\u00e8me<\/sup> rang mondial. Elle est presque six fois moins \u00e9tendue que la Russie, trois fois moins \u00e9tendue que les Etats-Unis, la Chine et le Canada et deux fois moins que l\u2019Australie et le Br\u00e9sil et cet \u00e9cart s\u2019accroit si on prend en compte l\u2019\u00e9tendue des Zones Economiques Exclusives (ZEE).<\/p>\n\n\n\nAu Nord, l\u2019Inde poss\u00e8de 2430 km de fronti\u00e8re avec le Pakistan, son ennemi de toujours pour des raisons religieuses et territoriales et avec lequel elle est actuellement engag\u00e9e dans un sixi\u00e8me conflit arm\u00e9 \u00e0 propos du Cachemire. Cet affrontement entre deux puissances nucl\u00e9aires n\u2019int\u00e9resse que marginalement nos m\u00e9dias et les Fran\u00e7ais.<\/p>\n\n\n\n
La pointe Sud de l\u2019Inde aurait pu lui permettre de contr\u00f4ler le trafic maritime entre le d\u00e9troit de Malacca et le d\u00e9troit d\u2019Ormuz par lequel passe 60% de l\u2019\u00e9nergie import\u00e9e par la Chine si elle avait su se faire l’alli\u00e9e du Sri Lanka et des Maldives. Mais c\u2019est la Chine qui est devenue le principal partenaire du Sri Lanka dans le cadre de la modernisation de son port. Nombreux sont les Chinois qui y travaillent comme l\u2019annoncent de grands panneaux en langue chinoise.<\/p>\n\n\n\n
Evaluation qualitative : Les facteurs internes qui restreignent le potentiel d\u2019influence mondiale de l\u2019Inde<\/h4>\n\n\n\n
Si les potentialit\u00e9s de l\u2019Inde sont mondiales, elle devra maitriser des faiblesses internes qui l\u2019emp\u00eachent de jouer un r\u00f4le mondial aux c\u00f4t\u00e9s de la Chine et des Etats-Unis.<\/p>\n\n\n\n
En effet, l\u2019Inde, pays d\u00e9mocratique, est une f\u00e9d\u00e9ration dans laquelle les int\u00e9r\u00eats r\u00e9gionaux dominent, ce qui naturellement rend difficile la d\u00e9finition des int\u00e9r\u00eats nationaux et internationaux. La r\u00e9gionalisation du jeu politique est une tendance forte de la vie politique indienne qui limite consid\u00e9rablement sa capacit\u00e9 d\u2019agir \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur de ses fronti\u00e8res.<\/p>\n\n\n\n
Elle r\u00e9sulte de l\u2019origine ethnique et culturelle des populations. L’Inde en effet compte plus de 2 000 groupes ethniques, plusieurs centaines de langues appartenant \u00e0 quatre familles diff\u00e9rentes (indo-europ\u00e9ennes, dravidiennes, austro-asiatiques, tib\u00e9to-birmanes). Le nombre de partis nationaux reconnus par la Commission \u00e9lectorale (et qui ont donc pass\u00e9 la barre des 4 % des suffrages exprim\u00e9s) est tomb\u00e9 de 14 en 1952 (\u00e0 l\u2019\u00e9poque la barre \u00e9tait \u00e0 seulement 3 %) \u00e0 6 en 2004 : le Congr\u00e8s, le BJP, le Bahujan Samaj Party \u2013 qui n\u2019a pas de d\u00e9put\u00e9s en dehors de l\u2019Uttar Pradesh, le NCP \u2013 qui n\u2019existe vraiment qu\u2019au Maharashtra \u2013 et les deux partis communistes. <\/p>\n\n\n\n
En revanche, le nombre des partis r\u00e9gionaux reconnus par la Commission est, lui, pass\u00e9 de 58 \u00e0 231. Quant \u00e0 leur part de l\u2019\u00e9lectorat, elle a progress\u00e9 de 9,7 % en 1967 \u00e0 43,6 % en 1991, 51,4 % en 2004 et 52,5 % en 2009. <\/p>\n\n\n\n
Par ailleurs, l\u2019existence d\u2019une forte minorit\u00e9 de musulmans en expansion d\u00e9mographique est un facteur de tensions communautaires et du renforcement d\u2019un extr\u00e9misme hindou. Entre 2001 et 2011, la population indienne a cr\u00fb de 17,7 %, passant d\u2019un peu plus d\u2019un milliard d\u2019habitants \u00e0 1,2 milliard de personnes. Sur cette p\u00e9riode, les 966 millions d\u2019hindous recens\u00e9s en 2011 ont connu une croissance l\u00e9g\u00e8rement inf\u00e9rieure (16,8 %) \u00e0 celle de la communaut\u00e9 musulmane qui s\u2019est accrue de 24,6 %, \u00e0 172 millions d\u2019individus. C\u2019est ce diff\u00e9rentiel de croissance qui fait que la part des Hindous a l\u00e9g\u00e8rement d\u00e9clin\u00e9, passant, entre 2001 et 2011, passant en dessous de 80% (de 80,5 % \u00e0 79,8 %) de la population. Pour Surendra Jain, du Vishwa Hindu Parishad<\/em> (le Conseil mondial hindou, l\u2019une des principales composantes de l\u2019extr\u00eame-droite hindoue) : \u00ab les musulmans visent \u00e0 faire de l\u2019Inde une nation musulmane \u00bb<\/em>. Pour le BJP, les r\u00e9sultats du recensement 2011 sont la preuve que la majorit\u00e9 hindoue est en voie d\u2019\u00e9rosion : \u00ab Le fait que la population hindoue passe sous la barre des 80 % est un signal d\u2019alarme. Vous \u00eates libres de l\u2019ignorer mais cela ne changera pas cette r\u00e9alit\u00e9 : nous aurons \u00e9t\u00e9 pr\u00e9venus \u00bb, met en garde Rakesh Sinha, directeur honoraire de l\u2019India Policy Foundation<\/em>, \u00e0 New Delhi.