatisme relativement lib\u00e9ral<\/strong> au d\u00e9but des ann\u00e9es 2000, instrumentalisation conflictuelle des Russes de l\u2019\u00e9tranger<\/strong> vus comme un levier du soft power<\/em> russe \u00e0 la fin des ann\u00e9es 2000, puis enfin retour en force \u00e0 partir du d\u00e9clenchement de la crise ukrainienne<\/strong>. L\u2019h\u00e9t\u00e9rog\u00e9n\u00e9it\u00e9 de la diaspora russophone post-sovi\u00e9tique explique en partie ces repr\u00e9sentations fluctuantes que l\u2019\u00e9lite politique russe qualifie alternativement de \u00ab compatriotes \u00bb, de \u00ab tra\u00eetres \u00bb, ou de \u00ab sauveurs \u00bb potentiels.  Moscou peut persister dans sa politique \u00ab irr\u00e9dentiste \u00bb \u00e0 l\u2019\u00e9gard des russophones de l\u2019\u00ab \u00e9tranger proche \u00bb mais ne poss\u00e8de ni les ressources financi\u00e8res, ni les infrastructures, ni l\u2019attractivit\u00e9 id\u00e9ologique ou \u00e9conomique n\u00e9cessaires pour les \u00ab Russes mondialis\u00e9s \u00bb \u00e9migr\u00e9s de leur plein gr\u00e9 en Europe occidentale ou en Am\u00e9rique du Nord dont le nombre n\u2019a cess\u00e9 de cro\u00eetre, particuli\u00e8rement depuis le d\u00e9but du troisi\u00e8me mandat de Vladimir Poutine qui a adopt\u00e9 une approche irr\u00e9dentiste et isolationniste encore plus conflictuelle.<\/p>\n\n\n\n

    Dans la premi\u00e8re p\u00e9riode de 1991 \u00e0 1997<\/strong>, marqu\u00e9e par le conflit opposant le pr\u00e9sident russe Eltsine au Parlement, c\u2019est avant tout dans le cadre du Congr\u00e8s des communaut\u00e9s russes (Kongress russkih ob\u015din,<\/em> KRO) que se sont d\u00e9roul\u00e9s les d\u00e9bats largement influenc\u00e9s par l\u2019analyse faite par le g\u00e9n\u00e9ral Lebed \u00e0 partir du conflit de Transniestrie en tant que commandant de la 14e arm\u00e9e. Lebed fut l\u2019une des premiers \u00e0 pr\u00e9tendre que les Russes \u00e9taient brutalement \u00e9limin\u00e9s par le r\u00e9gime \u00ab fasciste \u00bb d\u2019une r\u00e9publique ex-sovi\u00e9tique qui venait de devenir ind\u00e9pendante. Dans un article de 1994, intitul\u00e9 \u00ab La question russe \u00e0 la fin du XXe si\u00e8cle<\/em> \u00bb, Alexandre Soljenitsyne avait \u00e9galement exprim\u00e9 une pr\u00e9occupation similaire concernant l\u2019unit\u00e9 du peuple russe. Il affirmait que le probl\u00e8me n\u2019\u00e9tait pas la disparition de l\u2019Union Sovi\u00e9tique en tant que telle mais la d\u00e9chirure de la nation russe caus\u00e9e par la chute du r\u00e9gime. Ainsi, la premi\u00e8re vision de la diaspora fut d\u00e9velopp\u00e9e par des revanchistes de gauche comme de droite, oppos\u00e9s au pr\u00e9sident Eltsine, et qui conf\u00e9r\u00e8rent \u00e0 la notion de \u00ab compatriotes \u00e0 l\u2019\u00e9tranger \u00bb une signification inclusive, imp\u00e9riale.<\/p>\n\n\n\n

    La p\u00e9riode 1998-2003, marqu\u00e9e par l\u2019accession de Vladimir Poutine au<\/strong> Kremlin, est d\u00e9cisive pour la formation de l\u2019ossature de la politique russe \u00e0 l\u2019\u00e9gard des compatriotes \u00e0 l\u2019\u00e9tranger. <\/strong>Le 5 mars 1999 fut adopt\u00e9e la loi \u00ab Sur la politique de l\u2019\u00c9tat vis-\u00e0-vis des compatriotes \u00e0 l\u2019\u00e9tranger \u00bb <\/strong>impr\u00e9gn\u00e9e d\u2019approche imp\u00e9riale post-sovi\u00e9tique, en d\u00e9signant trois groupes de compatriotes :<\/p>\n\n\n\n

    1. les citoyens de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie r\u00e9sidant en permanence \u00e0
      l\u2019ext\u00e9rieur de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie ;<\/li>
    2. les citoyens de l\u2019ex-Union sovi\u00e9tique (hors Russie) vivant dans des
      pays ayant appartenu \u00e0 l\u2019URSS ;<\/li>
    3. les \u00e9migr\u00e9s de l\u2019Empire russe, de l\u2019Union sovi\u00e9tique et de la
      F\u00e9d\u00e9ration de Russie et leurs descendants qui n\u2019ont plus la citoyennet\u00e9 russe.
      <\/li><\/ol>\n\n\n\n

