{"id":14731,"date":"2021-04-17T14:59:00","date_gmt":"2021-04-17T12:59:00","guid":{"rendered":"https:\/\/geopragma.fr\/?p=14731"},"modified":"2021-09-30T11:56:52","modified_gmt":"2021-09-30T09:56:52","slug":"les-fondements-juridiques-des-faits-accomplis-chinois-en-mer-de-chine-meridionale","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/geopragma.fr\/les-fondements-juridiques-des-faits-accomplis-chinois-en-mer-de-chine-meridionale\/","title":{"rendered":"Les fondements juridiques des faits accomplis chinois en mer de Chine m\u00e9ridionale"},"content":{"rendered":"\t\t
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Par le G\u00e9n\u00e9ral (2S) Jean-Bernard Pinatel, Vice-pr\u00e9sident de Geopragma<\/p>\n
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Le bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine en\u00a0mer de Chine m\u00e9ridionale\u00a0\u00e0 propos des \u00eeles Spratleys et de Ta\u00efwan s\u2019est durci depuis l\u2019arriv\u00e9e au pouvoir de Joe Biden. Les Etats-Unis ont mis en garde la Chine, mercredi 7\u00a0avril, contre des\u00a0man\u0153uvres jug\u00e9es de plus en plus agressives par les Philippines et Ta\u00efwan, en rappelant \u00e0 P\u00e9kin les obligations liant Washington \u00e0 ses partenaires asiatiques. \u00ab\u00a0Une attaque arm\u00e9e contre les forces militaires, les navires ou les avions des Philippines dans le Pacifique, y compris en mer de Chine m\u00e9ridionale, d\u00e9clenchera nos obligations aux termes du trait\u00e9 am\u00e9ricano-philippin de d\u00e9fense mutuelle\u00a0\u00bb, a affirm\u00e9 \u00e0 la presse le porte-parole du d\u00e9partement d’Etat, Ned Price.\u00a0<\/p>\n
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Le but de cet historique des actions de la Chine dans l\u2019archipel des Spratleys\u00a0<\/strong>est de mettre en lumi\u00e8re s\u2019il existe des fondements en mati\u00e8re de droit maritime international aux revendications chinoises.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Les\u00a0\u00eeles Spratleys<\/strong>, sont un archipel situ\u00e9 en mer de Chine m\u00e9ridionale, comprenant 14 petites\u00a0\u00eeles\u00a0coralliennes\u00a0et un grand nombre de r\u00e9cifs[1]<\/sup><\/a>\u00a0dont une centaine sont apparents \u00e0 mar\u00e9e haute. La Chine revendique cet archipel qui est pourtant tr\u00e8s loin de son territoire et beaucoup plus pr\u00e8s du Vietnam \u00e0 l\u2019Ouest, de Born\u00e9o et de Brunei au Sud-Est et surtout en partie dans la ZEE des Philippines \u00e0 l\u2019Est.\u00a0Les Chinois ont r\u00e9ussi malgr\u00e9 l\u2019opposition des Etats riverains \u00e0 transformer entre 2013 et 2017 sept r\u00e9cifs coralliens de cet archipel en \u00eeles artificielles dont trois sont de v\u00e9ritables bases a\u00e9ronavales.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Cette revendication de possession par la Chine ne date pas d\u2019hier. Elle s\u2019\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 s\u2019exerc\u00e9e en 1932 \u00e0 l\u2019encontre de la France qui avait pris officiellement possession de cet archipel.