{"id":13549,"date":"2020-12-15T13:26:07","date_gmt":"2020-12-15T12:26:07","guid":{"rendered":"http:\/\/geopragma.fr\/?p=13549"},"modified":"2021-09-20T10:02:22","modified_gmt":"2021-09-20T08:02:22","slug":"lamerique-meprise-ses-courtisans","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/geopragma.fr\/lamerique-meprise-ses-courtisans\/","title":{"rendered":"L’Am\u00e9rique m\u00e9prise ses courtisans"},"content":{"rendered":"\t\t
<\/p>\n
\u00a0<\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
Chronique de Renaud Girard parue dans le Figaro le 14 d\u00e9cembre 2020<\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
\u00a0<\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
Boris Johnson pr\u00e9pare psychologiquement le Royaume-Uni au sc\u00e9nario du pire dans ses relations avec l’Union europ\u00e9enne, \u00e0 savoir le m\u00eame statut que l’Australie (que son premier ministre a qualifi\u00e9 d’ex\u00e9crable). Dans la campagne qu’il avait men\u00e9e pour le Brexit au premier semestre de 2016, le tonitruant Boris avait promis \u00e0 ses \u00e9lecteurs eurosceptiques monts et merveilles dans la relation commerciale privil\u00e9gi\u00e9e que la Grande-Bretagne allait \u00e9tablir avec les Etats-Unis. Une fois \u00e9lu premier ministre, il avait flatt\u00e9 Donald Trump plus que de raison, afin d’\u00e9tablir un partenariat strat\u00e9gique d’\u00e9gal \u00e0 \u00e9gal avec les Am\u00e9ricains. Rien n’est venu. Boris Johnson s’est tromp\u00e9, il n’obtiendra jamais son partenariat privil\u00e9gi\u00e9, avec les R\u00e9publicains comme avec les D\u00e9mocrates. Car l’Am\u00e9rique est une nation puritaine m\u00e9prisant la flatterie et une superpuissance s\u00fbre d’elle-m\u00eame, ne concevant aujourd’hui de dialogue d’\u00e9gal \u00e0 \u00e9gal avec aucun autre Etat, hormis la Chine.<\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
Jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent, le premier ministre de sa Gracieuse Majest\u00e9 n’a pas obtenu autre chose d’outre-Atlantique que la joyeuse perspective d’une invasion de poulets chlor\u00e9s et de veaux aux hormones, et la r\u00e9alit\u00e9 concr\u00e8te d’une hausse de 25% des droits de douane sur le whisky \u00e9cossais, provoquant une chute de 65% de ses ventes sur le march\u00e9 am\u00e9ricain. Le 1er<\/sup>\u00a0octobre 2020, Boris Johnson avait fait un discours pour obtenir la fin de cette surtaxe qualifi\u00e9e de \u00ab\u00a0scandaleuse\u00a0\u00bb. Elle est, \u00e0 ce jour, toujours per\u00e7ue par les douanes am\u00e9ricaines.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Le premier ministre britannique aurait tort de croire que l’Am\u00e9rique est pr\u00eate \u00e0 accepter des alli\u00e9s lui parlant d’\u00e9gal \u00e0 \u00e9gal. Est r\u00e9volue l’\u00e9poque de la conf\u00e9rence de l’Atlantique entre Roosevelt et Churchill (ao\u00fbt 1941). En novembre 1956, la nouvelle r\u00e9alit\u00e9 \u00e9clata au grand jour lorsque le pr\u00e9sident Eisenhower ordonna \u00e0 l’Angleterre et \u00e0 la France de retirer leurs corps exp\u00e9ditionnaires de la ville de Suez et que le gouvernement de Sa Majest\u00e9 s’ex\u00e9cuta, suivi par celui de la Quatri\u00e8me R\u00e9publique fran\u00e7aise. La r\u00e9alit\u00e9 est que, dans les relations internationales, l’Am\u00e9rique admet des valets mais pas d’alli\u00e9s europ\u00e9ens lui parlant sur un pied d’\u00e9galit\u00e9. Car, depuis toujours, elle se con\u00e7oit comme une nouvelle J\u00e9rusalem, dot\u00e9e d’une \u00ab\u00a0destin\u00e9e manifeste<\/em>\u00a0\u00bb, qui est de lib\u00e9rer les nations europ\u00e9ennes (et leurs anciennes colonies) de leur corruption originelle et d’imposer sa d\u00e9mocratie et sa justice au monde entier. Voil\u00e0 pourquoi les procureurs am\u00e9ricains estiment que le droit am\u00e9ricain doit s’appliquer partout sur la plan\u00e8te et qu’ils se permettent d’infliger des amendes gigantesques aux entreprises \u00e9trang\u00e8res prises en flagrant d\u00e9lit de violation des lois am\u00e9ricaines.