      La seconde cat\u00e9gorie incarnait l\u2019approche inclusive : en consid\u00e9rant tous les anciens citoyens sovi\u00e9tiques comme des compatriotes, la F\u00e9d\u00e9ration de Russie proclamait sa d\u00e9termination \u00e0 mener une politique paternaliste \u00e0 leur \u00e9gard et assumait l\u2019h\u00e9ritage du pass\u00e9 imp\u00e9rial de l\u2019URSS. Dans cette logique, Dmitri Rogozine proposa en 1999 une Loi f\u00e9d\u00e9rale sur le d\u00e9veloppement national et culturel de la Nation russe, dont l\u2019article 5 postulait que le peuple russe \u00e9tait un \u00ab peuple divis\u00e9 \u00bb, tandis que l\u2019article 6 affirmait la n\u00e9cessit\u00e9 de sa r\u00e9unification dans le respect du libre arbitre et du droit international. Les d\u00e9put\u00e9s du Parti lib\u00e9ral d\u00e9mocrate de Vladimir Jirinovski avanc\u00e8rent des initiatives similaires. En ao\u00fbt 2001, le pr\u00e9sident signa le \u00ab Concept de soutien aux compatriotes \u00bb et le Congr\u00e8s fut organis\u00e9 en octobre 2001. Le discours d\u2019ouverture prononc\u00e9 par Poutine lors de ce Congr\u00e8s international des compatriotes constitue un jalon important de la politique russe vis-\u00e0-vis de la diaspora.<\/p>\n\n\n\n

      2004-2011 :<\/strong> institutionnalisation et instrumentalisation du \u00ab Monde russe \u00bb<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      La \u00ab r\u00e9volution orange \u00bb en Ukraine en 2004 incita Moscou \u00e0 adopter une posture plus agressive et anti-occidentale sur la diaspora. Entre 2004 et 2011, cette politique fut progressivement transf\u00e9r\u00e9e \u00e0 l\u2019Administration pr\u00e9sidentielle. Par ailleurs, la cr\u00e9ation de la fondation Russkiy<\/em> Mir<\/em> et de l\u2019agence f\u00e9d\u00e9rale Rossotroudnitchestvo<\/em>, et la mobilisation d\u2019oligarques loyaux dans les moments difficiles porta le projet,  renforc\u00e9es par la fondation de Saint-Basile-le-<\/em> Grand<\/em> cr\u00e9\u00e9e par l\u2019homme d\u2019affaires orthodoxe Konstantin Malofeev, ferme soutien de la r\u00e9bellion pro-russe en Ukraine. Mais si l\u2019on compare les ressources financi\u00e8res allou\u00e9es au soutien des Russes de l\u2019\u00e9tranger \u00e0 celles effectu\u00e9es par le British Council<\/em> (chiffre d\u2019affaires total avoisinant le milliard de livres britanniques, et 9 000 personnes de par le monde), les moyens additionn\u00e9s des agences russes semblent bien modestes.<\/p>\n\n\n\n

      2012-2016 :<\/strong> le \u00ab Monde russe \u00bb et le \u00ab virage conservateur \u00bb : <\/strong>annexion de la Crim\u00e9e en 2014 et guerre dans le Donbass. Le concept de \u00ab Monde russe \u00bb s\u2019est largement impos\u00e9 dans la conscience collective tout en \u00e9tant assez d\u00e9connect\u00e9 du concept de diaspora et des \u00ab compatriotes de l\u2019\u00e9tranger \u00bb. Ainsi, sur les r\u00e9seaux sociaux russes, le \u00ab Monde russe \u00bb a \u00e9t\u00e9 mentionn\u00e9 2 000 fois lors des deux premi\u00e8res semaines de mai 2014, contre 1 300 fois pour le concept concurrent d\u2019\u00ab Eurasie \u00bb. Moins d\u2019un an plus tard entre le 22 f\u00e9vrier et le 2 mars 2015, on a relev\u00e9 40 000 occurrences du \u00ab Monde russe \u00bb, l\u2019\u00ab Eurasie \u00bb r\u00e9duite \u00e0 600. La signification g\u00e9opolitique implicite, la rh\u00e9torique civilisationnelle et
      la dimension anti-occidentale du concept de \u00ab Monde russe \u00bb ont \u00e9t\u00e9
      particuli\u00e8rement mises en avant autour de l\u2019id\u00e9e que la Russie \u00e9tait un \u00ab \u00c9tat-civilisation \u00bb. Le \u00ab Monde russe \u00bb serait une civilisation distincte, implant\u00e9e sur un territoire sp\u00e9cifique, dirig\u00e9e par un sujet politique unique et engag\u00e9e dans une lutte pour les ressources et l\u2019influence contre les autres civilisations. Y est associ\u00e9e l\u2019id\u00e9e du n\u00e9cessaire \u00ab rassemblement des terres russes \u00bb. Dans ce contexte, le politologue Boris Mejouev, s\u2019interrogeant sur le p\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique du \u00ab v\u00e9ritable Monde russe \u00bb, l\u2019\u00e9tablit essentiellement dans le sud et le sud-est de l\u2019Ukraine, dans l\u2019est du B\u00e9larus et dans le nord du Kazakhstan. Cette vision, proche de celle d\u2019Alexandre Soljenitsyne, reprend l\u2019id\u00e9e selon laquelle la Russie est une \u00ab nation divis\u00e9e \u00bb. Le c\u00e9l\u00e8bre \u00ab discours sur la Crim\u00e9e \u00bb prononc\u00e9 par Vladimir Poutine le 18 mars 2014 reprend cette id\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

