{"id":13435,"date":"2020-11-25T10:54:50","date_gmt":"2020-11-25T09:54:50","guid":{"rendered":"http:\/\/geopragma.fr\/?p=13435"},"modified":"2021-09-20T10:20:55","modified_gmt":"2021-09-20T08:20:55","slug":"la-defaite-geo-economique-de-trump-en-asie","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/geopragma.fr\/la-defaite-geo-economique-de-trump-en-asie\/","title":{"rendered":"La d\u00e9faite g\u00e9o-\u00e9conomique de Trump en Asie"},"content":{"rendered":"\t\t
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Chronique de Renaud Girard* parue dans le Figaro le 23 novembre 2020<\/p>\n
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Le 15 novembre 2020, en marge d’un sommet de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), pr\u00e9sid\u00e9 par le Vietnam, a \u00e9t\u00e9 sign\u00e9 le plus vaste accord r\u00e9gional de libre-\u00e9change du monde. Ce RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership Agreement) est un accord associant tous les pays de l’ASEAN (Indon\u00e9sie, Tha\u00eflande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei) ainsi que la Chine, le Japon, la Cor\u00e9e du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Z\u00e9lande.
Le RCEP, qui couvre 2,2 milliards de consommateurs (30% de la population mondiale) et un PIB cumul\u00e9 de 26200 milliards de dollars (30% du PIB mondial), est plus important que chacune des deux autres grandes zones r\u00e9gionales de libre-\u00e9change de la plan\u00e8te que sont l’Union europ\u00e9enne et l’ALENA (Accord de libre-\u00e9change nord-am\u00e9ricain entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique).<\/p>\n
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En manoeuvrant en coulisses, sans d\u00e9claration tonitruante, les Chinois sont parvenus \u00e0 combler \u00e0 leur avantage le vide politique qu’avait cr\u00e9\u00e9 Donald Trump en Asie-Pacifique, d\u00e8s son arriv\u00e9e \u00e0 la Maison Blanche en janvier 2017. Pourfendeur maniaque du multilat\u00e9ralisme, le 45\u00e8me pr\u00e9sident des Etats-Unis avait torpill\u00e9 le TPP (Trans-Pacific Partnership ) brillant instrument politique et commercial \u00e9difi\u00e9 par l’administration Obama, et qui avait abouti au trait\u00e9 d’Auckland du 4 f\u00e9vrier 2016. <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n *Renaud Girard est membre du Conseil d’orientation strat\u00e9gique de Geopragma.<\/p>\n <\/p>\t\t\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t<\/div>\n\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t<\/section>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Chronique de Renaud Girard* parue dans le Figaro le 23 novembre 2020 Le 15 novembre 2020, en marge d’un sommet de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), pr\u00e9sid\u00e9 par le Vietnam, a \u00e9t\u00e9 sign\u00e9 le plus vaste accord r\u00e9gional de libre-\u00e9change du monde. Ce RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership Agreement) est un accord associant […]<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":13437,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[685,115,645,613,688,852],"tags":[],"class_list":["post-13435","post","type-post","status-publish","format-standard","has-post-thumbnail","hentry","category-alliances","category-asie","category-billet-dactualite","category-chine","category-etats-unis","category-geoeconomie"],"yoast_head":"\n
Concentr\u00e9 sur 12 pays dynamiques ayant une fa\u00e7ade pacifique (Etats-Unis, Canada, Mexique, Chili, P\u00e9rou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Z\u00e9lande) repr\u00e9sentant 40% du PNB mondial, le TPP \u00e9tait en fait une tr\u00e8s habile machine diplomatique visant \u00e0 freiner l’expansionnisme commercial chinois, incarn\u00e9 par la Nouvelle Route de la Soie. Via le TPP, qui incluait toute une s\u00e9rie de normes et r\u00e8gles de bonne pratique, les Am\u00e9ricains avaient les moyens d’obliger la Chine de faire du commerce \u00e0 leurs conditions et de respecter enfin la propri\u00e9t\u00e9 intellectuelle occidentale.
Au cas o\u00f9 les Chinois voudraient poursuivre leur expansionnisme maritime ill\u00e9gal, incarn\u00e9 par les bases militaires qu’ils ont construites depuis 2014 en Mer de Chine du Sud, dans les archipels de r\u00e9cifs Paracels et Spratleys (consid\u00e9r\u00e9es par le droit de la mer comme des terrae nullius<\/em>, des terres qui n’appartiennent \u00e0 personne), le TPP avait le m\u00e9rite de pouvoir se transformer facilement en une alliance militaire. Singapour contr\u00f4le le d\u00e9troit de Malacca ; le Japon concentre sa marine sur la Mer de Chine orientale ; le Vietnam donne sur l’\u00eele de Hainan, au sud de laquelle les Chinois ont construit leur plus importante base navale ; l’US Navy, de loin la premi\u00e8re marine de guerre du monde, dispose de bases ou de facilit\u00e9s navales en Cor\u00e9e, au Japon, au Vietnam, \u00e0 Singapour, aux Philippines, en Australie. Face \u00e0 une telle configuration strat\u00e9gique, la marine chinoise n’avait plus qu’\u00e0 bien se tenir !
Trump aurait pu d\u00e9cider de construire, intelligemment et patiemment, une alliance commerciale et strat\u00e9gique antichinoise dans le Pacifique (oc\u00e9an que les Am\u00e9ricains contr\u00f4laient sans partage depuis 1945) ; il aurait pu proposer ensuite \u00e0 ses alli\u00e9s europ\u00e9ens de se rallier \u00e0 ce trait\u00e9 fond\u00e9 sur des r\u00e8gles exigeantes ; les Chinois n’auraient eu ensuite d’autre choix que de se plier aux normes occidentales.
Au lieu de choisir cette strat\u00e9gie progressive et collective, Donald Trump opta pour le rod\u00e9o personnel. Il le fit le 26 janvier 2018, \u00e0 Davos, au forum \u00e9conomique mondial. Sa prestation fut brillante car il dit des choses vraies que personne avant lui n’avait os\u00e9 dire. Il dit aux Chinois : \u00ab Arr\u00eatez de voler ! \u00bb. C’est vrai que devenait pr\u00e9occupant le vol de technologie occidentale par les Chinois, via le cyber-espionnage ou via l’intimidation des soci\u00e9t\u00e9s occidentales install\u00e9es en Chine. Trump osa dire aussi que les Chinois n’avaient pas respect\u00e9 l’esprit, sinon la lettre, de l’Organisation Mondiale du Commerce, dans laquelle l’Occident les avaient faits rentrer en 2001 sans prendre les pr\u00e9cautions n\u00e9cessaires.
Mais le rod\u00e9o du cow-boy Trump resta sans lendemain car le pr\u00e9sident am\u00e9ricain ne sut le transformer en charge de cavalerie. Les Chinois sont en effet un trop gros morceau \u00e0 avaler seul. L’Occident avait encore, lorsque Trump devint pr\u00e9sident, les moyens de leur imposer ses propres r\u00e8gles. Aujourd’hui, il est trop tard. Certes, sur le plan strat\u00e9gique, le Secr\u00e9taire d’Etat Mike Pompeo a consolid\u00e9 une alliance anti-chinoise de fait entre Etats-Unis, Inde, Japon et Australie, le Quad. Mais, dans la confrontation \u00e9conomique avec la Chine, l’Am\u00e9rique a, par la faute de Trump, perdu une bataille cruciale.<\/p>\n
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