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Ce n’est pas un hasard si le 44\u00e8me<\/sup>\u00a0pr\u00e9sident des Etats-Unis a intitul\u00e9 \u00ab\u00a0Terre Promise<\/em>\u00a0\u00bb le volume de M\u00e9moires qu’il vient de publier. Il y a, dans ce livre, un passage hallucinant, consacr\u00e9 au 6\u00e8me<\/sup> pr\u00e9sident de la R\u00e9publique fran\u00e7aise. Ce dernier est moqu\u00e9 pour sa petite taille, pour ses talonnettes, pour son langage des mains, pour sa \u00ab\u00a0poitrine bomb\u00e9e de coq nain<\/em>\u00a0\u00bb, pour son allure de personnage de Toulouse-Lautrec, pour son \u00ab\u00a0anglais limit\u00e9<\/em>\u00a0\u00bb. Avec son arrogance tranquille d’ancien professeur de droit constitutionnel \u00e0 l’universit\u00e9 de Chicago, Barack Obama ne prend pas la peine de nous expliquer pourquoi, lui, ne parle pas un mot de fran\u00e7ais, alors que les P\u00e8res fondateurs de la R\u00e9publique am\u00e9ricaine avaient, eux, pour la plupart, lu, dans le texte original,\u00a0L’esprit des lois\u00a0<\/em>de Montesquieu. L’estocade vient \u00e0 la fin, quand Obama \u00e9crit que la conversation de Nicolas Sarkozy \u00ab\u00a0passait de la flatterie \u00e0 la fanfaronnade<\/em>\u00a0\u00bb. Obama montre fort peu de reconnaissance au plus pro-am\u00e9ricain des pr\u00e9sidents de la Cinqui\u00e8me R\u00e9publique, \u00e0 l’homme qui prit la d\u00e9cision de r\u00e9int\u00e9grer la France dans l’organisation militaire de l’Alliance atlantique \u2013 d\u00e9cision d’autant plus sympathique \u00e0 l’Am\u00e9rique qu’elle fut prise \u00e0 un moment (2008) o\u00f9 l’OTAN commen\u00e7ait \u00e0 montrer de s\u00e9rieuses faiblesses en Afghanistan. Ne souhaitant pas voir les officiers fran\u00e7ais prendre leurs ordres aupr\u00e8s d’officiers am\u00e9ricains, le pr\u00e9sident de Gaulle avait retir\u00e9, en 1966, la France de la structure militaire atlantique.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Le g\u00e9n\u00e9ral avait parfaitement compris que l\u00e9cher les bottes des Am\u00e9ricains n’apporterait jamais rien \u00e0 la France. Contre leur avis, il l’avait dot\u00e9e d’une force atomique autonome et d’une politique \u00e9trang\u00e8re ind\u00e9pendante. Et il n’avait pas eu peur de les critiquer ouvertement sur le \u00ab\u00a0privil\u00e8ge exorbitant<\/em>\u00a0\u00bb de leur monnaie comme sur leur guerre au Vietnam. Mais quand Nixon arriva au pouvoir, sa premi\u00e8re visite fut pour de Gaulle, qu’il traita d’\u00e9gal \u00e0 \u00e9gal.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Dans le programme de Joe Biden, il y a l’id\u00e9e int\u00e9ressante d’une union \u00e9conomique Am\u00e9rique-Europe contre les Chinois. Sachons ne l’accepter que si elle est \u00e9difi\u00e9e d’\u00e9gale \u00e0 \u00e9gale.<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n \u00a0<\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n *Renaud Girard est membre du Conseil d’orientation strat\u00e9gique de Geopragma<\/p>\n <\/p>\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t<\/div>\n\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t<\/section>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t","protected":false},"excerpt":{"rendered":" \u00a0 Chronique de Renaud Girard parue dans le Figaro le 14 d\u00e9cembre 2020 \u00a0 Boris Johnson pr\u00e9pare psychologiquement le Royaume-Uni au sc\u00e9nario du pire dans ses relations avec l’Union europ\u00e9enne, \u00e0 savoir le m\u00eame statut que l’Australie (que son premier ministre a qualifi\u00e9 d’ex\u00e9crable). Dans la campagne qu’il avait men\u00e9e pour le Brexit au premier […]<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":13550,"comment_status":"open","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[645,688,671,119,178,851],"tags":[15,11,25,34,22,702],"class_list":["post-13549","post","type-post","status-publish","format-standard","has-post-thumbnail","hentry","category-billet-dactualite","category-etats-unis","category-eurasie","category-europe","category-france","category-relations-internationales-doctrines-et-perceptions","tag-chine","tag-etatsunis","tag-europe","tag-france","tag-otan","tag-royaume-uni"],"yoast_head":"\n