      DES IDENTITES CONTRADICTOIRES VOIRE CONFLICTUELLES :<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      De 1937 \u00e0 1945, des peuples entiers de l’ex-URSS furent d\u00e9port\u00e9s. Ces centaines de milliers de citoyens sovi\u00e9tiques, d\u00e9chus de leurs droits civiques, devinrent les prisonniers d’un vaste syst\u00e8me concentrationnaire, un \u00ab second Goulag \u00bb : 61 nationalit\u00e9s diff\u00e9rentes furent concern\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

      Le 2 novembre 1943, le total des Karatcha\u00ef s<\/strong>oup\u00e7onn\u00e9s de collaboration avec les Allemands d\u00e9port\u00e9s au Kazakhstan et au Kirghizistan s’\u00e9l\u00e8ve \u00e0 69 267 personnes.<\/p>\n\n\n\n

      En 1943, Staline ordonne la d\u00e9portation des Kalmouks<\/strong> vers la Sib\u00e9rie, o\u00f9 la moiti\u00e9 d’entre eux p\u00e9rit. Les Kalmouks furent autoris\u00e9s \u00e0 regagner leur r\u00e9gion en 1947.<\/p>\n\n\n\n

      En Tch\u00e9tch\u00e9nie-Ingouchie<\/strong> f\u00e9vrier 1944 :  L’op\u00e9ration Tch\u00e9tch\u00e9vitsa<\/em> est sans pr\u00e9c\u00e9dent par sa brutalit\u00e9 et son ampleur : 194 trains de 65 wagons de marchandises chacun furent r\u00e9quisitionn\u00e9s pour rafler et d\u00e9porter en une semaine pr\u00e8s d’un demi-million de personnes : la plus grande op\u00e9ration de d\u00e9portation de l’histoire mondiale. Entre un quart et la moiti\u00e9 des d\u00e9port\u00e9s p\u00e9rirent durant trois \u00e0 quatre semaines du transfert ou pendant les premi\u00e8res ann\u00e9es de leur survie en d\u00e9portation, \u00e0 cause de privations, de froid ou de maladies. La R\u00e9publique autonome de Tch\u00e9tch\u00e9nie-Ingouchie fut dissoute, son territoire partag\u00e9 entre d’autres r\u00e9publiques, les biens des exil\u00e9s appropri\u00e9s par des colons russes, la toponymie chang\u00e9e, les monuments nationaux ras\u00e9s, les tombes dans les cimeti\u00e8res d\u00e9truites, les archives historiques, scientifiques et litt\u00e9raires br\u00fbl\u00e9es, comme toute mention de l’existence m\u00eame d’une nationalit\u00e9 tch\u00e9tch\u00e8ne fut supprim\u00e9e des documents et de la m\u00e9moire collective.  Une statue du g\u00e9n\u00e9ral Ermolov,  h\u00e9ros de la conqu\u00eate russe \u00e9rig\u00e9e \u00e0 Grozny en 1949, comprend une citation de celui-ci grav\u00e9e sur son socle : \u00ab Il n’y a pas sous le soleil de peuple plus vil et plus fourbe que celui-l\u00e0 \u00bb.<\/em> \u00c0 en juger par les chiffres officiels tir\u00e9s des archives, la population tch\u00e9tch\u00e8ne et ingouche, constitu\u00e9e de 48 % d’enfants de moins de 16 ans, diminua de plus de 26 % en cinq ans, entre f\u00e9vrier 1944 et janvier 1945. L’op\u00e9ration [Tch\u00e9tch\u00e9vitsa]<\/em> est facilit\u00e9e, dit Nikola\u00ef Svanidze, historien et pr\u00e9sentateur de t\u00e9l\u00e9vision russe, par le fait que la population masculine se trouve dans les rangs de l’Arm\u00e9e rouge et dans les d\u00e9tachements de partisans \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

      Le 2 mars 1944 Beria annonce que la d\u00e9cision de d\u00e9porter les Balkars<\/strong> est prise et de donner leurs terres \u00e0 la G\u00e9orgie pour que celle-ci dispose d’une ligne de d\u00e9fense sur les pentes du nord du Caucase. Le 11 mars, Beria communique \u00e0 Staline que \u00ab 37 103 Balkars ont \u00e9t\u00e9 d\u00e9port\u00e9s \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

