{"id":15498,"date":"2021-09-13T17:43:35","date_gmt":"2021-09-13T15:43:35","guid":{"rendered":"https:\/\/geopragma.fr\/?p=15498"},"modified":"2021-09-13T17:52:40","modified_gmt":"2021-09-13T15:52:40","slug":"lafghanistan-et-lasie-centrale","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/geopragma.fr\/lafghanistan-et-lasie-centrale\/","title":{"rendered":"L\u2019Afghanistan et l\u2019Asie Centrale"},"content":{"rendered":"\t\t
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Billet du Lundi 13 septembre par G\u00e9rard Chesnel, membre du Conseil d’administration de Geopragma.<\/p>\n
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\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 Les cons\u00e9quences sur les \u00e9quilibres r\u00e9gionaux de la prise du pouvoir \u00e0 Kaboul par les talibans ont d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 abondamment analys\u00e9es. Les r\u00e9actions d\u2019Islamabad et de T\u00e9h\u00e9ran notamment sont bien connues. Mais on a beaucoup moins parl\u00e9 des voisins septentrionaux de l\u2019Afghanistan, le Turkm\u00e9nistan, l\u2019Ouzb\u00e9kistan et le Tadjikistan, sans oublier le g\u00e9ant de la r\u00e9gion, le Kazakhstan, m\u00eame si ce n\u2019est pas un pays frontalier.<\/p>\n\n
\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 La premi\u00e8re chose \u00e0 noter est que ces pays n\u2019ont gu\u00e8re \u00e9t\u00e9 surpris par la tournure des \u00e9v\u00e8nements, qu\u2019ils attendaient depuis l\u2019annonce du retrait am\u00e9ricain en f\u00e9vrier 2020. Ils ne semblent m\u00eame pas avoir \u00e9t\u00e9 pris de court par la rapidit\u00e9 de l\u2019effondrement de l\u2019arm\u00e9e afghane. L\u2019Ouzb\u00e9kistan et le Turkm\u00e9nistan entretenaient d\u2019ailleurs depuis plusieurs mois, voire plusieurs ann\u00e9es, des relations avec les talibans (notamment par le biais de l\u2019\u00abambassade\u00bb taleb \u00e0 Qatar), relations assum\u00e9es et ouvertes, qui s\u2019expliquent en particulier par la pr\u00e9sence de nombre de leurs compatriotes en Afghanistan. Malgr\u00e9 tout, l\u2019Ouzb\u00e9kistan a imm\u00e9diatement ferm\u00e9 ses fronti\u00e8res, principalement pour \u00e9viter un afflux de r\u00e9fugi\u00e9s et par crainte de l\u2019arriv\u00e9e d\u2019\u00e9l\u00e9ments terroristes appartenant \u00e0 Al-Qa\u00efda ou Daesh. Le Turkm\u00e9nistan souhaite faire de m\u00eame, mais la fronti\u00e8re, \u00e0 travers une vaste steppe, est plus difficile \u00e0 contr\u00f4ler. Le Tadjikistan, lui, reste plus ouvert.<\/p>\n\n
\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 La condition des femmes afghanes \u00e9meut certainement moins l\u2019opinion publique dans ces pays qu\u2019en Occident. On peut d\u2019ailleurs se demander si le sort des femmes turkm\u00e8nes est plus enviable. Ce qui int\u00e9resse surtout les pays frontaliers du Nord, c\u2019est le maintien de relations \u00e9conomiques qui permettraient peut-\u00eatre d\u2019\u00e9chapper, au moins partiellement, \u00e0 l\u2019\u00e9tau russo-chinois. Actuellement, la Chine est l\u2019unique acheteur du gaz turkm\u00e8ne. D\u2019o\u00f9 l\u2019int\u00e9r\u00eat du projet TAPI, un gazoduc qui \u00e9vacuerait 30 milliards de m\u00e8tres cubes de gaz par an depuis le gisement turkm\u00e8ne de Galkynych vers l\u2019Afghanistan, le Pakistan et l\u2019Inde. A noter que la Banque Asiatique de D\u00e9veloppement est impliqu\u00e9e dans ce projet. Un tron\u00e7on ferroviaire, une ligne \u00e9lectrique et un c\u00e2ble optique en direction de l\u2019Afghanistan ont \u00e9t\u00e9 inaugur\u00e9s en janvier dernier, un mois avant la visite \u00e0 Achkhabad d\u2019une d\u00e9l\u00e9gation de talibans.<\/p>\n\n
\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 L\u2019Ouzb\u00e9kistan a connu ces derni\u00e8res ann\u00e9es une \u00e9volution positive inattendue. En effet, apr\u00e8s la mort du dictateur Islam Karimov en 2016, c\u2019est son ancien Premier ministre, Shavkat Mirziyoyev, qui a \u00e9t\u00e9 \u00e9lu Pr\u00e9sident et l\u2019on pouvait s\u2019attendre \u00e0 ce qu\u2019il poursuiv\u00eet la m\u00eame politique. Or, le nouveau Pr\u00e9sident s\u2019est employ\u00e9, de mani\u00e8re surprenante, \u00e0 ouvrir son pays sur les plans politique et \u00e9conomique. L\u2019Ouzb\u00e9kistan est pass\u00e9 en cinq ans de la 166\u00e8me<\/sup> \u00e0 la 69\u00e8me<\/sup> place des \u00e9conomies mondiales. La croissance est rest\u00e9e positive pendant la pand\u00e9mie et les investissements se sont poursuivis (l\u2019AFD a pr\u00e9vu un milliard d\u2019euros de financements, notamment pour le reboisement des rives de la mer d\u2019Aral). Et le pays cherche de plus en plus \u00e0 s\u2019int\u00e9grer dans les organismes internationaux ou r\u00e9gionaux. C\u2019est ainsi qu\u2019il a acquis le statut d\u2019observateur \u00e0 l\u2019Union \u00c9conomique Eurasiatique (UEEA) et qu\u2019il est devenu membre du Conseil Turcique. Il est clair que ce pays en pleine expansion ne peut n\u00e9gliger le potentiel \u00e9conomique de son voisin afghan.