\u00a0<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Jusqu\u2019en 1930 aux yeux du droit maritime international, r\u00e9dig\u00e9 dans le cadre de la Soci\u00e9t\u00e9 des Nations apr\u00e8s la Premi\u00e8re Guerre mondiale, les \u00eeles et r\u00e9cifs des Spratleys \u00e9taient des terra nullius<\/em> signifiant \u00ab\u00a0territoire sans ma\u00eetre\u00a0\u00bb[2]<\/sup><\/a>, c\u2019est-\u00e0-dire poss\u00e9d\u00e9es par personne. Ce que conteste la Chine qui proclame en avoir pris possession sous la dynastie des empereurs Hans[3]<\/sup><\/a>\u00a0sans en apporter v\u00e9ritablement la preuve. En 1930[4]<\/sup><\/a>,\u00a0la canonni\u00e8re \u00ab\u00a0la\u00a0\u00a0Malicieuse\u00a0\u00bb\u00a0qui faisait partie de notre flotte d\u2019Extr\u00eame-Orient explore les\u00a0\u00eeles Spratleys\u00a0et y hisse le drapeau fran\u00e7ais.\u00a0<\/p>\n \u00a0<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n \u00a0<\/p>\n La France d\u00e9clare le 23 septembre 1930 aux autres grandes puissances qu’elle prend possession de l’archipel, qu’elle consid\u00e8re comme\u00a0terra nullius<\/em>. Bien qu’y ayant accord\u00e9 des concessions d’exploitation du\u00a0guano\u00a0en 1877 et 1883, le gouvernement britannique d\u00e9clare que ces \u00eeles n’ont pas \u00e9t\u00e9 formellement annex\u00e9es, et qu’il ne conteste pas la position fran\u00e7aise[5]<\/sup><\/a>. Par une publication au\u00a0Journal officiel\u00a0du 26 juillet 1933, la France informe le monde qu’elle prend possession de l’archipel des Spratleys et le place sous la protection de sa marine. En 1933 la Chine proteste que l’archipel des Spratleys est sous souverainet\u00e9 chinoise[6]<\/sup><\/a>. C\u2019est en s\u2019appuyant sur cette prise de possession par le colonisateur fran\u00e7ais que le Vietnam revendique depuis 1974 la partie occidentale des Spratleys qui est dans sa ZEE et qu\u2019il conteste les vis\u00e9es chinoises. En fait les Spratleys \u00e9taient directement administr\u00e9es par la Marine nationale et n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 incluses dans les accords de Gen\u00e8ve. D\u2019ailleurs pendant quelques ann\u00e9es apr\u00e8s 1954 la marine fran\u00e7aise a continu\u00e9 \u00e0 visiter les \u00eeles. Je laisse \u00e0 des experts en droit maritime le soin d\u2019\u00e9valuer si la France peut toujours revendiquer celles qui sont en dehors des ZEE des pays riverains, ce qui serait un clin d\u2019\u0153il \u00e9tonnant de l\u2019histoire.<\/p>\n \u00a0<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Les faits accomplis chinois<\/strong><\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Fin 2013, la Chine a entrepris\u00a0d\u2019\u00e9difier des d’\u00eeles artificielles\u00a0sur sept r\u00e9cifs qui restaient \u00e0 d\u00e9couvert \u00e0 mar\u00e9e haute[7]<\/sup><\/a>. Ces \u00eeles artificielles occupent aujourd\u2019hui\u00a0une surface du m\u00eame ordre que la surface totale des 14 \u00eeles de cet archipel.\u00a0Quatre sont construites dans les eaux internationales\u00a0: Subi Reef <\/em>(4 km2<\/sup>), a\u00e9roport de 3200 m achev\u00e9\u00a0; Fiery Cross Reef<\/em> (3 km2<\/sup>) a\u00e9roport de 3\u00a0200 m achev\u00e9 en janvier 2016\u00a0; Cuarton Reef<\/em> (0,2 km2<\/sup>)\u00a0et\u00a0Gaven Reef <\/em>(0,15 km2<\/sup>).\u00a0<\/p>\n \u00a0<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n \u00a0<\/p>\n Mais la Chine est all\u00e9e plus loin puisqu\u2019elle a construit des \u00eeles artificielles dans la\u00a0Zone Economique Exclusive\u00a0(ZEE) revendiqu\u00e9e par les Philippines : Mischief Reef<\/em> (5,6 km2<\/sup>), a\u00e9roport de 3200m\u00a0; Johnson South Reef<\/em> (0,1 km2<\/sup>)\u00a0; Hughes Reef<\/em> (0,8 km2<\/sup>).