      En mai 1944, le gouvernement sovi\u00e9tique expulse les Tatars de Crim\u00e9e :<\/strong> 238 500 d\u00e9port\u00e9s, dont 151 136 exp\u00e9di\u00e9s en Ouzbekistan, 8 597 en R\u00e9publique des Maris, 4 286 au Kazakhstan, et les 29 846 restants en Russie. Pendant la d\u00e9portation, les Tatars de Crim\u00e9e qui combattent dans l\u2019Arm\u00e9e Rouge sont d\u00e9mobilis\u00e9s et envoy\u00e9s dans des camps en Sib\u00e9rie et dans les r\u00e9gions montagneuses, sous pr\u00e9texte d’une collaboration avec les nazis pendant l’occupation allemande de la Crim\u00e9e de 1941 \u00e0 1944 (attitude de tous les peuples sovi\u00e9tiques qui se retrouvent sous l’occupation allemande). Environ 45 % de l’ensemble de la population d\u00e9port\u00e9e meurt. Des militants tatars de Crim\u00e9e ont men\u00e9 des sondages dans toutes les communaut\u00e9s tatares pendant les ann\u00e9es 1960. Selon leur analyse, 109 956 (46,2 %) sur les 238 500 d\u00e9port\u00e9s sont morts entre le 1er juin 1944 et 1er janvier 1947. Des militants de Crim\u00e9e demandent que le S\u00fcrg\u00fcnlik <\/em>soit reconnu comme g\u00e9nocide. Le 12 novembre 2015 l\u2019Ukraine, et en mai 2019, la Lettonie reconnaissent la d\u00e9portation des Tatars de Crim\u00e9e comme un g\u00e9nocide.<\/p>\n\n\n\n

      Jusqu\u2019\u00e0 1947, 55 000 Arm\u00e9niens,<\/strong> principalement des catholiques, sont d\u00e9port\u00e9s d’Ukraine occidentale vers la Pologne. En 1949, la population arm\u00e9nienne des r\u00e9gions sud de l’URSS est d\u00e9port\u00e9e dans l’Alta.<\/p>\n\n\n\n

      Entre 1948 et 1953, les Az\u00e9ris<\/strong> vivant en Arm\u00e9nie sont d\u00e9port\u00e9s de force. D\u00e9portation de pr\u00e8s de 100 000 Az\u00e9ris \u00ab suivant leur propre bon vouloir \u00bb en Azerba\u00efdjan. 10 000 personnes sont d\u00e9port\u00e9es en 1948, 40 000 en 1949, et 50 000 en 1950.<\/p>\n\n\n\n

      Les Meskh\u00e8tes<\/strong> : 16 700 fermiers Turcs, Kurdes, Khemshines. Le 31 juillet, le Comit\u00e9 de d\u00e9fense national adopte la r\u00e9solution \u2116 6279 \u00ab top-secret \u00bb, sur l’expulsion de 45 516 Turcs-Meskh\u00e8tes de G\u00e9orgie vers le Kazakhstan, la Kirgysie et l’Ouzb\u00e9kistan.<\/p>\n\n\n\n

      Dans les pays baltes,<\/strong> selon l’association \u00ab M\u00e9morial \u00bb, la premi\u00e8re d\u00e9portation (1940-1941) aurait fait entre 200 000 et 300 000 victimes et 95 000 pour la seconde d\u00e9portation (1944-1949).<\/p>\n\n\n\n

      Un cinqui\u00e8me des peuples d\u00e9port\u00e9s l\u2019a \u00e9t\u00e9 au Goulag. Les quatre autres cinqui\u00e8mes furent assign\u00e9s \u00e0 r\u00e9sidence dans des r\u00e9gions arides ou glac\u00e9es de l’Asie sovi\u00e9tique et furent de plus m\u00e9lang\u00e9s de mani\u00e8re \u00e0 ne pouvoir communiquer entre eux qu’en russe. Un d\u00e9cret de 1948 interdisait leur retour sous peine de 20 ans de travaux forc\u00e9s. En 1957 – 1958, le principe de l’autonomie nationale des Kalmouks, des Tch\u00e9tch\u00e8nes, des Ingouches, des Karatcha\u00efs et des Balkars est instaur\u00e9, leur permettant de retourner dans leur territoire historique. Ainsi commencent les heurts entre les Tch\u00e9tch\u00e8nes qui reviennent et les populations install\u00e9es dans l’Oblast de Grozny par les Russes durant leur absence. De m\u00eame, entre les Ingouches en Oss\u00e9tie du Nord et les Oss\u00e8tes de la m\u00eame r\u00e9gion. En 1991, la loi sur la r\u00e9habilitation des peuples opprim\u00e9s reconnait le caract\u00e8re diffamatoire de leurs d\u00e9portations. La loi reconnait encore le droit \u00e0 la red\u00e9finition des fronti\u00e8res des territoires tels qu’elles avaient exist\u00e9 jusqu’au moment o\u00f9 leur trac\u00e9 avait \u00e9t\u00e9 modifi\u00e9 ; le droit au r\u00e9tablissement de l’enseignement national, et la r\u00e9paration des d\u00e9g\u00e2ts et dommages provoqu\u00e9s par l’\u00c9tat sont instaur\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

