{"id":13617,"date":"2021-01-20T17:55:35","date_gmt":"2021-01-20T16:55:35","guid":{"rendered":"http:\/\/geopragma.fr\/?p=13617"},"modified":"2021-09-17T18:05:03","modified_gmt":"2021-09-17T16:05:03","slug":"2020-une-annee-faste-pour-la-marine-russe","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/geopragma.fr\/2020-une-annee-faste-pour-la-marine-russe\/","title":{"rendered":"2020, une ann\u00e9e faste pour la Marine russe"},"content":{"rendered":"\n
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\u00c9<\/strong>TUDE – La \u201cflotte maritime militaire\u201d a re\u00e7u l\u2019an pass\u00e9 une fr\u00e9gate de premier rang, un sous-marin nucl\u00e9aire lanceur d\u2019engins, un grand navire de d\u00e9barquement et divers autres navires. Les chantiers navals ont aussi commenc\u00e9 la construction de deux sous-marins nucl\u00e9aires d\u2019attaque, de deux fr\u00e9gates et de deux porte-h\u00e9licopt\u00e8res de 40.000 tonnes. In\u00e9dite \u00e0 plus d\u2019un titre, cette s\u00e9rie d\u2019\u00e9v\u00e9nements dessine les contours d\u2019une marine russe largement renouvel\u00e9e \u00e0 l\u2019horizon 2030, analyse Alexis Feertchak.<\/strong><\/p>\n\n\n\n


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Dipl\u00f4m\u00e9 de Sciences Po Paris et licenci\u00e9 en Philosophie de l’Universit\u00e9 Paris-Sorbonne, Alexis Feertchak<\/strong> est journaliste au <\/em>Figaro<\/a> et membre fondateur de Geopragma.<\/em><\/p>\n\n\n\n


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H\u00e9riti\u00e8re de la grande marine sovi\u00e9tique, la VMF (Vo\u00efenno-Morsko\u00ef Flot<\/em>, ou flotte maritime militaire) a connu, \u00e0 l\u2019image de la Russie elle-m\u00eame, une forte attrition de ses forces d\u00e8s les ann\u00e9es 1990. Ce n\u2019est qu\u2019\u00e0 partir du d\u00e9but de la d\u00e9cennie 2010 que de nouveaux navires ont commenc\u00e9 d\u2019y faire leur apparition, sans pour autant combler le risque de vide capacitaire d\u2019une flotte qui repose encore largement sur des navires des ann\u00e9es 1980 ou de la premi\u00e8re moiti\u00e9 des ann\u00e9es 1990. Malgr\u00e9 les difficult\u00e9s structurelles de l\u2019industrie navale russe (retards, sous-investissements, vieillissement de la main-d’\u0153uvre) peu aid\u00e9e par les financements erratiques de l\u2019Etat, la situation s\u2019am\u00e9liore nettement et un point d\u2019inflexion pourrait avoir \u00e9t\u00e9 franchi en 2020. <\/p>\n\n\n\n

L\u2019inertie est in\u00e9vitable quand sont en jeu des programmes militaires qui s\u2019\u00e9tendent sur plus d\u2019une d\u00e9cennie. Les progr\u00e8s de 2020 sont le fruit d\u2019efforts consentis d\u00e8s la fin des ann\u00e9es 2000 et, inversement, l’ann\u00e9e pass\u00e9e dessine d\u00e9j\u00e0 les contours de ce que sera la Marine russe \u00e0 l\u2019horizon 2030. Une erreur est cependant couramment commise : la VMF ne doit pas \u00eatre compar\u00e9e \u00e0 l\u2019US Navy ou \u00e0 la PLAN chinoise. La Russie n\u2019est pas une superpuissance mais une puissance interm\u00e9diaire dont le PIB, selon que l\u2019on parle en dollars courants ou en parit\u00e9 de pouvoir d\u2019achat, se situe quelque part entre ceux de l\u2019Espagne et de l\u2019Allemagne. Gardons-nous donc de comparer l\u2019incomparable. Au-del\u00e0 des questions militaires, ce r\u00e9flexe persistant h\u00e9rit\u00e9 de la guerre froide brouille l\u2019\u00e9tude de l\u2019objet \u201cRussie\u201d. De fa\u00e7on schizophr\u00e8ne, il pousse tant\u00f4t \u00e0 exag\u00e9rer la menace russe, tant\u00f4t \u00e0 tourner en ridicule une puissance qui ne serait plus que l\u2019ombre d\u2019elle-m\u00eame. <\/p>\n\n\n\n