<\/p>\n\n \u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 Le Kazakhstan, pays non frontalier de l\u2019Afghanistan, observe la situation mais reste tr\u00e8s prudent. Il a des ambitions internationales et souhaite \u00eatre l\u2019h\u00f4te de telle ou telle agence internationale ou organisation r\u00e9gionale. Il veille donc \u00e0 sa r\u00e9putation. Quant au Kirghizistan, plus petit Etat de la zone, il est de peu de poids dans ce grand d\u00e9bat.<\/p>\n\n \u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 Bien entendu, la Chine et la Russie restent extr\u00eamement attentives aux d\u00e9veloppements de cette situation non encore stabilis\u00e9e. La Chine poursuit son projet de BRI (nouvelles routes de la soie) qui pourrait traverser plusieurs pays de la zone et donc \u00eatre affect\u00e9 par d\u2019\u00e9ventuels troubles dans la r\u00e9gion. Elle est, d\u2019autre part, nous l\u2019avons vu, seul acheteur du gaz turkm\u00e8ne et le projet TAPI ne peut la laisser indiff\u00e9rente. Mais c\u2019est surtout la Russie qui est susceptible de jouer un r\u00f4le crucial dans ces pays anciens membres de l\u2019URSS. Elle abrite d\u2019ores et d\u00e9j\u00e0 un nombre important d\u2019immigr\u00e9s afghans (arriv\u00e9s \u00e0 partir du retrait des troupes sovi\u00e9tiques en 1989, ils seraient entre 80 et 150 000 et occupent des quartiers entiers de Moscou). Elle craint, non sans raison, que le succ\u00e8s des talibans ne donne un nouvel \u00e9lan aux islamismes caucasiens (Oss\u00e9tie, Daghestan, Tch\u00e9tch\u00e9nie, etc.) qui, remontant la vall\u00e9e de la Volga, font entendre leur voix jusqu\u2019\u00e0 Kazan.<\/p>\n\n \u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 Comme \u00e0 l\u2019\u00e9poque du Grand Jeu, l\u2019Asie centrale retrouve une place strat\u00e9gique d\u2019importance. Elle redevient un champ, sinon de bataille, du moins de lutte d\u2019influence. Les Am\u00e9ricains, expuls\u00e9s d\u2019Afghanistan, vont chercher d\u2019autres lieux d\u2019implantation. Ils ont d\u00fb fermer en 2014 leurs bases en Ouzb\u00e9kistan et au Kirghizistan par suite des pressions exerc\u00e9es par Moscou sur ces deux pays. De son c\u00f4t\u00e9 la Russie a plac\u00e9 en octobre 2004 sa 201\u00e8me<\/sup> base militaire au Tadjikistan et poss\u00e8de des garnisons \u00e0 Douchanb\u00e9 et \u00e0 Bokhtar, pr\u00e8s de la fronti\u00e8re afghane. Elle poss\u00e8de aussi depuis 2003 une base a\u00e9rienne \u00e0 Kant pr\u00e8s de Bichkek, capitale du Kirghizistan. Pour \u00e9viter que les Etats-Unis ne s\u2019implantent de nouveau dans la r\u00e9gion, Vladimir Poutine a propos\u00e9 paradoxalement aux Am\u00e9ricains d\u2019utiliser certaines des bases russes. Mais ceux-ci continuent de n\u00e9gocier avec le Kazakhstan, l\u2019Ouzb\u00e9kistan et le Tadjikistan \u00e0 qui ils souhaitent demander d\u2019accueillir, au moins provisoirement, quelque 9\u00a0000 Afghans qui travaillaient pour les forces am\u00e9ricaines et qui se trouvent maintenant menac\u00e9s par les Talibans. Ils peuvent aussi utiliser la plate-forme de discussion multilat\u00e9rale C5+1 (5 pays d\u2019Asie centrale + USA).<\/p>\n\n \u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 La guerre n\u2019est donc pas finie. Elle se poursuit, entre grandes puissances, sous une forme larv\u00e9e ou diplomatique. Dans tout cela, ce sont bien plus les int\u00e9r\u00eats des grands voisins qui sont pris en compte, plut\u00f4t que le sort de la population afghane.<\/p>\n\n \u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0 L\u2019Union Europ\u00e9enne est, dans cette affaire, remarquablement silencieuse. Il est loin le temps (en d\u00e9cembre 2001) o\u00f9 l\u2019Allemagne organisait \u00e0 Bonn une conf\u00e9rence internationale pour cr\u00e9er les conditions de la (re)naissance d\u2019un Afghanistan moderne. Quant \u00e0 la France, qui a retir\u00e9 ses troupes d\u00e8s 2012, elle cherche surtout \u00e0 justifier son manque d\u2019enthousiasme \u00e0 accueillir un nombre m\u00eame limit\u00e9 de r\u00e9fugi\u00e9s afghans. La photographie, r\u00e9cemment ressortie, du G\u00e9n\u00e9ral de Gaulle recevant \u00e0 l\u2019Elys\u00e9e le roi Zaher Shah permet de mesurer l\u2019\u00e9tendue de notre recul.<\/p>\n\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t<\/div>\n\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t<\/section>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Billet du Lundi 13 septembre par G\u00e9rard Chesnel, membre du Conseil d’administration de Geopragma. 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