      Ainsi, m\u00eame s\u2019il est impossible de pr\u00e9voir aujourd\u2019hui l\u2019avenir avec certitude, il est probable, qu\u2019outre la demande en f\u00e9vrier 2022 de rattachement des deux r\u00e9publiques s\u00e9paratistes du Donetsk et de Lougansk \u00e0 la F\u00e9d\u00e9ration de Russie, nous assistions dans les mois ou les ann\u00e9es \u00e0 venir, \u00e0 des crises suppl\u00e9mentaires en Bi\u00e9lorussie, en Oss\u00e9tie du Sud\/G\u00e9orgie, en Transniestrie, au Kazakhstan, en Moldavie et \u00e0 Kaliningrad.  Le rattachement de ces deux r\u00e9publiques autonomes \u00e0 l\u2019est de l\u2019Ukraine a de fait enterr\u00e9 les accords de Minsk 2. Europ\u00e9ens et Ukrainiens (avec sans doute les Etats-Unis) seront appel\u00e9s et contraints de n\u00e9gocier avec le Pr\u00e9sident Poutine un nouveau paradigme s\u00e9curitaire pour l\u2019Europe qui tienne en compte la sensibilit\u00e9 d\u00e9crite ici. Le face \u00e0 face et le point d\u2019arriv\u00e9e seront sans doute difficiles \u00e0 accepter du point de vue occidental et ukrainien, mais nous ne pourrons pas y d\u00e9roger. Les fronti\u00e8res de certaines zones en Europe ne seront sans doute plus jamais les m\u00eames.<\/p>\n\n\n\n

      La plupart des ex. RSS d\u2019Asie Centrale que nous allons examiner maintenant font partie de l\u2019OTSC, l\u2019Organisation du trait\u00e9 de s\u00e9curit\u00e9 collective) ou (en russe\u00a0: \u041e\u0440\u0433\u0430\u043d\u0438\u0437\u0430\u0446\u0438\u044f \u0414\u043e\u0433\u043e\u0432\u043e\u0440\u0430 \u043e \u043a\u043e\u043b\u043b\u0435\u043a\u0442\u0438\u0432\u043d\u043e\u0439 \u0431\u0435\u0437\u043e\u043f\u0430\u0441\u043d\u043e\u0441\u0442\u0438) qui est une\u00a0organisation\u00a0\u00e0 vocation politico-militaire fond\u00e9e en octobre 2002. Elle regroupe la Russie, l’Arm\u00e9nie, la Bi\u00e9lorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, et le Tadjikistan. Il est donc peu probable que la Russie y ait \u00e0 court terme des ambitions territoriales car c\u2019est un espace s\u00e9curis\u00e9 pour elle, mais la taille des populations russophones y est non n\u00e9gligeable et peut appeler un caveat emptor<\/em>, surtout si les Etats Unis essayaient de d\u00e9stabiliser certaines d\u2019entre elles comme ils l\u2019ont fait en G\u00e9orgie et Ukraine depuis 2003 et plus r\u00e9cemment en Bi\u00e9lorussie et au Kazakhstan. Ces territoires feront-ils l\u2019objet de d\u00e9stabilisations voulues par les Etats-Unis et l\u2019OTAN dans les d\u00e9cennies \u00e0 venir\u00a0? Il est fort \u00e0 parier que la r\u00e9ponse russe sera sans concessions, et pourrait entra\u00eener d\u2019autres conflits arm\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

      KALININGRAD<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      Anciennement connu sous le nom de K\u00f6nigsberg et faisant partie de la nation allemande, cet \u00ab oblast \u00bb ou r\u00e9gion est territoire russe depuis 1946, renomm\u00e9 apr\u00e8s le r\u00e9volutionnaire bolch\u00e9vique Mikhail Kalinine. La population allemande en a alors \u00e9t\u00e9 chass\u00e9e et une nouvelle population y a \u00e9t\u00e9 implant\u00e9e par l’URSS, principalement constitu\u00e9e de peuples composant l\u2019empire, et pas exclusivement de Russes. Les survivants de plusieurs villages bi\u00e9lorusses d\u00e9truits par les Nazis furent d\u00e9plac\u00e9s dans la r\u00e9gion de Kaliningrad. Plusieurs noms de villages de l’oblast en t\u00e9moignent actuellement, dont le Novobobrou\u00efsk<\/em> fond\u00e9 par les rescap\u00e9s de la r\u00e9gion bi\u00e9lorusse de Bobrouisk ou bien Mozyri, fond\u00e9 par les rescap\u00e9s de Mozyr. Cette population d\u2019environ un million d\u2019habitants russophones enclav\u00e9e au c\u0153ur des aires de l\u2019OTAN et de l\u2019Union Europ\u00e9enne, et donc s\u00e9par\u00e9e g\u00e9ographiquement du reste de la Russie, lui est reli\u00e9e par une ligne de chemin de fer depuis la Russie, traversant la Lithuanie, et les Russes peuvent y voyager sans visas suite aux accords de 2002.  La ligne est aussi utilis\u00e9e pour le transport de marchandises, de m\u00e9taux, d\u2019engrais, \u2026 Les sanctions europ\u00e9ennes pourraient affecter 40 \u00e0 50% des approvisionnements selon son gouverneur Anton Alikhanov, et la Russie menace d\u2019instaurer des mesures de r\u00e9torsion visant notamment la Lithuanie.<\/p>\n\n\n\n

      De plus, Kaliningrad est le quartier g\u00e9n\u00e9ral de la flotte russe de la Baltique et forme sa fa\u00e7ade occidentale, dot\u00e9e d\u2019un acc\u00e8s libre de glace toute l\u2019ann\u00e9e. Ce territoire repr\u00e9sente donc un emplacement critique pour la F\u00e9d\u00e9ration de Russie, \u00e0 l\u2019instar de S\u00e9bastopol en Crim\u00e9e, ce qui renforce d\u2019autant plus la nature strat\u00e9gique de ce lieu pour les Russes depuis 1946.<\/p>\n\n\n\n