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Les croiseurs Slava<\/em>, ou le chant du cygne de la marine sovi\u00e9tique. <\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

La r\u00e9alit\u00e9 est plut\u00f4t celle d\u2019une marine qui, en l\u2019espace d\u2019un tiers de si\u00e8cle, doit enti\u00e8rement se r\u00e9inventer en passant de l\u2019\u00e9chelle d\u2019une superpuissance \u00e0 celle d\u2019une puissance interm\u00e9diaire. Tout en conservant certaines de ses caract\u00e9ristiques historiques (primat de sa sous-marinade nucl\u00e9aire et maintien d\u2019un grand nombre de petites corvettes), la VMF doit red\u00e9finir les contours de sa flotte de surface oc\u00e9anique, dont le format ne peut plus \u00eatre le m\u00eame qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9poque sovi\u00e9tique.<\/p>\n\n\n\n

Nous passons en revue les principales nouveaut\u00e9s de 2020, notamment les mises sur cale, les mises \u00e0 l\u2019eau et les mises en service – les trois grandes \u00e9tapes qui rythment la fabrication d\u2019un navire – pour les sous-marins puis pour les navires de surface. Avant cela, nous pr\u00e9sentons les innovations en mati\u00e8re de syst\u00e8mes d\u2019armes et de capteurs. La chose est technique, mais elle facilitera paradoxalement la compr\u00e9hension des enjeux li\u00e9s aux navires eux-m\u00eames et \u00e0 ce qu\u2019ils repr\u00e9sentent pour la Russie.<\/p>\n\n\n\n


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Nouveaux syst\u00e8mes d\u2019armes et nouveaux capteurs<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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En 2020, la Russie a r\u00e9alis\u00e9 les quatre premiers tests de son nouveau missile de croisi\u00e8re Zirkon depuis un navire, la fr\u00e9gate Admiral Gorchkov<\/em><\/strong>. <\/p>\n\n\n\n

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Dessin d’illustration d’un missile Zirkon (rien n’indique encore qu’il ressemble exactement \u00e0 cela). <\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Il s\u2019agit du premier missile de croisi\u00e8re hypersonique au monde (les missiles balistiques intercontinentaux le sont d\u00e9j\u00e0). Le domaine hypersonique ne repr\u00e9sente pas une grandeur physique comme le domaine supersonique (celui des vitesses sup\u00e9rieures \u00e0 celle du son), mais une simple convention fix\u00e9e \u00e0 cinq fois celle-ci (soit Mach 5). En l\u2019esp\u00e8ce, le Zirkon atteindrait Mach 8 voire 9 (plus de 10.000 km\/h). D\u00e9ploy\u00e9 en priorit\u00e9 sur des navires, il pourrait aussi \u00eatre tir\u00e9 depuis des batteries terrestres de d\u00e9fense c\u00f4ti\u00e8re. Il existerait aussi bien en version anti-navire qu\u2019en version de frappe au sol. Sa port\u00e9e atteindrait entre 1000 et 2000 km selon les versions. Dans la dialectique traditionnelle entre l\u2019\u00e9p\u00e9e et le bouclier, le Zirkon est une arme essentielle pour les Russes, qui esp\u00e8rent pouvoir contourner les syst\u00e8mes de d\u00e9fense adverses pendant encore de nombreuses ann\u00e9es. Experte \u00e8s missiles anti-navires supersoniques depuis les ann\u00e9es 1970 (domaine dans lequel les Occidentaux n\u2019ont pas investi, sauf les Am\u00e9ricains, depuis quelques ann\u00e9es seulement<\/a>), la Russie franchit une nouvelle \u00e9tape avec le Zirkon qui devrait entrer en service op\u00e9rationnel en 2022, apr\u00e8s de nouveaux essais en 2021, en salves et depuis un sous-marin<\/a>.<\/p>\n\n\n\n

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