<\/p>\n\n\n\nCes tensions sont aussi aliment\u00e9es par le sentiment de la communaut\u00e9 musulmane, d\u2019\u00eatre \u00e9cart\u00e9 de l\u2019administration (IAS) o\u00f9 les hindous sont surrepr\u00e9sent\u00e9s avec en moyenne 88 % de candidats recrut\u00e9s chaque ann\u00e9e comme le sont les minorit\u00e9s chr\u00e9tienne, sikhe et ja\u00efne. Les musulmans sont nettement sous-repr\u00e9sent\u00e9s, avec moins de 3 % de candidats recrut\u00e9s en moyenne, alors que l\u2019islam est la religion de 14 % de la population indienne. Cette sous-repr\u00e9sentation des musulmans dans l\u2019IAS s\u2019explique en partie historiquement par la partition qui a amput\u00e9 la communaut\u00e9 musulmane indienne de ses \u00e9lites parties au Pakistan.<\/p>\n\n\n\n
Une politique \u00e9trang\u00e8re au service de la croissance \u00e9conomique<\/strong><\/h4>\n\n\n\nLa crise extr\u00eamement violente du printemps 2019 avec le Pakistan et un premier ministre nationaliste pourraient faire penser que l\u2019Inde entre dans une p\u00e9riode d\u2019affirmation de puissance. Il n\u2019en est rien. Pour les ann\u00e9es \u00e0 venir, l\u2019Inde a fait de sa croissance \u00e9conomique une priorit\u00e9 nationale et donc cherche \u00e0 am\u00e9liorer ses relations avec tout le monde, Pakistan compris.<\/p>\n\n\n\n
La croissance \u00e9conomique indienne est \u00e0 80% endog\u00e8ne et est encore plus d\u00e9pendante que celle de la Chine de l\u2019importation d\u2019\u00e9nergie. En effet, la consommation d\u2019\u00e9nergie de l\u2019Inde a doubl\u00e9 depuis le d\u00e9but du XXI\u00e8me si\u00e8cle alors que la consommation par habitant reste le tiers de la moyenne mondiale et que 240 millions d\u2019indiens n\u2019ont pas encore acc\u00e8s \u00e0 l\u2019\u00e9lectricit\u00e9, c\u2019est dire si l\u2019Inde est loin d\u2019avoir atteint son pic de consommation d\u2019\u00e9nergie alors qu\u2019elle est d\u00e9j\u00e0 le troisi\u00e8me plus grand consommateur d\u2019\u00e9nergie du monde (5,5% de l\u2019\u00e9nergie primaire en 2016) et le second consommateur mondial de charbon apr\u00e8s la Chine (11% du total mondial en 2016). L\u2019Inde est aussi le troisi\u00e8me consommateur de p\u00e9trole du monde (4,6% en 2016) et a vu sa d\u00e9pendance vis-\u00e0-vis du p\u00e9trole import\u00e9 croitre de 80.6% en 2015 \u00e0 82,9% en 2017, sa consommation augmentant de 184,7 millions de tonnes \u00e0 203, millions de tonnes en 20181<\/sup>.<\/p>\n\n\n\nC\u2019est cette d\u00e9pendance qui orientera la politique \u00e9trang\u00e8re indienne dans les ann\u00e9es \u00e0 venir bien plus que son opposition au Pakistan<\/strong>. L\u2019axe majeur de sa politique \u00e9trang\u00e8re sera pour longtemps de cr\u00e9er les conditions politiques qui lui permettront de diversifier son approvisionnement \u00e9nerg\u00e9tique tout en diminuant sa d\u00e9pendance au charbon et en assurant la s\u00e9curit\u00e9 physique de ses approvisionnements. <\/p>\n\n\n\nC\u2019est pourquoi l\u2019Inde m\u00e8ne une politique d\u2019\u00e9quilibre avec les grandes puissances r\u00e9gionales. Elle ne veut envenimer ses relations ni avec le Pakistan ni avec la Chine2<\/sup> et essaie d\u2019\u00eatre le pays capable d\u2019avoir de bonnes relations avec les Etats-Unis malgr\u00e9 ses projets avec l\u2019Iran et tout en maintenant ses liens historiques avec la Russie, de s\u2019ouvrir aux investissements europ\u00e9ens.<\/p>\n\n\n\nCette politique de s\u00e9curit\u00e9 de ses approvisionnements veut la garantir aussi par une puissance militaire en d\u00e9veloppement. L\u2019Inde avec un budget de la D\u00e9fense de 70 milliards de dollars s\u2019est hiss\u00e9e au troisi\u00e8me rang mondial. Elle dispose d\u2019une arm\u00e9e de plus d\u2019un million d\u2019hommes qui se modernise. Elle est devenue le premier acheteur d\u2019armes au monde. Elle souhaite devenir aussi la premi\u00e8re puissance navale de l\u2019oc\u00e9an Indien car la voie maritime est essentielle pour ses approvisionnements \u00e9nerg\u00e9tiques et la route du p\u00e9trole du golfe Persique vers la Chine et des porte-conteneurs d\u2019Asie vers l\u2019Europe se croisent au large de ses c\u00f4tes. <\/p>\n\n\n\n