      La Russie y a notamment d\u00e9ploy\u00e9 des syst\u00e8mes anti-missiles S-400, des missiles balistiques Iskander, et des avions Mig 31-4 dot\u00e9s de missiles hypersoniques. L\u2019OTAN a r\u00e9pondu en d\u00e9ployant des troupes dans les pays membres voisins.<\/p>\n\n\n\n

      M\u00eame s\u2019il est peu probable que la Russie envahisse la Lithuanie, membre de l\u2019OTAN, pour avoir un pont terrestre avec Kaliningrad, les tensions n\u2019en demeurent pas moins intenses et c\u2019est une zone \u00e0 surveiller.<\/p>\n\n\n\n

      BIELORUSSIE<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      Pour le moment, m\u00eame s\u2019il existe des tensions entre la Russie Blanche et la Russie, les relations diplomatiques, militaires et \u00e9conomiques se sont globalement resserr\u00e9es \u00e0 l\u2019occasion de la crise ukrainienne. La Bi\u00e9lorussie est une sorte d\u2019arri\u00e8re-base militaire pour la Russie, et le Pr\u00e9sident Poutine a annonc\u00e9 en juin 2022 vouloir y placer des missiles nucl\u00e9aires. Mais, dans un sc\u00e9nario o\u00f9 le pr\u00e9sident Loukachenko serait renvers\u00e9 et remplac\u00e9 par un leader pro-occidental voulant rejoindre l\u2019OTAN et ou l\u2019Union europ\u00e9enne, Vladimir Poutine interviendrait sans doute militairement afin de s\u00e9curiser son \u00ab front occidental \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

      MOLDAVIE<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      Sa seule histoire nous d\u00e9montre la complexit\u00e9 de cette r\u00e9publique, ainsi que celle de la composition de sa population. Les habitants russophones qui repr\u00e9sentent 16% de la population de la Transniestrie, pourraient vouloir revendiquer un rattachement officiel \u00e0 la F\u00e9d\u00e9ration de Russie, et dans le contexte de la guerre actuelle en Ukraine, les Russes pourraient \u00eatre tent\u00e9s, s\u2019ils parvenaient \u00e0 prendre ou contourner Odessa, d\u2019occuper les terres ukrainiennes \u00e0 l\u2019ouest de ce port afin de construire un pont terrestre allant du Donbass jusqu\u2019\u00e0 la Transniestrie, celle-ci \u00e9tant distante de 200 kilom\u00e8tres d\u2019Odessa. \u00c9touffant compl\u00e8tement par ailleurs l\u2019acc\u00e8s de l\u2019Ukraine \u00e0 la mer d\u2019Azov et \u00e0 la mer Noire.<\/p>\n\n\n\n

      KAZAKHSTAN<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      Le brassage et l\u2019h\u00e9t\u00e9rog\u00e9n\u00e9it\u00e9 impressionnants de sa population ne pose pas \u00e0 priori de probl\u00e8me \u00e0 court terme car cette r\u00e9publique fait partie de l\u2019OTSC et abrite le strat\u00e9gique centre de lancement spatial russe \u00e0 Ba\u00efkonour, mais les Russes repr\u00e9sentent n\u00e9anmoins une \u00e9p\u00e9e de Damocl\u00e8s potentielle. Et ils ont d\u00fb intervenir militairement en 2022 pour soutenir le gouvernement kazakh qui faisait face \u00e0 une r\u00e9volte d\u2019une partie de sa population.<\/p>\n\n\n\n

      Le sommet Poutine \u2013 Xi Jinping \u00e0 Samarkand ce mois dernier a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 une Chine assur\u00e9e et d\u00e9termin\u00e9e, allant m\u00eame jusqu\u2019\u00e0 essayer de d\u00e9 corr\u00e9ler la Russie du Kazakhstan, pourtant \u00e0 date des jumeaux siamois. Ceci a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 un malaise de la part du Pr\u00e9sident Poutine, et a d\u00e9montr\u00e9 l\u2019avanc\u00e9e des pions de P\u00e9kin sur l\u2019Asie centrale d\u2019un point de vue g\u00e9opolitique et de soft power, <\/em>au travers entre autres des Routes de la Soie.<\/p>\n\n\n\n

      GEORGIE<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      Suite \u00e0 la crise g\u00e9orgienne de 2008 instigu\u00e9e par la promesse faite pour son adh\u00e9sion \u00e0 l\u2019OTAN, et la mise alors sous tutelle russe, ce pays ne fera peut-\u00eatre pas l\u2019objet d\u2019une volont\u00e9 russe de l\u2019occuper, mais l\u00e0 encore, tout d\u00e9pendra de sa politique nationale et du comportement de ses prochains leaders. Gr\u00e2ce au conflit ukrainien, la question d\u2019une int\u00e9gration rapide \u00e0 l\u2019OTAN devient fondamentale pour la G\u00e9orgie. Apr\u00e8s avoir perdue 20% de son territoire en 2008, elle attend avec impatience son entr\u00e9e dans l\u2019Alliance, mais le gouvernement de la pr\u00e9sidente Salom\u00e9 Zourabichvili  est accus\u00e9 d\u2019\u00eatre pro-russe par l\u2019opposition. La fuite ces derni\u00e8res semaines de milliers de citoyens russes vers la G\u00e9orgie suite \u00e0 l\u2019ordre de mobilisation engendre une opposition des G\u00e9orgiens qui ne voient pas d\u2019un bon \u0153il d\u2019accueillir autant de Russes en leur sein. Est-ce \u00e0 terme le paradigme du renard dans le poulailler ?<\/p>\n\n\n\n