\u00a0\u00a0Cette action est ill\u00e9gale au regard du droit maritime international puisque la souverainet\u00e9 de la Chine sur l\u2019archipel n\u2019est pas reconnue car la construction d’\u00eeles artificielles n\u00e9cessite l’accord du pays propri\u00e9taire de la ZEE.\u00a0<\/p>\n \u00a0<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n \u00a0<\/p>\n Les Chinois en r\u00e9alisant\u00a0ces travaux agissent comme s\u2019il n\u2019y avait aucune contestation sur la souverainet\u00e9 de l\u2019archipel et se placent hors de tout arbitrage international. Ainsi, par le choix du r\u00e9cif Mischief<\/em> pour envoyer leurs b\u00e2timents de guerre p\u00e9n\u00e9trer dans la zone des 12 milles,\u00a0les Etats-Unis ne prennent pas sur le fond du dossier mais signifient clairement \u00e0 la Chine qu\u2019ils contestent leur souverainet\u00e9 sur leurs bases install\u00e9es dans la ZEE des Philippines.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Disposant d\u00e9sormais de 4 bases a\u00e9ronavales en mer de Chine m\u00e9ridionale la Chine est capable de contr\u00f4ler totalement cette zone d\u2019une exceptionnelle importance strat\u00e9gique.<\/p>\n \u00a0<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n \u00a0<\/p>\n \u00a0<\/p>\n<\/figcaption>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n [1]<\/sup><\/a>\u00a0Il faut rappeler que pour pouvoir \u00eatre qualifi\u00e9 d\u2019\u00ab\u00a0\u00eele\u00a0\u00bb au sens plein du terme, un \u00e9l\u00e9ment maritime doit \u00eatre \u00e9merg\u00e9 \u00e0 mar\u00e9e haute, et disposer d\u2019une taille et de ressources suffisantes pour permettre objectivement une habitation humaine ou une vie \u00e9conomique autonome. Dans le cas contraire, il s\u2019agit d\u2019un \u00ab\u00a0rocher\u00a0\u00bb ou \u00ab\u00a0r\u00e9cif\u00a0\u00bb inhabitable. Un \u00ab\u00a0rocher\u00a0\u00bb, m\u00eame inhabitable, peut faire l\u2019objet de revendication de souverainet\u00e9. Dans ce cas, il dispose d\u2019un p\u00e9rim\u00e8tre d\u2019eaux territoriales, mais pas d\u2019une\u00a0zone \u00e9conomique exclusive.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n [2]<\/sup><\/a>\u00a0C\u2019est-\u00e0-dire un espace\u00a0qui peut \u00eatre habit\u00e9, mais qui ne rel\u00e8ve pas d’un\u00a0Etat. C’est un mode juridique reconnu d’acquisition de la\u00a0souverainet\u00e9\u00a0sur un territoire par un\u00a0Etat, que la\u00a0Cour internationale de justice\u00a0a au\u00a0XXIe<\/sup>\u00a0si\u00e8cle comp\u00e9tence pour valider.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n [3]<\/sup><\/a>\u00a0Cette affirmation est en contradiction avec l\u2019histoire chinoise. Bien qu\u2019ayant \u00e9t\u00e9 probablement la plus grande puissnce navale du monde, la Chine n\u2019a pris possession d\u2019aucun territoire. La dynastie Ming (1368-1644) a organis\u00e9 7 exp\u00e9ditions entre 1405 et 1433\u00a0jusqu\u2019en Afrique pour d\u00e9velopper des \u00e9changes amicaux et commerciaux dans tous les pays bordant le golfe de Tha\u00eflande, le golfe du Bengale et la mer d\u2019Arabie<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n [4]<\/sup><\/a>https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Revendications_de_souverainet%C3%A9_en_mer_de_Chine_m%C3%A9ridionale<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n [5]<\/sup><\/a>https:\/\/southeastasiansea.files.wordpress.com\/2014\/08\/china-versus-vietnam-an-analysis-of-the-competing-claims-in-the-south-china-sea.pdf<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n<\/figure>\n<\/div>\n
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