      TADJIKISTAN<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      Le pays a connu des tensions r\u00e9cemment dans le district de Rouchan, non loin de la ville de Khorog, dans la r\u00e9gion autonome du Haut-Badakhchan et dans la zone frontali\u00e8re entre le Kirghizistan et le Tadjikistan dans le bassin de la rivi\u00e8re Isfara. Vladimir Poutine s\u2019y est rendu en juin 2022, son premier d\u00e9placement \u00e0 l\u2019\u00e9tranger depuis f\u00e9vrier 2022 et son voyage en Chine pour l\u2019ouverture des Jeux Olympiques de P\u00e9kin, et la signature du pacte entre ces deux alli\u00e9s frontaliers et rivaux de la rivi\u00e8re Amour. Seul pays des ex. RSS d\u2019Asie Centrale dont la langue est le Farsi (iranienne), elle est celle aussi des groupes ethniques Tadjiks et Hazara en Afghanistan. C\u2019est un pays pauvre qui d\u00e9pend \u00e9norm\u00e9ment \u00e9conomiquement de la Russie ; le Pr\u00e9sident Emomali Rahmon est au pouvoir depuis 1994. Si le Tadjikistan devenait ouvertement convoit\u00e9 par les Talibans afghans et surtout pakistanais (\u00e9ventuellement encourag\u00e9s par Washington), ses voisins au sud, on peut imaginer que cette menace de d\u00e9stabilisation des \u00e9quilibres r\u00e9gionaux entra\u00eenerait sans doute une intervention arm\u00e9e de la part des Russes. En tant que membre de l\u2019OTSC, il restera probablement et sagement sous l\u2019influence de, et fid\u00e8le au, Kremlin.<\/p>\n\n\n\n

      De violents heurts sont survenus en septembre 2022 avec le Kirghizstan occasionnant plus de 100 morts de part et d\u2019autre sur leur zone frontali\u00e8re. Le Pr\u00e9sident Kyrgyz, Sadyr Japarov, s\u2019est entretenu par t\u00e9l\u00e9phone avec le Pr\u00e9sident Poutine qui lui a demand\u00e9 de faire une d\u00e9sescalade et la Russie jouera le r\u00f4le de m\u00e9diateur dans ce conflit certes \u00ab mineur \u00bb mais qui ravive les tensions entre ces deux pays. \u00c9tant membres tous les deux de l\u2019OTSC, Moscou devra jouer l\u2019\u00e9quilibriste pour arriver \u00e0 un compromis acceptable des deux c\u00f4t\u00e9s, et pour pouvoir ent\u00e9riner une paix durable.<\/p>\n\n\n\n

      AZERBA\u00cfDJAN<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      Ce pays pr\u00e9sente une cartographie et une position g\u00e9opolitique plus complexe du fait du conflit de trente-et-un-ans qui l\u2019oppose \u00e0 l\u2019Arm\u00e9nie sur le Haut-Karabagh. Son pr\u00e9sident Ilham Aliyev tient le pays d\u2019une main de fer, comme le fit son p\u00e8re. Les relations entre Bakou et Moscou sont g\u00e9n\u00e9ralement bonnes, malgr\u00e9 le soutien russe \u00e0 l\u2019Arm\u00e9nie et son r\u00f4le de m\u00e9diateur, ne serait-ce du fait que l\u2019Arm\u00e9nie soit membre de l\u2019OTSC. Les Az\u00e9ris sont soutenus par la Turquie militairement, et c\u2019est le seul pays musulman \u00e0 dominance chiite qui ait reconnu Israel et entretient des relations diplomatiques avec elle. Israel d\u2019ailleurs utilise sa pr\u00e9sence g\u00e9ographique dans le pays pour surveiller et espionner l\u2019Iran. Ce n\u2019est pas une zone \u00e0 risque pour Moscou en soi, mais le Kremlin sera tr\u00e8s attentif aux \u00e9volutions futures du conflit avec l\u2019Arm\u00e9nie.<\/p>\n\n\n\n

      Selon nous, les crises futures les plus probables \u00e0 court et moyen terme pourraient concerner Kaliningrad, la Transniestrie\/Moldavie, la Bi\u00e9lorussie, et le <\/strong>Kirghizistan\/Tadjikistan<\/strong>. Le Kazakhstan est une inconnue \u00e0 ce stade.<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      La doxa ou les moins-pensants diront que ce seraient de nouveaux signaux et de nouvelles actions envoy\u00e9es par Moscou par Vladimir Poutine qui serait malade ou fou, et qui aurait le souhait de reconstruire une partie de l\u2019Empire sovi\u00e9tique ou russe. Il n\u2019en est rien. Il d\u00e9fend et promeut, comme tout chef d\u2019\u00e9tat devrait le faire, les int\u00e9r\u00eats vitaux de son peuple et de sa nation, de surcro\u00eet dans son \u00ab \u00e9tranger proche \u00bb. De Gaulle, Churchill, Roosevelt, et m\u00eame Staline l\u2019ont amplement d\u00e9montr\u00e9 par le pass\u00e9 ; nous Fran\u00e7ais et Europ\u00e9ens sommes tomb\u00e9s depuis trente ans dans la soumission am\u00e9ricaine et le suivisme par rapport \u00e0 notre plus ancien alli\u00e9, et qui nous confine d\u00e9sormais au suicide collectif.<\/p>\n\n\n\n

      Il nous faut donc restaurer une souverainet\u00e9 et une autonomie strat\u00e9gique au moins dans le domaine de la politique militaire et des affaires \u00e9trang\u00e8res \u2013 ne serait-ce que la France \u2013 pour \u00eatre une nation qui compte v\u00e9ritablement, un concept qui va de pair avec notre rang quasi-unique de puissance nucl\u00e9aire et membre permanent du Conseil de s\u00e9curit\u00e9 des Nations-Unies. Le contexte g\u00e9opolitique actuel dessine une bascule de l\u2019ancien ordre mondial vers un nouveau mod\u00e8le, c\u2019est-\u00e0-dire un affrontement militaire, diplomatique, \u00e9conomique et culturel entre cette fois-ci l\u2019Occident et le bloc rass\u00e9r\u00e9n\u00e9 des BRICS, augment\u00e9 de nations importantes d\u2019Am\u00e9rique Latine, d\u2019Afrique, et de l\u2019Iran et de l\u2019Indon\u00e9sie.<\/p>\n\n\n\n

      La vocation de la France devient une mission de sauvegarde des \u00e9quilibres strat\u00e9giques et s\u00e9curitaires mondiaux dangereusement boulevers\u00e9s par la crispation de l\u2019empire am\u00e9ricain face \u00e0 une multipolarit\u00e9 qu\u2019il refuse, appelle \u00e0 ce que nous redevenions un acteur ind\u00e9pendant de nouveau respect\u00e9 et utile dans la mise en \u0153uvre de diverses m\u00e9diations plus que jamais indispensables en particulier aux conflits potentiels li\u00e9s \u00e0 la question des Russophones hors de Russie. C\u2019est ce que semble vouloir le Pr\u00e9sident fran\u00e7ais qui maintient le contact avec le dirigeant russe sur l\u2019Ukraine, premier th\u00e9\u00e2tre d\u2019expression de ce r\u00f4le de puissance d\u2019\u00e9quilibre utile \u00e0 l\u2019apaisement des tensions mondiales.<\/p>\n\n\n\n

      ANNEXE<\/strong><\/p>\n\n\n\n

      L\u2019UE et les sanctions<\/u><\/strong><\/p>\n\n\n\n

      L\u2019UE a impos\u00e9 six trains de sanctions en l\u2019espace de tout juste quatre mois. La premi\u00e8re le 22 f\u00e9vrier 2022 en r\u00e9action \u00e0 la reconnaissance par Vladimir Poutine des oblasts<\/em> ukrainiens de Donetsk et Louhansk (qui forment \u00e0 eux deux la r\u00e9gion du Donbass) et la cinqui\u00e8me, le 7 avril 2022, suite \u00e0 la d\u00e9couverte des massacres de Boutcha. Ces sanctions vont de l\u2019exclusion de sept banques russes du syst\u00e8me Swift (28 f\u00e9vrier 2022, troisi\u00e8me salve) jusqu\u2019\u00e0 l\u2019embargo portant sur le charbon russe (le 7 avril, cinqui\u00e8me salve). Le charbon russe repr\u00e9sente 45 % des importations totales de l\u2019UE, 41,1 % du gaz naturel import\u00e9, et 35 % de sa consommation totale. L\u2019Union europ\u00e9enne peine \u00e0 mettre en place un embargo plus global qui concernerait aussi le p\u00e9trole et le gaz en provenance de Russie. Josep Borrell, Haut repr\u00e9sentant de l\u2019Union pour les affaires \u00e9trang\u00e8res et la politique de s\u00e9curit\u00e9, n\u2019a pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 rappeler d\u00e9but avril 2022 que l\u2019Union europ\u00e9enne avait pay\u00e9 35 milliards d\u2019euros d\u2019\u00e9nergie \u00e0 la Russie, somme qui contribue \u00e0 l\u2019effort de guerre de Vladimir Poutine en Ukraine. Le front jusqu\u2019ici uni de l\u2019Union Europ\u00e9enne se fissure sur l\u2019imposition d\u2019une septi\u00e8me salve de sanctions qui comporterait un embargo sur l\u2019importation du p\u00e9trole russe ; la Hongrie notamment s\u2019y oppose et pourrait y apposer son veto. Une sixi\u00e8me sanction a \u00e9t\u00e9 vot\u00e9e le 26 juin 2022 lors du sommet du G7, interdisant l\u2019importation d\u2019or russe par ses membres.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

      Essai r\u00e9dig\u00e9 par Pierre Conesa et Christopher Coonen, membres du Conseil d’orientation strat\u00e9gique et du Conseil d’administration de Geopragma. 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